Europe – 14/03/2022 – energiesdelamer.eu. Quels sont les pays à la pointe pour développer l’hydrogène. Le 8 juillet 2020, dans une communication destinée au Conseil et au Parlement européen, la Commission européenne (CE) présentait une feuille de route pour stimuler le développement de l’hydrogène propre dans l’Union européenne.

Pour cela, la Commission propose trois étapes pour une stratégie qui s’articule avec le Pacte Vert pour l’Union européenne (UE) rendu public en décembre 2019, avec le Plan de relance post Covid axé sur la lutte contre le changement climatique,  et la nouvelle stratégie industrielle pour l’Europe. Tout cet ensemble vise à une neutralité climatique de l’UE en 2050, c’est-à-dire zéro émission de CO2.

La place de l’Hydrogène dans ce grand projet

A quoi sert l’hydrogène ? On peut l’utiliser pour produire de l’électricité, comme matière première dans certaines industries ou pour stocker de l’énergie. Il renferme quatre fois plus d’énergie que le charbon et trois fois plus que le pétrole. Considéré comme une source d’énergie du futur, il peut contribuer au remplacement des énergies fossiles.  Sachant que dans la perspective du « zéro émission » de 2050, l’UE a fixé pour 2030 une diminution de 55% de ses émissions de CO2, on peut donc imaginer une montée en puissance de l’utilisation d’hydrogène. Mais pour bien répondre aux objectifs de neutralité climatique voulus par l’UE, l’hydrogène doit d’abord être produit de manière décarbonée.

D’où part-on dans l’Union européenne ?

Aujourd’hui, 10 millions de tonnes d’Hydrogène sont produites chaque année dans l’UE dont un million en France. Mais cette production est polluante car elle provient à 95% du gaz, du charbon ou du pétrole, ce qui entraîne un rejet annuel de 70 à 100 millions de tonnes de CO2. L’objectif est de remplacer cet hydrogène par de l’hydrogène fabriqué de manière non-polluante. On peut en effet l’obtenir par électrolyse de l’eau en utilisant de l’électricité renouvelable ou nucléaire. L’hydrogène est alors dit « décarboné » car ni sa production ni son utilisation n’émettent de CO2.

Les trois-cents électrolyseurs déjà à l’œuvre dans l’Union européenne fournissent moins de 4 % d’hydrogène propre. Si l’on veut arriver à une production décarbonée, il est donc nécessaire d’augmenter le nombre d’électrolyseurs alimentés par des énergies renouvelables, par exemple par l’éolien (dont l’énergie éolienne en mer) et le solaire mais aussi par des méthodes de captation de CO2, qui donnent un hydrogène bas carbone.

Le projet est de faire de l’hydrogène propre un complément des autres sources d’électricité (renouvelables ou nucléaire).

Pour arriver à un hydrogène décarboné, Bruxelles prévoit trois étapes

Dans la période en cours (2020-2024), l’UE soutiendra une capacité de 6 GW d’électrolyseurs permettant d’atteindre un million de tonnes d’hydrogène renouvelable.

De 2025 à 2030, la capacité des électrolyseurs serait portée à 40 GW, pour une production allant jusqu’à 10 millions de tonnes.

Dans la troisième étape (2030-2050), l’hydrogène renouvelable serait utilisé à grande échelle. On prévoit en 2050 une consommation de 60 millions de tonnes décarbonées, soit six fois plus qu’actuellement. Le but de la CE est que dans la production totale d’énergie, l’hydrogène occupe 13 à 14% du bouquet, contre 2% aujourd’hui.

Décarboner les secteurs les plus émetteurs

L’hydrogène peut remplacer les énergies fossiles dans les secteurs où les procédés industriels dégagent une forte intensité de carbone. C’est le cas des raffineries, des cimenteries, des industries sidérurgiques ou du secteur de la chimie.

Comme d’autres gaz, l’hydrogène peut être stocké dans des réservoirs et être utilisé par les industries comme source d’électricité.

Vers une économie de l’hydrogène décarbonée

Pour réaliser ce plan il va falloir fournir des efforts. Tout d’abord investir, car l’hydrogène est pour la Commission européenne « une priorité d’investissement ». D’ici à 2050, elle prévoit une fourchette de 180 à 470 milliards d’euros pour l’hydrogène renouvelable et de 3 à 18 milliards d’euros pour un hydrogène d’origine fossile mais bas carbone. Ensuite, réglementer, mettre en place une certification et des normes de sécurité. Prévoir des infrastructures pour produire et transporter l’hydrogène à travers l’Europe par des gazoducs. Des dépenses de recherche et d’innovation seront nécessaires pour développer des technologies de pointe. Autant de chantiers à lancer …

Un plan d’ensemble devrait déboucher sur une « chaîne de valeurs » explique Jean-Eudes Moncomble, secrétaire général du Conseil français de l’Energie qui a publié un rapport en novembre 2021, en associant le secteur public et privé, les Etats et les Régions.

Mais selon lui, une consommation à terme de 60 millions de tonnes par an, demandera aussi d’importer de l’hydrogène, car selon les prévisions, la production européenne atteindrait moins de 50% de la demande en 2050. D’où la nécessité pour l’UE d’établir des liens de coopération avec des pays exportateurs.

Qui est à la pointe pour développer l’Hydrogène ?

Aujourd’hui dans l’Union européenne, les plus gros consommateurs sont l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Pologne. Ces 7 pays ainsi que le Portugal ont d’ailleurs prévu des feuilles de route pour augmenter leurs capacités d’électrolyse d’ici à 2030 (6,5 GW pour la France, 5 pour l’Allemagne ou l’Italie, 2,2 pour la Belgique…).

Sous la poussée de neutralité climatique à atteindre, une grande réflexion et de nombreux projets sont engagés à travers l’Union européenne. Mais la question prend aujourd’hui une nouvelle dimension. Avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, et la hausse des prix du gaz et du pétrole qui s’ensuit, l’Union européenne va devoir accélérer sa transition vers les énergies propres. D’ici à la fin 2022, l’UE prévoit de réduire de deux tiers les importations de gaz russe et de ne pas attendre 2030 pour être indépendante des importations venant de Russie. C’est le sens de la déclaration d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne qui le 8 mars dernier a appelé à passer « rapidement aux énergies renouvelables et à l’hydrogène pour être plus vite réellement indépendants ».

Projet important européen commun en matière d’hydrogène (PIIEC)

Le 8 mars 2022 , Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, ont rendu publique la carte des 15 premiers projets français sélectionnés dans le cadre du Projet important européen commun en matière d’hydrogène (PIIEC).

L’instruction des projets doit maintenant se faire rapidement afin de déclencher les investissements nécessaires à la réalisation des ambitions de nos industriels et du gouvernement. Je suis confiant dans cette dynamique d’accélération européenne, la Commission ayant annoncé donner une priorité à l’évaluation des projets liés à l’hydrogène. Cette étape est importante et devra être suivie d’autres appels à projets sur le déploiement de véhicules et de stations de recharge hydrogène et plus largement sur les infrastructures de transport et de stockage d’hydrogène. » déclare Philippe Boucly, Président de France Hydrogène.

POINTS DE REPÈRE

Le 15 décembre 2021, le second volet du paquet climat « Fit for 55 » vise à créer les conditions nécessaires à l’émergence d’un marché européen de l’hydrogène.

Reposant sur la révision de la directive gaz 2009/73/CE, les propositions présentées par la Commission européenne doivent permettre la production de 10 millions de tonnes d’hydrogène par an à horizon 2030.

«Dici 2030, nous voulons disposer dune capacité d’électrolyse de 40 GW dans lUE. Pour fournir ces volumes aux utilisateurs finaux de la manière la plus efficace et la moins coûteuse possible, nous avons besoin de marchés compétitifs et d’infrastructures permettant de relier les producteurs aux consommateurs. Les propositions avancées aujourd’hui préparent le terrain pour un marché européen de l’hydrogène compétitif», a déclaré M. Timmermans.

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, rendent publique ce jour la carte des 15 premiers projets français sélectionnés dans le cadre du Projet important européen commun en matière d’hydrogène (PIIEC)

16/02/2022 – Soutenu par France Relance et l’ADEME pour son projet d’écosystème hydrogène vert Hyvoo, Hyd’Occ, dirigée par Stéphane Arnoux, créée par Qair et l’AREC Occitanie, ont signé avec l’ADEME une convention de financement pour le projet Hyvoo.

19/11/2021 – Hydrogène à l’horizon

Hydrogène : Synthèse du Rapport du Conseil Mondial de l’Énergie

 


Ne copiez pas l’article, copiez le lien, vous protégez ainsi les droits d’auteur de notre équipe rédactionnelle.


Publicités Google :