France – 25/09/2024 – energiesdelamer.eu. Partie 1

Energies renouvelables, accueil de nouvelles industries, décarbonation, mobilités douces, aménagement urbain… Le président du directoire de Dunkerque-Port expose les multiples facettes et les enjeux du grand chantier en cours sur le site.

Dunkerque accueille depuis le 24 septembre les 14èmes assises de « Port du Futur » co-organisées avec le CEREMA. Cela signifie-t-il que Dunkerque est déjà un port du futur ?

Comme tous les ports français, nous avons l’ambition de préparer l’avenir. Cet avenir appartient aux ports qui seront devenus de véritables hubs énergétiques, qui auront décarboné leurs activités, qui concentreront l’ensemble des mobilités maritimes et terrestres, qui seront économes en foncier, respectueux de l’environnement et intégrés à la ville. Toutes ces transformations sont en cours ici. L’essor économique et industriel du port s’accompagne d’un développement social et même touristique.

 A quoi attribuer cette dynamique au sein de la Communauté de 17 communes du Dunkerquois ?

Dès sa création sous sa forme actuelle d’établissement public, en 1966, Dunkerque a bénéficié d’une forte synergie entre l’État et l’ensemble de son territoire, afin de constituer un ensemble moderne, reposant à la fois sur le portuaire et l’industrie. Tout le monde a poussé dans le même sens. Cet effort commun s’est traduit notamment par d’importantes acquisitions foncières et des aménagements d’envergure, comme la construction de la digue du Braek pour protéger le port industriel en développement.

Le foncier est en effet un élément clé d’un grand port…

Le port de 1966 occupe 17 km2 de surface maritime et 7.000 hectares de foncier en pleine propriété. Il est séparé en deux grands bassins : l’un à l’Est, axé sur l’industrie (pétrole et pétrochimie, notamment) et les activités traditionnelles ; et le bassin Ouest, en plein développement. Il abrite aujourd’hui le terminal conteneurs et un terminal roulier vers la Grande-Bretagne, ainsi qu’un un terminal vraquier et un terminal méthanier. Le projet Cap 2020 prévoit d’accroître la capacité d’accueil à pleine charge et sans aucune contrainte de marée, des navires porte-conteneurs de dernière génération.

Le développement portuaire, logistique et industriel est le fruit d’une étroite coopération entre l’État, la Communauté urbaine et l’ensemble des acteurs économiques. Cette ambition est complétée par une ambition portuaire, multimodale et logistique partagée avec tous les acteurs de la région Hauts-de-France, et en particulier les ports de Boulogne-Calais et les ports intérieurs de la région, nos partenaires au sein de l’association Norlink. Il y a une volonté de voir plus grand, de la frontière belge jusqu’à la Grande-Synthe et au Pas-de-Calais.

La décarbonation est devenue une priorité pour les ports. Comment l’envisagez-vous ?

Nous abordons cette démarche de manière concertée et globale. L’ensemble du territoire industrialo-portuaire de Dunkerque est mobilisé pour réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre. Les initiatives visant la neutralité carbone s’étendent à la fois à l’écosystème industriel et à l’organisation des transports maritimes et terrestres. Dunkerque-Port est membre du Groupement d’Intérêt Public EcosystèmeD, créé à l’initiative de la Communauté urbaine de Dunkerque. Cette structure territoriale rassemble les acteurs privés et publics autour de la promotion de modes de production plus durables, de l’instauration de boucles d’économie circulaire et du développement des énergies renouvelables.

L’énergie décarbonée – nucléaire, éolien en mer, hydrogène, GNL – favorise-t-elle l’innovation sur le site de Dunkerque ?

Sans aucun doute. Nous avons par exemple été les premiers à installer un système de branchement électrique des navires à quai, au terminal à conteneurs. Nous avons encore du chemin à parcourir pour atteindre les objectifs fixés par la directive européenne Fit for 55 (2). Nous accompagnons le projet de la compagnie maritime danoise DFDS (3), qui prévoit d’électrifier sa flotte transmanche, en lien avec les ports du Détroit (Boulogne-Calais, Douvres, Dunkerque). Au-delà de l’infrastructure, il nous faudra apporter la puissance électrique nécessaire, soit 20 ou 30 MW, à la recharge des batteries des ferries.

Quelle place prévoyez-vous pour l’hydrogène vert ? Comment assurer la transition vers cette source d’énergie ?

L’hydrogène vert jouera un rôle crucial dans le projet majeur de décarbonation du complexe sidérurgique du Groupe ArcelorMittal à Dunkerque. La révolution technologique qui permettra de remplacer le charbon dans le processus industriel de production d’acier exigera la mise à disposition de nouvelles sources d’énergie, d’abord avec l’électricité de grande puissance et le gaz naturel, puis avec l’hydrogène dans une phase ultérieure. H2V, l’un des principaux acteurs français de l’hydrogène, a déjà son permis de construire pour réaliser une unité de production massive d’hydrogène vert sur le domaine portuaire.

Comment s’organise la production d’électricité ?

En tant que port aménageur, nous accompagnons nos clients dans leur projet d’installation. C’est le cas d’EDF pour l’implantation des futurs réacteurs nucléaires EPR et l’atterrage du champ éolien offshore (1) d’EDF Renouvelables, et de RTE pour les nouveaux réseaux de distribution électrique de grande puissance. Nous agissons aussi comme redistributeur pour certains clients : nous avons ainsi investi avec Enedis, RTE et la Communauté urbaine dans des postes de transformation qui permettent aux industriels d’avoir rapidement de l’électricité disponible. Par ailleurs, nous promouvons le photovoltaïque, notamment sur les toitures des usines ou des entrepôts.

Suite partie 2

 

Propos recueillis par Brigitte Bornemann et Jean-Claude Lewandowski

 

 

Au sommaire de MerVeille Energie #14, trimestriel d’energiesdelamer.eu

Dossier :

Littoral et ports : en route vers de nouveaux horizons avec Jean-Marc Joan (ULCO) : la question du foncier, interview : Julia Jourdan (Cerema), Dunkerque, laboratoire de portée nationale : Une énergie toujours plus décarbonnée, entretien : Maurice Georges (Dunkerque Port), la gestion de l’eau, un autre défi pour les ports, les élus face à la montée des eaux…

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POINTS DE REPÈRE

Maurice Georges (Dunkerque Port) : « Nous agissons aussi comme redistributeur pour certains clients » – 2

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