France – 14/11/2024 – energiesdelamer.eu.
La directrice générale de Vattenfaal Eolien souligne la place croissante des femmes dans l’éolien en mer – et particulièrement au sein de son entreprise.
Elle rappelle que la filière sera amenée à recruter massivement dans les prochaines années. Et elle plaide pour une mobilisation des entreprises afin de convaincre les jeunes filles, dès le collège et le lycée, de s’intéresser à ce secteur.
Quelle place occupent les femmes dans le secteur de l’éolien en mer ?
Depuis une vingtaine d’années, elles y occupent une place croissante, à tous les niveaux – y compris les postes d’encadrement. En France, selon le dernier rapport de l’Observatoire des énergies marines paru cette année, on compte 32 % de femmes sur les projets éoliens en mer existant ou en développement chez les énergéticiens, et 23 % parmi les prestataires et les fournisseurs qui constituent la chaîne de valeur du secteur. Nous sommes encore loin de la parité, mais nous progressons !
A quoi tient cette évolution ?
D’abord, la thématique des énergies renouvelables et du maritime parle aux femmes. Elles sont très tournées vers le collectif et le bien commun, elles sont sensibles aux questions d’environnement et de développement durable. Dans ce secteur jeune et innovant, elles ont le sentiment d’être attendues et bien accueillies. Ajoutons que la contribution des femmes à l’entreprise est bénéfique : elles apportent souvent un autre point de vue et une autre façon de travailler, elles sont davantage dans la coopération que dans la compétition. On peut parler de « coopétition » ! Et plus elles sont nombreuses, plus elles se cooptent : cela crée une sorte d’effet boule de neige.
De leur côté, les entreprises ont souvent du mal à recruter – dans l’éolien offshore comme dans de nombreux autres secteurs. Or les femmes représentent un important vivier de compétences… Les obligations en termes d’équité et de RSE (notamment lors des appels d’offres pour les parcs éoliens en mer), tout comme le souci d’améliorer leur marque employeur en misant sur la parité et la diversité, incitent aussi les recruteurs à féminiser les effectifs.
De façon générale, quelles sont les perspectives d’emploi pour les femmes dans l’éolien offshore ?
Le Pacte éolien en mer, conclu entre la filière et l’Etat en mars 2023, prévoit la création de 20.000 emplois nouveaux à l’horizon 2035, en contrepartie de l’atteinte d’un objectif de 18 GW de capacités installées à cette échéance. Une partie significative de ces emplois pourrait être occupée par des femmes. La confirmation récente par le gouvernement, dans le cadre de la publication de la planification spatiale maritime, du lancement prochain d’un appel d’offres de près de 10 GW en 2025 va dans le même sens. Les femmes auront un rôle clé à jouer dans l’essor de l’éolien en mer, c’est une certitude.
Quels niveaux de qualification les entreprises attendent-elles ? Pour quels métiers ?
La filière recrute des femmes à tous les niveaux, du CAP au bac + 5, et pour des métiers extrêmement variés. Les femmes se dirigent souvent vers le droit, la biologie, l’écologie, les ressources humaines, la RSE, la communication, le back-office… Mais bien d’autres métiers, souvent passionnants, leur sont accessibles. Elles sont en revanche encore peu nombreuses à bord des navires ou dans la maintenance – alors que cette activité offre des métiers très intéressants.
« En réalité, dans l’éolien en mer, il n’y a pas vraiment de limite pour les femmes ! »
Tous les métiers de l’éolien en mer sont-ils accessibles aux femmes ? Ou certains d’entre eux sont-ils encore réservés aux hommes ?
Bien sûr, les métiers qui réclament de la force physique sont plus difficiles d’accès pour les femmes. Mais ces métiers sont de moins en moins nombreux. Pour la manutention, par exemple, les conditions de travail ont beaucoup évolué. Il existe
désormais de nombreux dispositifs techniques qui permettent de se passer de la force physique. En réalité, dans l’éolien en mer, il n’y a pas vraiment de limite pour les femmes !
Sur ces différents sujets, où en est Vattenfall ? Quels profils recherchez-vous ? Quels sont vos objectifs de recrutement ?
Chez Vattenfall, nous sommes très engagés en faveur de l’égalité hommes-femmes – tant en matière de leadership que d’opportunités de carrière ou de rémunération. Et nous nous attachons à promouvoir la diversité dans toutes nos activités, partout où nous sommes présents. Nous sommes notamment signataires depuis 2018 de l’initiative internationale «Equal by 30», aux côtés de 13 gouvernements et plus de 130 organisations. Et cette année, nous sommes partenaires du cercle de réflexion et d’action « Agir pour l’égalité » du magazine Marie-Claire : nous y partageons notre retour d’expérience en la matière, et nous y découvrons des bonnes pratiques dont nous pourrions nous inspirer. Sans compter qu’un des thèmes de réflexion, cette année, porte sur les moyens de favoriser l’accès des femmes aux carrières techniques – notamment dans l’énergie.
Dans votre entreprise, comment cet engagement se traduit-il ?
Depuis plusieurs années, nous avons par exemple augmenté la part des femmes qui occupent des postes à responsabilités. Entre 2018 et aujourd’hui, le pourcentage de femmes managers dans le groupe est passé de 24 % à 32 %. Et au sein de la direction de Vattenfall, depuis la filiale française jusqu’à la tête du groupe, les quatre postes clés sont tous occupés par des femmes.
Prévoyez-vous de recruter ?
Nous sommes un des leaders européens de l’éolien en mer, avec 14 parcs en activité dans 5 pays. En France, avec notre partenaire la banque des Territoires, nous sommes candidats préqualifiés à l’appel d’offres dit « AO8 », pour la zone Centre Manche 2. Si nous remportons ce projet, nous serons forcément amenés à recruter – si possible autant de femmes que d’hommes.
Comment convaincre les jeunes filles, dès le collège ou le lycée, de s’orienter vers les métiers de l’éolien en mer ?
Il faut agir dès le lycée ou le collège, car c’est à ce moment-là que s’effectuent les premiers choix de filière. Pour cela, il faut aller dans les établissements. C’est ce que nous faisons : depuis plus de trois ans, en Normandie, nous participons à des événements locaux liés à l’orientation des jeunes ou à la découverte des métiers. Nous essayons de sensibiliser les jeunes filles – y compris à des métiers techniques comme la fonderie. Nous rencontrons aussi les professeurs.
Pour être prêts en 2035, nous devons nous préparer dès maintenant. Il faut ouvrir des formations, et convaincre les jeunes filles de s’engager dans ces cursus. Mais outre la
formation initiale, il y aura aussi des reconversions possibles. Beaucoup de métiers des différents secteurs peuvent être transposés pour passer à l’éolien – en particulier ceux de l’oil & gas, de la mécanique, de la construction… Des formations continues peuvent y aider.
Quel message adresseriez-vous à des jeunes filles ou à des étudiantes qui hésitent sur leur future carrière ?
Avant tout, il faut qu’elles soient prêtes à saisir toutes les opportunités. Elles ne doivent surtout pas se fixer d’a priori, ni se limiter dans leurs ambitions ou leurs projets. Qu’elles aillent échanger avec des femmes en activité, notamment dans l’éolien en mer : beaucoup d’entre elles sont prêtes à les conseiller et à les aider. Dans les énergies marines et dans l’industrie en général, il y a de plus en plus de place pour les femmes.
Propos recueillis par J.-C. L.
* D’origine anglo-saxonne, contraction de « coopération » et « compétition » dont le principe a été popularisé en 1996 par deux auteurs américains, Barry Nalebuff et Adam Brandenburger. Leur ouvrage, La Co-opétition : Une révolution dans la manière de jouer concurrence et coopération, démontre qu’il est préférable et plus rentable pour des concurrents de travailler ensemble plutôt que d’entrer en conflit.
** Vattenfall est signataire de l’initiative Equal by 30 depuis 2018, aux côtés de 13 gouvernements et de plus de 130 organisations du monde entier. L’engagement Equal by 30 contribue également à l’objectif de développement durable des Nations Unies relatif à l’égalité des sexes (ODD 5). source Vattenfall – février 2024.
L’interview de Florence Simonet fait partie de la série d’entretiens « Femmes dans le Vent »
POINTS DE REPÈRE
Vattenfall Eolien, en France, est membre du Business Directory. Vattenfall est soutien financier des Assises de l’économie de la mer 2024 qui se tiennent à Bordeaux.
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