POLYNESIE FRANÇAISE – 11/03/2008 – La question se pose précisément au moment où certains se demandent aux Etats Unis si l’exploitation de l’énergie des courants par hydroliennes sera un jour rentable. Les coûts de production du Megawatt /Heure avancés par l’américain Tacoma Power (repris par le Everett, Washington Herald.net du 03/03/2008) variant de 170 à 230 dollars ne laissent pas présager, de l’aveu même des spécialistes, une rentabilité avant une dizaine d’années. Mais par quel miracle donc, une électricité produite par les courants marins qui ne serait pas rentable aux Etats-Unis le deviendrait en Polynésie Française ? Aucun miracle, mais au moins deux bonnes raisons ! La première étant que l’électricité (comme l’eau potable d’ailleurs) produite sur les atolls polynésiens est déjà extrêmement chère et ne pas va pas cesser de l’être, puisque produite par des groupes électrogènes fonctionnant au gasoil. Inutile d’expliciter avec un baril à 108 dollars (aujourd’hui !). La seconde raison tient à la force exceptionnelle des courants dans cette région du monde. En effet, les « courants à la passe » en Polynésie Française sont parmi les plus puissants du globe, voir même à certains endroits les plus puissants, constituant ainsi des centrales électriques virtuelles de centaines de mégawatts qui ne demandent qu’à recevoir des hydroliennes et à commencer de fonctionner. Patrick Lott sur son site Tahiti Marine Energy, signale quelques uns de ces sites remarquables. Ainsi l’atoll de Hao dont l’eau sort par une passe (la plus dangereuse de Polynésie) avec un courant minimum à 20 noeuds, soit deux fois plus que ce qui est observé à la pointe du Cotentin, par exemple. Deux fois plus de courant implique huit fois plus de puissance disponible pour une hydrolienne ! Ainsi encore le lagon de Rangiroa, le plus grand atoll après celui de Nouvelle Calédonie. En tout plus de 100 atolls présentent les caractéristiques idéales requises pour recevoir des installations hydroliennes sans autre investissement que celui de l’achat, de l’installation et du raccordement (court) des turbines. Rien de comparable avec les dizaines de milliards de livres et de dollars investis en ce moment même par britanniques et américains sur leurs territoires maritimes respectifs. La Polynésie Française possède donc des conditions hydrologiques uniques, des puissances impossibles à trouver en eau libre ailleurs dans le monde. Ce » phénomène naturel en mer » exceptionnel tient au prisme de marée (très important malgré un faible étiage), à la dépression Venturi naturelle qui se forme à la passe et à ce qui est appelé « l’ensachage lagonnaire » à savoir le remplissage du lagon par le récif frangeant, remplissage qui se produit d’autant plus que les conditions météos sont mauvaises et quel que soit le niveau de la marée. Produite par des courants plus puissants, il y a donc toutes les chances que cette électricité finissent par coûter réellement moins cher. Certes cette situation est spécifique à la Polynésie Française, mais des situations similaires se rencontrent ailleurs en Océanie, dans les îles de l’Océan Indien (Ile de La Réunion) ou en Nouvelle Calédonie. Ces conditions ne se rencontreront, par contre, jamais en France métropolitaine du fait de la double contrainte de courants pas assez puissants et du prix du Kw/h nucléaire qui rend caduque tout projet d’ énergies Renouvelables de ce type. La Polynésie Française saura t-elle tirer profit de sa situation hydraulique exceptionnelle ? C’est une question à laquelle, il se serait souhaitable de ne pas trop mettre de temps à répondre ….
Article : Francis Rousseau
Sources : Offshore Renawable Energy Law Blog 04/03 ; Everett, Whashington Herald.net 04/03 ; Tacoma Power ; Tahiti Marine Energy.
Photos 1. La passe d’Avatoru de l’Atoll de Rangiroa / 2. Carte de la passe de l’atoll de Hao / 3. Transport d’une turbine hydrolienne ©Clean Current Power Systems


Publicités Google :