Bruxelles – Jeudi 27/06/2019 – energiesdelamer.eu. Karl-Heinz Lambertz, le président du Comité des régions de l’Union européenne appelle à « oser changer les règles budgétaires et comptables » pour libérer l’investissement public en Europe.

 

Avant l’intervention de Miguel Arias Cañete, Commissaire chargé de l’action pour le climat et l’énergie qui se tiendra aujourd’hui dans le cadre de la 135è Session plénière du Comité européen des Régions, sur le thème : le rôle des Régions de l’Union dans la Gouvernance à plusieurs niveaux en matière de changement climatique et de transition, Karl-Heinz Lambertz, le président du Comité des régions a tenu une conférence de presse hier, le 26 juin (au centre sur la photo). Il a notamment déclaré à cette occasion : 

 

« Nous venons d’avoir les élections européennes avec un taux de participation (51%) qui est le plus élevé depuis 1979. La grande majorité des citoyens ont voté en faveur d’une Union européenne unie. Néanmoins, le soutien aux groupes populistes et eurosceptiques a augmenté.

 

Nous sommes également à un moment où des discussions difficiles sont menées sur le choix des prochains Présidents des principales institutions de l’UE.

 

Du côté des villes et des régions, ce qui nous intéresse surtout ce sont les priorités de travail du prochain mandat. Ces priorités doivent répondre aux attentes de nos concitoyens qui tous les jours se tournent vers nous avec des questions concrètes.

Alors, comment l’UE peut-elle devenir plus crédible, responsable, démocratique et à l’écoute des besoins des citoyens ?

Les élus locaux et régionaux veulent changer l’Union et leur contribution doit être écoutée.

« L’agenda stratégique » approuvé par les dirigeants nationaux de l’UE la semaine dernière définit les priorités de l’UE pour les cinq prochaines années.

 

Les conclusions du Conseil incluent bien une référence aux acteurs locaux et régionaux[1], mais il n’y a pas eu de dialogue formel avec les régions et les villes pour discuter ou convenir des priorités. C’était plus comme si de rien n’était, au détriment du renforcement de la démocratie, de la responsabilité et de la proximité.

 

Penser que l’on peut continuer la construction européenne entre les 4 murs du Conseil européen serait une erreur.

Il y a 751 élus au Parlement européen.

Il y a environ 10.000 parlementaires nationaux.

C’est l’arbre qui cache la forêt : il y a 1 million d’élus locaux et régionaux. Il faut les associer à la construction européenne.

Les chefs d’Etat et de gouvernement devraient être bien plus attentifs aux messages des élus locaux et régionaux.

L’Europe peut- elle se passer des villes et des régions pour remplir ses objectifs climatiques ? Non.

Peut-elle rattraper son retard en investissements publics sans les villes et régions ? Non.

Peut-elle accueillir et intégrer les migrants sans les villes et régions ? Non.

Peut-elle renforcer la mobilité des étudiants sans les villes et régions ? Non.

 

L’Union a besoin de ses villes et régions.

 

Si nous prenons le changement climatique, les dirigeants européens ne parviendront pas à accepter sans équivoque une Union sans carbone (sans neutralité carbone) à l’horizon 2050, comme l’avait demandé notre Comité avant Paris en 2015. Lorsque l’UE ne répond pas à un problème d’une telle ampleur, face à cette urgence climatique, elle exacerbe la crise de confiance des citoyens. Lorsque les gouvernements nationaux se chamaillent pour montrer de réelles ambitions au niveau climatique, les régions et les villes prennent l’initiative.

 

Les populistes anti-européens disent « nous sommes proches des gens et donc nous sommes légitimes pour détruire l’Europe ». Au nom de la proximité, ils attaquent l’état de droit. Nous, nous disons « nous sommes au plus près des préoccupations des Européens, écoutez-nous, travaillez avec nous pour bâtir l’Europe de demain ». 

 

Le premier message, c’est donc de travailler ensemble. L’Europe, ça n’est pas une lutte de souveraineté entre les institutions européennes et les Etats membres. Si on veut refonder l’Union européenne, il faut le faire aussi depuis le terrain avec les élus locaux et régionaux.

 

Travailler autrement, c’est aussi renforcer la base démocratique de l’Union. En impliquant véritablement les citoyens.

 

Il y quelques mois, tout le monde parlait de consulter les Européens. Partout, on a organisé des débats. Les élections européennes sont passées, les consultations aussi manifestement. Moi je dis : chargez les élus locaux et régionaux de faire une consultation permanente pour améliorer le fonctionnement de l’Union. Travaillons avec les Européens, et pas uniquement quand il y a des élections.

 

 

Laissez-nous investir dans nos logements, dans nos routes, nos écoles !

 

Bien sûr le budget européen est un enjeu majeur. Il doit continuer à soutenir le développement de nos villes et régions. Car des villes et régions qui vont mieux, c’est une Europe qui va mieux. C’est pour cela qu’il faut garder une politique de cohésion forte [Éventuellement:] prochain MFF à 1,3%, ce qui reste bien dérisoire pour 500 millions d’habitants.

Mais l’argent ne suffit pas. Il faut oser changer les règles budgétaires et comptables pour libérer l’investissement public notamment dans nos villes et régions. L’idée n’est pas d’enfreindre les règles communes. L’objectif, c’est d’avoir de bonnes règles. Bonnes économiquement, et justes socialement. Nous verrons si la prochaine Commission aura le courage de revoir en profondeur ces règles ou, à tout le moins, de donner aux villes et régions une véritable flexibilité dans leur mise en œuvre.

 

Photo : Karl-Heinz Lambertz au centre sur la photo lors de la conférence de presse du 26/06/2019. 

 

Ce jeudi, avant l’intervention du commissaire européen Miguel Arias Cañete, devant les élus du Comité des régions réunis depuis hier pour leur 135ème session qui se tient au Parlement européen, Christophe Clergeau proposera un projet d’avis pour « Un nouveau programme européen pour accélérer le développement des industries maritimes » (la version définitive qui sera adpotée sera mise en ligne la semaine prochaine).

 

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[1] « Institutions and Member States must work side by side and use their considerable resources in a joint endeavour. The talents of regional and local actors should be harnessed for the benefit of the overall effort. » 


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