France – 25/04/2025 – energiesdelamer.eu. Jeune Marine, Marine&Océans.

L’Association Nationale des Élus des Littoraux (ANEL) présidée par Yannick Moreau et le Cluster Maritime Français présidée par Nathalie Mercier-Perrin réagissent à propos d’une situation préoccupante pour le Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CNPMEM)* Olivier Le Nézet.
Récemment, des pêcheurs français opérant notamment des chalutiers ont été exposés à une mise en cause médiatique négative à la suite de leur inclusion dans une prétendue « liste rouge » de navires qualifiés de destructeurs et ciblés pour un boycott de leur production.

Cette situation est particulièrement regrettable car elle affecte injustement des professionnels dans la dignité de leur travail quotidien et dans leur environnement social. De telles méthodes ne favorisent pas l’établissement d’un dialogue constructif pour la protection des océans, dont tous les acteurs de l’économie bleue dépendent. Par ailleurs, cibler ainsi l’une des pêches les plus encadrées et responsables au niveau international soulève des questions légitimes quant à la préservation de notre souveraineté alimentaire.

Les pêcheurs français : piliers de notre souveraineté alimentaire

Les pêcheurs français constituent un maillon essentiel de notre écosystème économique et pour notre souveraineté alimentaire, garantissant l’approvisionnement en produits de la mer frais et de qualité pour l’ensemble de nos concitoyens. La France possède le deuxième espace maritime mondial avec 11 millions de kilomètres carrés de zones sous juridiction française, une richesse exceptionnelle qui nous confère des responsabilités importantes en matière de gestion durable des ressources.

Nos pêcheurs sont les gardiens vigilants de ce patrimoine maritime, assurant une présence régulière sur ces vastes étendues et contribuant activement à la surveillance des activités qui s’y déroulent.

Malgré cette immense zone maritime, la production de la pêche française reste mesurée et responsable, estimée à environ 535 000 tonnes par an, témoignant d’une approche raisonnée de l’exploitation des ressources marines. Ce chiffre contraste fortement avec d’autres nations comme la Chine, dont la production atteint 11,8 millions de tonnes sur l’année 2022 selon la FAO.

Un contexte difficile pour la filière pêche française et les territoires littoraux

Le secteur de la pêche française fait face à des défis majeurs qui fragilisent notre capacité de production nationale : les conséquences du Brexit, les plans de sortie de flotte et les arrêts temporaires d’activité constituent autant d’obstacles qui pèsent sur une balance commerciale déjà déficitaire.

Pour les élus des territoires littoraux, ces difficultés se traduisent par des enjeux socio-économiques considérables : risque de dévitalisation des ports, menaces sur l’emploi local, diminution de l’attractivité touristique liée à l’authenticité des ports de pêche, et perte d’un patrimoine culturel irremplaçable. Fragiliser la situation des marins-pêcheurs, c’est fragiliser une filière entière où un emploi en mer génère entre 4 et 5 emplois à terre.

En outre, la pêche n’est pas qu’une activité économique, elle est l’âme de nombreuses communes littorales dont elle forge l’identité depuis des générations.

Face à ces contraintes, il apparaît plus que jamais nécessaire de valoriser et soutenir nos pêcheurs pour préserver notre autonomie alimentaire dans le domaine des produits de la mer. Ce soutien représente également une reconnaissance légitime envers ces femmes et ces hommes qui, par leur travail quotidien, contribuent à nourrir la Nation.

Des remises en cause préoccupantes basées sur des fondements contestables

Les critiques récemment formulées à l’encontre de certains navires de pêche français soulèvent des préoccupations quant à leur base scientifique et juridique. Ces démarches, qui peuvent s’apparenter à une forme de lynchage médiatique, ne contribuent pas à un débat constructif sur l’avenir de la pêche et la protection des océans.

Il est important de souligner que les données utilisées pour étayer certaines de ces accusations présentent des limites méthodologiques importantes qui ont été identifiées par la communauté scientifique. De plus, l’inclusion dans ces listes contestées de navires qui ne sont ni des chalutiers, ni même des navires de pêche, révèle un manque de rigueur technique qui fragilise la crédibilité de telles initiatives.

Une pêche française règlementée et engagée dans la transition énergétique

La pêche française figure parmi les plus encadrées au monde. Les pêcheurs exercent leur activité dans le strict respect des réglementations en vigueur, notamment dans les Aires Marines Protégées (AMP) qui se déclinent en 11 catégories différentes, chacune adaptée à des enjeux locaux spécifiques.

La filière est engagée depuis plus de 30 ans dans une démarche continue d’amélioration de ses pratiques, conciliant préservation des ressources halieutiques et maintien d’une activité économique vitale pour nos territoires littoraux. Les résultats de cet engagement sont tangibles : le secteur a déjà réduit de 52% ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990.

De plus, la réglementation européenne a déjà interdit certaines pratiques lorsque l’impact environnemental le justifiait. Depuis 2016, par exemple, la pêche en eau profonde est interdite au-delà de 800 mètres dans les eaux communautaires de l’Atlantique Nord-Est.

Pour une approche collaborative de la protection des océans

La protection efficace des océans nécessite une approche nuancée, fondée sur des données scientifiques robustes et élaborée en concertation avec l’ensemble des parties prenantes. La suppression des spécificités locales au profit d’une analyse globale accroît les incertitudes et peut nuire aux efforts de conservation.

Le recours à des méthodes de stigmatisation médiatique ne permet pas de construire les progrès nécessaires dans la protection des océans dont tous les acteurs de l’économie bleue dépendent. Seul un dialogue respectueux et informé, impliquant l’ensemble des parties concernées, peut conduire à des avancées durables en matière de protection environnementale.

Le Cluster Maritime Français est convaincu que c’est en accompagnant les filières françaises dans leur transition écologique et énergétique, sur la base de données scientifiques fiables et d’un dialogue constructif, que nous pourrons concilier efficacement protection des océans, souveraineté alimentaire et préservation d’un patrimoine culturel et économique essentiel pour nos territoires littoraux.

Préserver notre modèle de pêche diversifiée et notre souveraineté alimentaire

La force de la filière pêche française réside précisément dans la diversité de ses pratiques, adaptées aux spécificités des territoires maritimes. Cette diversité est une richesse qu’il convient de préserver.

Remettre en cause l’une des pêches les plus encadrées et responsables au niveau international, comme le font certaines initiatives récentes, soulève des questions importantes quant à la préservation de notre souveraineté alimentaire. Réduire drastiquement l’activité de pêche française conduirait inévitablement à une dépendance accrue aux importations de produits de la mer, souvent pêchés dans des conditions moins respectueuses de l’environnement et des normes sociales.

Les élus des littoraux sont particulièrement attentifs aux conséquences sociales et économiques de telles évolutions. L’ANEL souligne l’importance de maintenir un équilibre entre préservation de l’environnement et maintien des activités économiques traditionnelles qui font vivre les territoires. La disparition progressive de la pêche française aurait des répercussions dévastatrices sur de nombreuses communes littorales déjà fragilisées par diverses pressions : érosion côtière, spéculation immobilière, transition énergétique, etc.

Pour toutes ces raisons, l’ANEL renouvelle sa proposition de placer la pêche au rang d’« intérêt fondamental de la Nation », afin que l’activité des marins-pêcheurs français soient pleinement respectée et que leur action en faveur de la souveraineté alimentaire de notre pays soit mieux prise en compte et protégée.

Une approche permettant de concilier transition écologique et préservation des activités économiques littorales est non seulement possible mais nécessaire. Elle passe par l’accompagnement des filières dans leur évolution plutôt que par leur stigmatisation.

Le Cluster Maritime Français et l’Association Nationale des Élus des Littoraux appellent donc à privilégier une démarche collaborative associant tous les acteurs concernés, seule à même de permettre une protection efficace et durable de nos océans tout en garantissant notre souveraineté alimentaire et la vitalité de nos territoires côtiers. C’est par le dialogue constructif et le respect mutuel, et non par la violence des procédés de stigmatisation médiatique, que nous pourrons collectivement relever les défis de la préservation des océans et des ressources halieutiques.

 


Remerciements à © Ewan Lebourdais, photographe de mer et peintre officiel de la Marine qui expose jusqu’au 5 mail au musée national de la Marine à Paris-Trocadéro.
L’exposition « Titans des mers » présente une vingtaine de photographies d’Ewan Lebourdais, à qui Naval Group a laissé carte blanche dans ses chantiers, à bord des navires et des sous-marins. L’exposition est produite par Naval Group en partenariat avec le musée national de la Marine. Conférence le lundi 28 avril de 19h à 20h aumusée de la Marine.


En février dernier, la filière pêche française s’est dotée d’un Contrat Stratégique de Filière et attend désormais des garanties de l’État

Communiqué de presse, Paris, le 22 février 2024 – La pêche française franchit aujourd’hui une étape clé avec la signature du Contrat Stratégique de Filière (CSF) par le Président de la République Emmanuel Macron, en présence des représentants du secteur, France Filière Pêche, le Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CNPMEM) et Régions de France (ARF).

Fruit de plus de deux ans de concertation, ce contrat cadre répond aux attentes formulées par le Président lors des Assises de l’Économie de la Mer en novembre 2023. La filière halieutique a été au rendez-vous en construisant un plan ambitieux, structurant l’avenir du secteur dans ses dimensions économique, sociale et environnementale.

Désormais, l’attente est forte : cet engagement doit se traduire en actes concrets et en garanties sur la mise en œuvre du plan.

Un plan d’investissement et de transition durable

En 2023, le Président de la République a annoncé une enveloppe de 700 millions d’euros, fondée sur la fiscalité éolienne en mer, pour soutenir la « transformation » de la filière pêche. Le Contrat Stratégique de Filière fixe aujourd’hui le cadre de ces investissements et travaux autour de six axes prioritaires :

  • Contribution à la souveraineté alimentaire
  • Réponse aux attentes des consommateurs et de la société
  • Poursuite de l’amélioration de la durabilité de la filière
  • Amélioration de la compétitivité et modernisation du secteur
  • Renforcement de la gouvernance et des outils de structuration de la filière
  • Restauration de la confiance entre la filière et la société

Document complet : Contrat-strategique-filiere-maritime_fev2025

Le renouvellement de la flotte : une attente majeure

Parmi ces priorités, le renouvellement de la flotte est un enjeu central. La flotte française est l’une des plus vieillissantes d’Europe, avec une moyenne d’âge de 31 ans. Moderniser ces navires est une nécessité absolue pour garantir la pérennité du secteur, qu’il s’agisse de réduire la dépendance énergétique, l’empreinte environnementale des engins ou d’augmenter l’attractivité des conditions de travail. Mais cette transition ne peut se faire sans un cadre clair et sécurisé, à l’échelle nationale, européenne et internationale.

Le CNPMEM rappelle que ce contrat cadre doit s’accompagner d’un engagement fort de l’État pour permettre aux professionnels de se projeter et de répondre aux défis du secteur.

Olivier Le Nézet Président du Comité National des pêches

« La filière a fait sa part en construisant un plan solide. Aujourd’hui, l’État doit être à nos côtés pour que ce Contrat Stratégique de Filière prenne vie et permette aux professionnels de se projeter dans l’avenir. Cette signature au Salon de l’Agriculture, en ce début d’Année de la Mer et à quelques mois de la Conférence des Nations Unies pour les Océans à Nice, est un signal fort. Il est essentiel que cette ambition se traduise dans l’ensemble des décisions à venir, en cohérence avec les engagements pris aujourd’hui. Construire l’avenir de la pêche et de la filière ne peut se faire sans une approche prospective, pragmatique et concertée de la gestion des océans. » Olivier Le Nézet, Président du CNPMEM

 

POINTS DE REPÈRE

 

Etude sur les écosystèmes marins, industrie de la pêche et les parcs éoliens fixes et flottants

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