France – 31/05/2024 – energiesdelamer.eu. Partie 5 – Point de vue

Selon Bertrand Fazio, expert EMR, consultant et fin connaisseur de la zone de l’appel d’offre, tout le monde était impatient d’entendre le consortium lauréat peu connu en France du « fameux » appel d’offre AO5 Bretagne Sud, portant sur le premier projet mondial d’éolien flottant commercial. 

Les deux raisons principales étaient : des attentes multiples des acteurs du territoire, des entreprises de bretonnes et ligériennes et des élus, associées à une certaine curiosité pour le consortium gagnant.

Point de vue de Bertrand Fazio

Au niveau des territoires les attentes sont multiples, que ce soit en termes de bénéfices socio-économiques attendus, que d’impact à minimiser pour la pêche et l’environnement. Il y avait donc une certaine curiosité vis-à-vis des deux entreprises membres du consortium gagnant Pennavel, qui sont peu connues dans le domaine de l’offshore wind en France : le belge Elicio et l’allemand BayWa r.e.. Quelques confrères étaient également présents pour connaitre la martingale gagnante qui, malheureusement, est restée secrète… !

Un contexte très particulier à rappeler

Mais pourquoi parler d’un « fameux » appel d’offre ? Au-delà de la première mondiale qu’il constitue et qui pourrait, nous l’espérons tous, placer la France en bonne position sur ce marché, il faut se souvenir que la procédure a été quelque peu poussive, puisqu’elle a duré 3 ans et demi, alors qu’elle était planifiée pour moins de 2 ans. Un débat public qui finit en visioconférence pour cause de covid, une guerre en Europe (Ndlr – avec l’invasion par la Russie de l’Ukraine), qui induit de fortes modifications des conditions économiques, des retards dans les campagnes de mesures de l’état, quelques atermoiements inexplicables, 4 candidats sur 10 qui décident de jeter l’éponge, cela fait beaucoup pour un projet en technologie innovante qui n’avait certainement pas besoin de cela pour être un défi.

Alors, saluons la performance des 6 candidats qui surent aller jusqu’au bout de ce couteux chemin de croix et remettre une offre.

Mais l’affaire eut un nouveau rebondissement final puisque le candidat le mieux classé par la CRE aurait décliné, dixit Bruno Le Maire lors de l’inauguration de la sous-station du parc éolien Yeu-Noirmoutier, puis Loïg Chesnais-Girard,  Président de la Région Bretagne, à la webTV d’Energies de la mer, pour des raisons invraisemblables, ou tout au moins peu justifiables selon les rumeurs qui circulent… Une première dans ce secteur, et qui rend la CRE (Cf. energiesdelamer.eu du 27/05/2024) très volontariste pour renforcer la robustesse des propositions dans la notation des offres et les pénalités financières des candidats retenus qui déclineraient à l’avenir. Nous n’en attendrions pas moins !

Alors, adressons toutes nos sincères félicitations à Pennavel, qui sut franchir un nombre conséquent d’obstacles sans encombre pour, finalement, emporter la victoire.

Une présentation sérieuse et peut-être un peu trop calme…

29 05 2024 ©Pennavel

Notre lauréat « breton » s’est donc livré à l’exercice imposé de présenter, sur le salon Navexpo, son projet à la profession maritime rassemblée, des représentants des ports concernés, et des élus comme Daniel Cueff, vice-président de la Région Bretagne, Lysiane Métayer, députée de la circonscription, Fabrice Loher, maire de la ville de Lorient et président de Lorient-Agglomération pour n’en citer que quelques-uns… Nous étions tout ouïe pour écouter l’équipe gagnante représentée par une dizaine de personnes des deux entreprises et dont l’intense mobilisation des dernières semaines se lisait sur certains visages.

Après une présentation des personnes présentes, Pennavel a rappelé les grandes lignes du projet en rappelant que les choix techniques ne seraient figés que dans quelques années : 250 MW environ, 13 éoliennes maximum, un flotteur en béton de l’ordre de 20 000 tonnes ou en acier de l’ordre de 5000 tonnes, des ancres à trainés ou des pieux, un bouclage financier attendu en 2029 et une mise en service en 2031.

Le schéma d’organisation de l’équipe projet a été présenté avec ses 3 services : environnement, usages, concertation, communication et pêche ; technique et industrie ; finance et juridique.

L’objectif de maximiser le contenu local a été réaffirmé en rappelant la signature de la « charte d’engagement contenu local », avec l’obtention du label Breizh Content® de Bretagne Pôle Naval, l’utilisation prévue du polder du port de Brest pour l’assemblage final du flotteur s’il est en acier, sa fabrication s’il est en béton, l’intégration possible de la turbine sur le flotteur au port de Saint Nazaire et l’utilisation de Lorient comme base d’exploitation et de maintenance.

Côté chiffre, les engagements principaux pris dans son offre par le candidat ont été rappelés comme l’allocation de 10% d’activité du projet à des PME, la réalisation de 500 000 heures de travail en insertion ou la mise en place d’un fond de développement socioéconomique de 5 M€, dont 2 M€ minimum dans le cadre du label Breizh Content ®.

Les objectifs du projet sur les sujets emploi/formation, environnement, pêche et tourisme ont été passés en revue et une estimation de 4,5 millions d’heures de travail pour la phase de développement/construction a été mentionnée, puis un besoin d’une équipe d’une trentaine de personnes pour la phase d’exploitation.

Quelques parties prenantes ont posé des questions dans une ambiance qui est restée très calme, voire très sage, peut-être les bretons ne croyant pas encore totalement à ces projets d’éoliens flottant dont on leur parle déjà depuis plus de 15 ans…

Une conclusion des élus en forme de méthode Coué ?

En conclusion, Fabrice Loher s’est déclaré rassuré de la victoire de Pennavel pour ce qui est du développement local et des engagements pris et Daniel Cueff a indiqué avoir été « très content que ce soit vous (Pennavel), car vos engagements locaux sont très forts. »

Souhaitons donc un plein succès à Pennavel, pour que les multiples défis de ce projet soient tous atteints, sans oublier, bien sûr, qu’ils s’inscrivent dans un engagement de prix de l’électricité de 86,45 €/MWh, ce qui n’est pas le moindre de ces défis.

 

* Bertrand Fazio, consultant, est présent dans le secteur de l’éolien flottant depuis le tout début de cette aventure, en 2009, lorsqu’il dirigeait Nass&Wind Industrie et son projet précurseur d’éolienne flottante WinFlow. Après des missions de développement international pour Voltalia (Mulliez) et sur le projet Makani de kyte flottant pour GoogleX, il a pris en charge le développement de projets offshore flottant pour Qair où il a notamment conclu une alliance tripartite inédite et prometteuse réunissant acteurs de l’éolien en mer, de la pêche professionnelle et de la défense de l’environnement.

 

 

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