France – 10/02/2022 – energiesdelamer.eu. En marge du One Ocean Summit, Hélène Gobert, Responsable équipe projet Océan, pêche et aquaculture à l’AFD, détaille comment la banque publique de développement intègre de plus en plus les enjeux de climat et de biodiversité, notamment dans les projets qu’elle finance en lien avec l’océan.

Comment les enjeux de climat et biodiversité sont-ils pris en compte dans les financements de l’AFD ?

Hélène Gobert – La totalité de nos financements est en ligne avec les contributions nationales prises par les États dans le cadre de l’accord de Paris, et 50% doivent présenter des co-bénéfices directs en termes d’atténuation ou d’adaptation au changement climatique.

Depuis quelques années, l’AFD promeut également la prise en compte de la biodiversité dans tous les projets que nous finançons, qu’il s’agisse d’infrastructures, de santé, d’éducation…

Pour l’ensemble des projets financés par l’AFD, nous avons pour objectif que 30% d’entre eux produisent à la fois des co-bénéfices en matière de climat ET de biodiversité.

Concernant nos financements « océans », 83% des projets que nous avons financés en 2020 présentent des co-bénéfices directs en matière de climat et 63% en matière de biodiversité, et 55% du volume de nos financements dédiés aux océans répondent à ces deux enjeux.

Qu’est-ce que la stratégie Océan que vous avez adoptée en 2020 ?

HG – La stratégie « Océan » du groupe englobe tous les projets qui dépendent de l’état de l’océan ou ont un impact sur cet état, qu’il soit positif ou négatif : pêche, aquaculture, transport maritime, énergies marines, mais aussi câbles sous-marins, numérique…Nous regardons également de près les projets de traitement des eaux usées rejetées en mer et de gestion des déchets, dans des zones allant jusqu’à 30km de distance du littoral.

Au total, ces projets « océan » représentent 800M€ en 2020 (2 Mds€ en 2021), sur un volume total de financements d’environ 14 milliards par an.

L’objectif de cette stratégie est de promouvoir les projets vertueux par rapport à l’océan et de mieux prendre en compte les risques des projets potentiellement impactants. Ce qui peut être le cas, par exemple, pour les projets de construction ou d’extension d’infrastructures portuaires, qui, comme toute action d’artificialisation du littoral, présentent des risques d’impact sur le milieu marin et sa biodiversité. Bien sûr, nous appliquons le principe ERC (éviter/réduire/compenser), mais cela reste à la main des maîtres d’ouvrage qui doivent aussi être renforcés sur ces aspects.

Concrètement, comment faites-vous pour intégrer ces enjeux aux projets « océans » ?

HG – Concernant le changement climatique, les projets océans financés par l’AFD contribuent souvent plus à l’adaptation qu’à l’atténuation, qu’il s’agisse de gouvernance, de recherche et d’acquisition de connaissances, de régulation des stocks halieutiques ou de réduction des pressions cumulées sur les écosystèmes, qui les rendent ainsi plus résilients.

Nous nous efforçons d’intégrer les enjeux de biodiversité et de protection des milieux dès l’amont de projets d’infrastructure comme les ports de pêche : en incluant des activités spécifiques comme la mise aux normes internationales en matière de gestion environnementale des ports, la connaissance et gestion des stocks halieutiques, la conservation des écosystèmes adjacents tels que les coraux, l’amélioration des systèmes de traitement des eaux usées et pollutions chimiques, etc.

Malheureusement, lors des évaluations d’impact environnemental, nous sommes régulièrement confrontés au manque de données en matière d’habitats et de biodiversité marine.

Comment les projets liés à la pêche contribuent-ils à ces objectifs ?

HG – Plusieurs types de projets contribuent à rendre la pêche plus vertueuse : le financement de systèmes satellitaires pour détecter des activités de pêche illégale et de dégazage en mer, des balises permettant de géolocaliser de petits bateaux de pêche, des projets portuaires intégrant des normes sanitaires, et permettant de renforcer les statistiques et les contrôles au débarquement : taille des individus prélevés, taille des filets, etc.

Globalement, on observe un vrai déplacement de nos financements vers une économie bleue durable. A titre d’exemple, nous ne finançons pas de projets pouvant mener à l’augmentation de l’effort de pêche. De par notre mandat en matière de climat et de biodiversité, nous ne pouvons par ailleurs financer aucune action dédiée à l’exploration ou exploitation minière ou d’énergie fossiles offshore.

POINTS DE REPÈRE

Le 25 novembre 2021, la première édition du challenge Digital Energy Challenge a récompensé huit projets implantés en Afrique subsaharienne.

Digital Energy Challenge de l’Agence française de développement (AFD) est l’un des quatre piliers de la Digital Energy Facility, un programme financé par la Commission européenne et mis en oeuvre par l’AFD.


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