Monde – 07/12/2024 – energiesdelamer.eu.

C’est peut-être à Nice, ou avant Nice, comme on peut l’espérer, que le traité contraignant sera signé. Olivier Poivre d’Arvor aura une responsabilité supplémentaire et devra réunir les bonnes étoiles .
Les 175 pays réunis à Busan, en Corée du Sud, ne sont pas parvenus à finaliser le texte dans les délais initialement impartis par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement.

De nombreux pays d’Amérique latine, du continent africain, de l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada ou encore l’Australie, ainsi que de petits États insulaires, souhaitaient voir dans le traité un article consacré à l’objectif de réduction de la production de plastiques primaires pour atteindre des « niveaux durables« , avec une clause de révision tous les cinq ans.

Après deux ans de pourparlers, les 170 pays représentés à la 5è réunion du Comité intergouvernemental de négociations pour un traité contre la pollution plastique (INC-5) avaient jusqu’à dimanche soir pour se mettre d’accord. Depuis l’ouverture le 25 novembre, les négociations ont été bloqués par les pays pétroliers, dont la Russie, l’Arabie saoudite, le Koweit et l’Iran, qui se sont opposés à un accord contraignant visant à adopter un traité mondial pour mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040.

Les négociations doivent se poursuivre en 2025.

Les pourparlers ont fait suite à une résolution adoptée en mars 2022 par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement.

Les négociations à Busan portaient sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, sa production, son utilisation, la gestion des déchets mais également le recyclage.

“Nous avons manqué de temps à Busan (…) et nous n’avons finalement pas été à la hauteur du mandat et de l’opportunité qui nous ont été confiés”, estime Christina Dixon, responsable de la campagne sur les océans au sein de l’Environmental Investigation Agency (EIA) qui avait entretenu un certain optimiste lors de son interview surla BBC.

“Une volonté d’obstruction systématique”

Des divergences entre les pays réunis au sein de la Coalition de la haute ambition, dont l’Union européenne et la France, qui soutiennent un accord couvrant l’ensemble du cycle de vie du plastique, de la production aux déchets et  les pays pétroliers, soutenus par la Russie, qui défendent un traité limité à l’éco-conception, au recyclage et à la gestion des déchets. “L’objet de ce traité est d’en finir avec la pollution plastique, pas avec le plastique en soi”, a ainsi défendu le délégué du Koweït.

“Durant cette cinquième session, les pays pétroliers appelés “like minded”ont clairement dévoilé qu’il ne s’agissait pas tant de points de vue divergents mais d’une volonté d’obstruction systématique, analyse Henri Bourgeois-Costa, responsable des affaires publiques de la fondation Tara Océan. Y compris sur les sujets que tout le monde imaginait faire consensus, comme l’amélioration du traitement des déchets.” Ces pays ont par ailleurs pu compter sur la présence de plus de 220 lobbyistes des industries pétrochimiques. Regroupés, ils représentaient à eux-seuls la plus grande délégation présente sur place.

Vers une baisse de la production ?

Entravées par ces stratégies, les négociations ont avancé difficilement, conduisant finalement à la publication d’un dernier “non paper“, dimanche 1er décembre, par le président du Comité intergouvernemental, Luis Vayas Valdieso. Bien que trop peu contraignant au goût des pays les plus ambitieux, il marque tout de même une avancée certaine. Ce document officieux, qui devrait servir de base aux prochaines négociations, mentionne en effet, dans son article 6 dédié à l’approvisionnement, un objectif mondial de limitation de la production de plastique “à des niveaux durables” afin de “réduire la pollution par la consommation”.

Le texte, initialement proposé par le Panama, au cinquième jour des négociations, a reçu le soutien de plus de cent pays, bien au-delà de la soixantaine d’Etats formant la Coalition de la haute ambition. Il contient néanmoins dans sa version actuelle plusieurs parenthèses, c’est-à-dire des options soumises à modification, laissant la possibilité lors d’une prochaine session de convenir si cet objectif prévoit la “réduction”, la “gestion” ou le “maintien” de la production. Le “non paper” renvoie en outre l’adoption de cet objectif à la première Conférence des parties (COP) qui devrait avoir lieu un an après l’approbation du traité.

Cet élan n’aura malheureusement pas suffi pour permettre l’adoption d’un traité. Une nouvelle session, baptisée INC-5.2, devrait se tenir “à une date ultérieure” dans le but de finaliser cet accord. Tandis que certains pays envisagent une reprise des discussions au second semestre 2025, la France appelle à la tenue de ces ultimes négociations en début d’année.

Olga Givernet Busan 1er décembre 2024

Olga Givernet, ministre déléguée chargée de l’Energie :“Nous espérons que le processus 5.2 pourra avancer avant juin 2025”. A cette date se tiendra en France le Sommet des océans, un autre rendez-vous crucial à l’agenda des Etats du monde entier.

« Nous sommes inquiets de l’obstruction continue de pays« , avait déclaré la ministre française de l’Énergie Olga Givernet lors d’une conférence de presse aux côtés des délégués du Panama, du Mexique, des îles Fidji, du Rwanda et de l’Union européenne. « Nous sommes la coalition de ceux qui veulent » un traité ambitieux, a déclaré le représentant des îles Fidji, Sivendra Michael, au dernier jour des négociations, censées déboucher dimanche soir ou lundi matin à l’aube, sur un texte de traité.

« Je pense que certains d’entre nous ont déjà en tête » une nouvelle réunion après Busan pour continuer à négocier, a déclaré la déléguée portugaise Maria João Teixeira. « Nous espérons un consensus. Le processus multilatéral est lent, mais il est possible d’atteindre une masse critique pour aller de l’avant« , a estimé Camila Zepeda, la cheffe de la délégation mexicaine. Elle non plus n’a pas exclu l’organisation d’un sixième cycle de négociations après Busan. Busan « n’est pas un échec, parce que nous avons une coalition d’une grande majorité de pays qui sont prêts à aller de l’avant« , avait-elle déclaré.

 

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