France – 15/02/2025 – energiesdelamer.eu.
Mis à jour le 17 février
Paru le 15 février
Le 28ème concurrent, Antoine Cornic est arrivé hier matin à 7 heures, et Eric Bellion (photo prise lors de sa conférence de presse) qui avait été obligé d’abandonner, a été reçu le mercredi 12 février comme un gagnant. energiesdelamer.eu le suit depuis son départ, grâce à la plume de Michel Bellion.
Je suis tellement heureux d’avoir fait ce Vendée Globe ….. Ce Vendée Globe, c’est trois mois, mais c’est quatre ans, avec cette aventure de création des bateaux avec Jean Le Cam, avec toutes les équipes… De voir l’iceberg le 1er janvier m’a libéré…. et le 8 janvier la baleine était fascinée par la quille de mon bateau elle est restée 1 heure près du bateau … et le 12 janvier c’est l’abandon. Toute l’équipe se mobilise pour venir et réparer le bateau… Après les réparations, le Stand as One – Altavia avait repris la mer hors course le 16 janvier, animé par la volonté de boucler ce tour du monde coûte que coûte. Un mois après, jour pour jour, il est arrivé aux Sables d’Olonne.
Au cours de sa conférence de presse, il raconte sa rencontre avec les icebergs le 1er janvier qui avait été identifiés par CLS. (Ndlr. avec son réseau d’antennes VIGISAT de CLS a placé les glaces sous haute surveillance pour le Vendée Globe 2024. Depuis Toulouse et son centre des opérations, CLS recueille les données de près de 400 satellites. Grâce à son réseau de stations VIGISAT, dont celle basée à Brest, une infrastructure unique en France, CLS acquiert des images satellites radar haute résolution, et détecte les icebergs grâce à des algorithmes développés sur mesure pour les glaces).
Ce jour-là, je reçois un message de la Direction de course : « Bonne année, il y a deux icebergs devant toi. » C’est là que l’angoisse commence, car on sait qu’ils sont là… mais sans vraiment savoir où. J’ai déjà vu des icebergs, j’ai déjà navigué au milieu d’eux, mais avec des bateaux d’expédition en acier. J’adore ces géants de glace, c’est magnifique. Le problème, c’est que nos IMOCA, eux, n’ont que 3,6 millimètres d’épaisseur en carbone. Si on tape un growler ou même un simple bloc de glace, on casse le bateau… et dans ces eaux glaciales, cela peut être fatal. Le pire, c’était l’attente. Où étaient-ils exactement ? Impossible de le savoir avec précision. J’ai confiance en la technologie. CLS* en avait repéré deux .., mais je ne savais pas où ils étaient. Puis, alors que j’étais à l’intérieur du bateau, je l’ai découvert, juste à ma droite… à quelques milles seulement ! Si certains skippers ont été pétrifiés en apercevant un iceberg, moi, au contraire, ça m’a libéré. Au moins, je savais enfin où il était … il raconte aussi une petite baleine qui vient à sa rencontre et qui reste près d’une heure à regarder et à jouer avec l’Imoca….
Témoignage de Michel Bellion du 15 janvier.
En franchissant la ligne, Éric prouve que la vraie victoire ne se mesure pas uniquement au classement mais à la ténacité et au courage d’aller au bout de ses rêves. » Cette superbe conclusion est extraite de l’article publié par l’Organisation du Vendée Globe. J’y souscris non seulement totalement mais encore tiens à les féliciter.
Cet article traduit, on ne peut mieux, l’esprit du Vendée Globe d’avoir su notamment prévenir toute discrimination entre les marins ( les 40) qui sont tous partis, début Novembre, pour cette Aventure hors du commun qu’est le Vendée Globe et de les accueillir toutes et tous avec une rare élégance !
Bravo à eux déjà!
Et puisqu’il nous faut, nous aussi, conclure ce Vendée Globe d’Eric, véritable épopée que furent ces 93 jours, je vous livrerai les pensées qui me venaient, hier à 14 h, dans le désordre, lorsque, de l’extrémité du môle Sud du port des Sable , sous la lanterne verte du petit phare d’entrée et entouré de quelques proches et de la foule des anonymes venus accueillir notre héros, je levais, moi aussi, les bras en V de la victoire .
Nous étions ainsi, les tout premiers, sans doute, à lancer cette magnifique ovation qui allait l’accompagner jusqu’au tapis rouge de la marina du VG.!
Eric, à quelques brasses de nous, engageait alors le chenal des Sables., chenal devenu mythique et tant espéré !
Debout à l’étrave de son bateau, petite Léna bien calée devant lui et Marie, adossée au pied du mât, supervisant (et vivant..) l’émouvante scène.., Éric bouclait son Vendée Globe, certes hors course, mais concluait, sous les ovations, son Aventure pleine et entière.!
> Eric a eu peur, il nous l’a dit; il a connu l’épuisement extrême qui assombrit tout et plus encore que le ciel sombre et bas et la mer grise; il a cassé, pas encore la chose essentielle qu’est l’étai mais des éléments qui contrarient, qui minent insidieusement…; il s’est dès lors obligé, sans entrain, peut-être même, à certains moments, à poursuivre sa route mais la peur (bien légitime) au ventre de casser son bateau, loin de tout, loin des siens….l’empêchait, je le pense, de servir pleinement son bateau, le pousser d’avantage, le voir enfin rejoindre son comparse, Jean, Le « roi Jean »…, comme nous pouvions le rêver, nous au chaud et en sécurité dans nos fauteuils…! Puis il a cassé, plus sérieusement cette fois: un étai.
A l’inverse de Jean (Le Cam) qui nous a largement fait partager l’épreuve d’une casse comparable qui le concernera une semaine plus tard, Éric s’est contenté de nous parler sobrement d’un «axe».., mais rien de plus . Il a réparé avec les moyens du bord, mais après avoir paré les Falklands, alors qu’il entreprenait la lente remontée de l’Atlantique , au près et dans le vent fraîchissant d’une dépression subie cette fois latéralement…, il a de nouveau cassé. Cette fois, il lui fallait se mettre à l’abri et reprendre plus solidement la réparation de fortune qui avait rendu l’âme .., pardon..l’axe..!
La fatigue, l’approche délicate de la baie de Port Stanley, les rafales que ne peut étaler le petit moteur de SAO, …la peur de voir son bateau partir à la côte …puis le ponton salvateur..
L’aide arrivera d’abord de ses amis locaux, des marins qui furent là , à temps.. pour sauver son bateau et de ceux venus tout exprès d’Europe avec le matériel et le savoir-faire pour réparer sérieusement l’étai .
L’aide ainsi acceptée puis sollicitée l’excluait de facto du VG !
C’est le prix à payer. Éric le sait.
C’est une contrariété, assurément mais le plus important pour lui, en cet instant, est de savoir que son bateau est là et que lui-même est en état de repartir et, je crois, cette fois-ci, libéré de cette peur qui l’a quelques temps paralysée. C’est alors avec toute son énergie retrouvée et une quiétude insoupçonnée peut-être aussi, qu’il va «relever le gant» , repartir, prouver à tous : architecte, constructeur, mécènes, sponsors et nous, terriens impatients et exigeants…., les capacités de son bateau et la passion de régatier qui l’anime et in fine, nous enchanter à nouveau et ce, jusqu’aux Sables en rattrapant tous les «ex voisins de navigation» jusqu’au bout de la boucle.
Les organisateurs du VG l’autoriseront à passer la ligne et c’est sous un soleil et une température de printemps que nous venons de l’accueillir si joliment, après 88 jours de navigation et 93 jours d’absence autour du monde !
Eric Bellion : Oui, j’aimerais bien refaire un Vendée Globe déclare-t-il sur AirZen !
Il faut trouver les entreprises qui nous suivent ….
Informations communiquées par les organisateurs de la course du Vendée Globe le samedi 15 février 2025
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