Monde – 25/11/ 2021 – energiesdelamer.eu. Alors que se tient cette semaine à Londres la 77ème réunion de son Comité de protection de l’environnement marin (« MEPC77 »), des ONG exhortent l’Organisation maritime internationale à renforcer ses objectifs de réduction d’émissions.

Plusieurs déclarations en faveur de la décarbonation du transport maritime ont été faites lors de la COP26, notamment la déclaration de Dhaka-Glasgow du Climate Vulnerable Forum, la déclaration de Clydebank pour des corridors maritimes verts, et la déclaration sur le transport maritime neutre en carbone d’ici 2050.

Au total, ce sont pas moins de 93 pays qui soutiennent l’objectif d’un transport maritime neutre en carbone à l’horizon 2050. Soit plus de la moitié des  175 membres de l’Organisation maritime internationale.

Mais, selon plusieurs ONG internationales*, l’OMI n’est à ce jour pas du tout en ligne avec ces ambitions. Elle n’a notamment pas de stratégie permettant d’envisager une réduction significative de ses émissions avant 2030, et encore moins de feuille de route compatible avec l’objectif de hausse maximale de la température à +1,5°C.

Pis, les réglementations actuelles mettraient le secteur sur une trajectoire conduisant à une hausse continue de ses émissions jusqu’en 2030, et un épuisement de son budget carbone dès 2029.

C’est pourquoi ces ONG montent au créneau et appellent l’organisation à s’engager, à diviser par deux ses émissions à l’horizon 2030, et à soutenir l’instauration d’une taxe carbone.

10% des émissions mondiales en 2050 ?

Aujourd’hui, c’est 90% du commerce international qui est transporté par mer. Plus précisément, par des cargos essentiellement alimentés à l’énergie fossile, fuel lourd en tête. Selon l’OMI elle-même, cela correspond à 3% des émissions mondiales de  CO2. Mais les chercheurs tirent la sonnette d’alarme : d’ici à 2050, cette part pourrait grimper à 10% des émissions mondiales. Et selon un rapport de l’OMI de 2020, cela pourrait représenter de 90% à 130% des émissions de 2008.

Et ce n’est pas tout : le secteur  est également responsable de 15% des émissions d’oxyde de soufre et d’oxyde nitreux, qui provoqueraient de l’asthme chez plus de 6 millions d’enfants vivant à proximité des ports, et seraient responsables de 260.000 morts prématurées chaque année.

Autre nuisance : le black carbon (ou carbone suie), une sous-famille de particules fines émises lors de la combustion de ces fuels lourds. Malgré sa faible durée de vie,  le black carbone serait responsable de 20% des émissions du secteur, notamment en raison d’un effet de forçage particulièrement important, lorsqu’il est émis à proximité de l’Arctique. Une zone dans laquelle on a observé une augmentation de 85% entre 2015 et 2019. D’où l’appel à l’adoption d’une résolution spécifique imposant l’utilisation de combustible distillé dans cette région.

Biocarburants et ammoniac de synthèse

Les demandes des ONG impliquent un effort important de la part du transport maritime. Mais selon un rapport de l’IRENA (Agence internationale des énergies renouvelables) publié en octobre dernier, les technologies actuelles ou bientôt disponibles existent pour rendre cette ambition possible.

L’agence prône bien entendu une combinaison d’efficacité énergétique et d’utilisation de carburants « verts ». Dans un premier temps, il s’agira essentiellement de biocarburants, dont les coûts devraient baisser dans les prochaines décennies et préserver les acteurs de la volatilité des carburants fossiles. Mais l’agence mise surtout dans un deuxième temps sur les carburants de synthèse à base d’hydrogène vert. Notamment sur le e-ammoniac (produit à partir d’hydrogène), dont elle évalue les volumes nécessaires au transport maritime en 2050 à 183 millions de tonnes. Soit la production mondiale actuelle d’ammoniac « gris ». Pour ce faire, l’agence préconise des actions rapides d’efficacité énergétique, l’élaboration de nouveaux modèles économiques et l’établissement de partenariats stratégiques incluant des industries énergivores, la pétrochimie et des fournisseurs d’énergie.

Mise en ligne le 24/11/2021/

POINTS DE REPÈRE

La France manque cruellement de projet recherche sur les carburants verts pour les navires tel que l’ammoniac …ITV de Jean-Philippe Chateil, Représentant de la Fédération des officiers de la marine marchande UGICT – CGT  (Fomm) réalisée lors des Assises de l’économie de la Mer à Nice le 15 septembre 2021.

de l’16/07/2021 – Pression et tour de vis de l’UE sur le secteur du transport maritime avec la modification de la directive européenne 2009/16/CE. Dans la continuité de la publication des décisions annoncées le 14 juillet 2021 par la Commission européenne, energiesdelamer.eu publie le Règlement du Parlement européen et du Conseil, relatif à l’utilisation de carburants renouvelables et à faible teneur en carbone dans le transport maritime et aérien.

21/06/2021 –  L’OMI ne trouve pas le cap pour la réduction de l’intensité carbone des navires « L’accord obtenu est en-deçà de nos attentes » déclare Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports….Une nouvelle proposition qui ne réduirait l’intensité carbone des navires que de 11 % d’ici 2026, a été proposée à la table des discussions de la session préparatoire clôturée le 28 mai, et elle l’a emporté ….


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