Etats-Unis Europe – 12/05/2022 – energiesdelamer.eu. «Accélérer la délivrance des permis et fournir des incitations adaptées au déploiement des énergies renouvelables sont parmi les principales actions dont disposent aujourd’hui les gouvernements pour s’attaquer au défi de la sécurité énergétique et des marchés tout en préservant les objectifs climatiques», souligne le directeur de l’AIE, Fatih Birol. Mais !
Alors que le monde n’a jamais mis en service autant d’énergies renouvelables, les apparences semblent trompeuses. En effet, après avoir atteint un niveau inédit en 2021, offrant 295 GW de capacité supplémentaire, et bien que l’année 2022 devrait voir un nouveau record d’installation de capacités électriques renouvelables, avec 320 GW, comme l’a indiqué mercredi l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
La croissance globale des renouvelables pourrait malgré tout perdre son élan dès 2023 à en juger par les politiques en place aujourd’hui, met aussi en garde l’Agence : «en l’absence de mesures plus soutenues» dans les six mois à venir, la croissance des capacités devrait stagner l’an prochain, la progression du solaire ne parvenant pas à compenser un déclin de 40% dans l’expansion hydroélectrique.
On n’aurait pu penser que le virage serait pris et qu’une accélération en faveur des énergies renouvelables serait de mise. Il semblerait que non, et les énergies fossiles ont retrouvé leur bonne santé financière et les engagements en faveur du climat pour diminuer les impacts sur le changement climatique passent de plus en plus à la trappe !
L’article du Time publié par Justin Worland le 11 mai
Le journaliste Justin Worland* dans son article « This Is How We Quit Big Oil » paru le 11 mai et que vous trouverez en ligne (ICI) rappelle qu’à la fin du premier trimestre 2021, alors que les PDG des trois plus grandes sociétés pétrolières et gazières américaines présentaient les résultats de leurs entreprises, les investisseurs avaient lancé une série de questions sur la manière dont ils luttaient contre le changement climatique. Le marché en était déjà venu à considérer les combustibles fossiles comme une énergie ancienne et sale, et après la chute des prix du pétrole en 2020, en grande partie à cause de la pandémie, les investisseurs ont voulu savoir comment ces entreprises s’adapteraient.
Ils ont demandé si la capture du carbone pouvait être un moteur pour augmenter les revenus et comment les entreprises voyaient le paysage de la politique climatique. « Nous nous engageons à fournir des produits pour aider les clients à réduire leurs émissions », a déclaré Darren Woods, PDG d’ExxonMobil. « Partout dans le monde, nous aidons les économies à se décarboner. »
En avril 2020, Fatih Birol, le chef de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait déclaré « Dans quelques années, quand nous regarderons en arrière sur 2020, nous pourrions bien voir que ce fut la pire année de l’histoire des marchés mondiaux du pétrole », et cela pourrait devenir un avril noir dans l’histoire de l’industrie pétrolière.
En 2022, la conversation était très différente. Le pétrole et le gaz sont désormais « des produits de base » en vogue après l’invasion russe de l’Ukraine, et lors des appels des investisseurs au premier trimestre de 2022, ces mêmes PDG ont annoncé des bénéfices massifs et le sujet du changement climatique n’a pratiquement pas été abordé. Au lieu de cela, les investisseurs se sont concentrés sur les dividendes et les rachats d’actions : des moyens pour les entreprises de transmettre leurs bénéfices aux actionnaires.
Pendant des années, des militants et des politiciens ont condamné l’industrie pour ses efforts visant à nier la science du changement climatique et à retarder toute action pour y faire face. Mais, comme le souligne encore Justin Worland, le journaliste du Tme, qu’est-ce qui fait vraiment bouger l’industrie— comme toute grande industrie — est la performance financière. Dans les années qui ont précédé la pandémie de COVID-19, l’énergie était le secteur le moins performant de l’indice boursier S&P 500, une réalité qui a lentement mais sûrement forcé les dirigeants à remettre en question leur modèle économique. Aujourd’hui, le rajeunissement financier de l’industrie pétrolière et gazière a créé une dynamique compliquée pour ceux qui poussent le secteur à s’aligner sur les réalités du changement climatique. C’est donc un renversement complet par rapport à deux ans auparavant, l’énergie est désormais le secteur le plus performant de 2022 et la seule industrie de l’indice boursier S&P 500 qui a vu ses valorisations augmenter cette année…..
La production de pétrole doit chuter de 75 % d’ici 2050 ; pour y arriver, le monde devrait déjà cesser d’investir dans de nouveaux sites de production de combustibles fossiles. « Les scientifiques nous disent que si nous voulons avoir une planète encore vivable, les émissions doivent atteindre zéro net d’ici 2050 », déclare Fatih Birol ., le chef de l’AIE. « Si ces choses se produisent, la demande de pétrole va baisser. »
Cette double exigence – une industrie réalisant de solides bénéfices sur ses produits de base et le besoin urgent de décarboner l’économie mondiale – a conduit les militants du monde entier à poser une variante de la même question : comment le règne du pétrole et du gaz se terminera-t-il ? Autrement dit : dans un système de marché libre où règne le profit, comment supprimer progressivement un produit qui fait du profit ?
Nier la science du changement climatique et retarder l’action sont souvent décrits par les militants comme un crime moral.
En bref, l’ampleur des changements de l’industrie ne correspond pas à la science. Mike Sommers, le chef de l’American Petroleum Institute, l’a résumé dans un discours de janvier 2022. Tout en offrant une déclaration sans équivoque selon laquelle son industrie doit faire face au changement climatique, il a précisé que l’industrie ne se réduirait pas volontairement. « Nous rejetons les efforts visant à réduire la production nationale », a-t-il déclaré. « Il s’agit d’addition, pas de soustraction. »
Aux États-Unis, des raffineries comme celle de Chevron à El Segundo, en Californie, traitent environ 10,5 millions de barils de pétrole par jour.
Pendant un bref instant, l’invasion russe de l’Ukraine a semblé offrir une opportunité à l’industrie énergétique de changer de cap. Après les attaques initiales, les partisans de l’énergie propre ont suggéré que le moment créait une chance unique pour les décideurs de pousser l’économie hors des combustibles fossiles. Après tout, le pétrole et le gaz ont payé les efforts de guerre de Vladimir Poutine et ont laissé les gens du monde entier vulnérables aux conséquences économiques de la hausse des prix du carburant. La Commission européenne, a rapidement produit un plan pour sevrer l’Europe du gaz russe avec une proposition spectaculaire d’accélérer le développement d’infrastructures d’énergie propre. Mais, de l’autre côté de l’Atlantique, le tableau politique est moins prometteur. Les républicains opposés à la législation sur le climat ont utilisé la flambée des prix du pétrole pour accuser les initiatives climatiques de l’administration Biden de nuire aux consommateurs. Et l’administration a adouci son message sur le climat, le tempérant par des appels à une plus grande production de pétrole et de gaz à court terme, alors que les États-Unis approchent des élections de mi-mandat « midterms » où tous les membres des représentants doivent se représenter et un tiers des Sénateurs le 8 novembre 2022.
Pour en savoir plus lisez l’article en entier de Justin Worland https://time.com/6175206/black-gold-fossil-fuel-industry/
Justin Worland est un correspondant principal basé à Washington DC pour TIME, couvrant le changement climatique et l’intersection de la politique, de la politique et de la société.
POINTS DE REPÈRE
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