France – 13/10/2021 – energiesdelamer.eu.  En présentant hier, le plan d’investissement « France 2030 », Emmanuel Macron a déclaré en s’adressant à environ 200 chefs d’entreprise et étudiants à l’Élysée : « Nous devons augmenter la capacité de l’économie française à croître par l’innovation », notamment pour continuer à « financer notre modèle social ».

Un plan d’investissement de 30 milliards d’euros, baptisé « France 2030 ».

Conçu comme le « dernier étage de la fusée » de la politique économique française post-Covid, le Président de la République se donne un objectif : aider la France à répondre aux défis de demain et lui redonner une place économique de premier plan, en donnant naissance aux champions industrielles responsables de demain.

« Parce que nous avons pris des décisions parfois 15 à 20 ans après certains de nos voisins européens, nous ne rattraperons pas notre retard ou, surtout, nous nous laisserons distancer dans les 10, 15 ans qui viennent »,

 La France : « redevenir une nation d’innovation et de recherche »

Parmi les pistes pour réinvestir les territoires et atteindre des objectifs d’ici la fin de la décennie, le Plan « France 2030 » propose 10 actions avec le nucléaire, la décarbonation de l’industrie, l’avion bas carbone, l’agriculture, la mobilité, la santé, l’espace … et les grands fonds marins

 « Le premier sujet, c’est la production de l’énergie. » D’ici 2030, le Président de la République a annoncé l’investissement d’un milliard d’euros alloués à la sûreté du nucléaire et à la réduction des déchets. Il souhaite également la création de réacteurs de petite taille, les SMR (« small modular reactors »),  « beaucoup plus modulaires et beaucoup plus sûrs », a-t-il assuré, précisant qu' »améliorer toujours la sureté en baissant les coûts » restait une priorité, « avec une gestion innovante des déchets »….

Exploration de l’espace et des fonds marins et un soutien à hauteur de deux milliards d’euros pour les deux secteurs

Ce sont deux sujets qui ont « toujours tiré les grandes innovations ». Il faut « prendre toute notre part dans la nouvelle conquête spatiale » . Le monde spatial avait l’habitude d’être oligopolistique, détenu par une poignée d’acteurs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Les grands fonds marins

Cette exploration est “un levier extraordinaire de compréhension du vivant, d’accès à certains métaux rares, de compréhension du fonctionnement de nouveaux écosystèmes d’innovation”, notamment en terme de santé, a expliqué le chef de l’Etat, en précisant qu’il parlait d’”exploration” et non “d’exploitation”, annonce qui devrait rassurer en partie les ONG, qui, notamment lors du congrès mondial de la biodiversité de l’UICN à Marseille. En effet, en septembre une demande de moratoire de l’UICN avait été annoncée. L’UICN appelait tous les États Membres, individuellement et par le biais des forums internationaux pertinents, à soutenir et mettre en œuvre un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins, la délivrance de nouveaux contrats d’exploitation et de nouveaux contrats d’exploration, et l’adoption de réglementations relatives à l’exploitation minière des fonds marins pour l’exploitation, y compris les réglementations sur l’exploitation par l’Autorité internationale des fonds marins (ISA) à moins que et jusqu’à ce que, des évaluations d’impact rigoureuses et transparentes aient été menées, les risques environnementaux, sociaux, culturels et économiques de l’exploitation minière des grands fonds marins aient été exhaustivement compris, et la protection efficace du milieu marin soit garantie…

Le Président de la République apporte aussi un appui déterminant à un dossier engagé en France depuis de nombreuses années, en particulier par le Cluster Maritime Français. Les grands fonds marins avaient fait en janvier 2021, l’objet d’un des 4 axes prioritaires du CIMer (Ndrl. relire l’enquête menée par energiesdelamer.eu avec l’interview de dix scientifiques et responsables d’entreprises impliqués des les grands fonds marins après la présentation du compte rendu du rapport de Jean-Louis Levet et l’interview de Denis Robin secrétaire général à la Mer).

« La France est la deuxième puissance maritime du monde, a rappelé Emmanuel Macron.

Il y a des innovations de rupture à conduire […] je ne parle pas d’exploitation, je parle d’exploration.

Mais qui peut accepter que nous laissions dans l’inconnue la plus complète une part si importante du globe ? » Selon lui, c’est « un levier de compréhension du vivant, peut-être de l’accès à certains métaux rares » mais aussi à des « innovations en termes de santé ou de biomimétisme ». 

Alors que des grands pays industriels tels que les Etats-Unis, le Canada, la Chine, le Japon, la Corée du Sud s’apprêtent à se lancer dans l’exploitation industrielle des océans, Emmanuel Macron, souhaite que la France soit actrice de la recherche dans les grands fonds marins .

L’exploration des fonds marins est « un levier extraordinaire de compréhension du vivant, d’accès à certains métaux rares, de compréhension du fonctionnement de nouveaux écosystèmes d’innovation », notamment en terme de santé, a expliqué le chef de l’Etat devant quelque 200 chefs d’entreprise et d’étudiants à l’Elysée.

Les fonds marins, entre 4.000 et 6.000 mètres de profondeur, suscitent une convoitise de plus en plus grande car certains contiennent des métaux sous plusieurs formes, dont des nodules polymétalliques.

Ces petits cailloux sont riches notamment en manganèse, cobalt ou nickel, très demandés car utilisés dans les batteries de véhicules électriques. Leur exploitation reste toutefois plus coûteuse que celle des mines terrestres. Mais en 2030, les énormes besoins en matières premières de la transition énergétique pourraient changer la donne.

Emmanuel Macron a rappelé que la France avait un rôle important à jouer car elle possède, grâce à l’outre-mer, le deuxième espace maritime au monde après les Etats-Unis. Les fonds marins de Wallis et Futuna et surtout de l’île de française de Clipperton, au large du Mexique, regorgeraient de nodules polymétalliques.

Quelque deux milliards d’euros, sur cinq ans, seront consacrés dans le cadre de « France 2030 » à l’exploration des fonds sous-marins mais aussi à l’espace.

« J’entends déjà le débat à venir: je ne parle pas d’exploitation, je parle d’exploration », a fait valoir Emmanuel Macron.

« Mais l’exploration pourrait bientôt ouvrir la voie à l’exploitation », avait mis en garde l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont fait partie la France.

Ce texte demande que ce moratoire soit en place jusqu’à ce que « des évaluations d’impact rigoureuses et transparentes aient été menées » et que « la protection efficace du milieu marin soit garantie ».

Des instituts de recherche comme l’Ifremer en France ou des entreprises privées mènent des opérations d’exploration, à condition d’être parrainés par un pays.

Des ONG  appellent à mieux recycler les métaux pour répondre à la demande croissante, mais le recyclage est aussi une source potentielle de pollution par l’utilisation d’acide sulfurique et de cyanure même sans rejets dans l’environnement.

Des entreprises importantes, BMW, Google, Samsung SDI ou encore Volvo, se sont provisoirement engagées à « ne pas utiliser des minéraux issus des eaux profondes ou à financer l’exploitation minière en eaux profondes » tant que les scientifiques n’en auront pas mesuré clairement les conséquence

UICN moratoire Dernière version présentée à la Plénière de l’UICN | Publiée le : 07 Sep 2021

POINTS DE REPÈRE

18/01/2021 – La France sera-t-elle à la hauteur des enjeux pour l’exploration et l’exploitation des grands fonds ? ITV de Francis Vallat, président d’honneur du Cluster Maritime français et président du groupe de travail GFM.

15/01/2021 –  Synthèse du rapport Jean-Louis Levet – SGMer – Stratégie nationale d’exploration et d’exploitation des ressources minérales dans les grands fonds marins : Bilan et orientations : une nouvelle dynamique ? 2020 ICI.

 

17/07/2021 – Connaissez-vous la République de Nauru ? Plongée en eau profonde, où, en 2021, un espoir semble apparaître avec les grands fonds marins pour la plus petite République du monde !

Histoires de l’été : L’exploration et l’exploitation des grands fonds marins à Nauru


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