France – Italie – Jeudi 27/07/2017 – Flash – energiesdelamer.eu. Emmanuel Macron a décidé de faire d’exercer le droit de préemption de la France sur le capital de STX France, a annoncé jeudi 27 juillet le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. La France avait jusqu’au 29 juillet pour le faire savoir. Dans une interview donnée aux Echos, Pier Carlo Padoan, le ministre italien de l’Economie et des Finances traduit sans détour l’amertume mêlée de colère qui se fait jour dans son pays après la nationalisation temporaire des chantiers navals STX par l’Etat français.
Le président Français a pris soin d’appeler le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, un appel téléphonique « amical » en vue de discuter des chantiers navals STX, de la Libye et de l’immigration, ont annoncé les services de l’Elysée. François Hollande avait une promesse de 100 millions d’investissements à Saint-Nazaire, la préservation de l’emploi pendant cinq ans, le maintien de la R&D en France, l’accès prioritaire de l’Etat français aux carènes pour ses besoins militaires.
Cette décision a « un seul objectif : «Les chantiers de Saint-Nazaire sont un outil industriel unique en France. Nous voulions donc garantir aux salariés, mais aussi à la Région, aux clients, aux sous-traitants, à tous les Français, que les compétences exceptionnelles des chantiers en termes de construction resteront en France», a expliqué Bruno Le Maire durant sa conférence de presse, précisant que cette nationalisation ne serait que « temporaire ». Le ministre sera à Rome mardi pour « reprendre la négociation » avec son homologue italien, Pier Carlo Padoan, et le ministre du développement économique, Carlo Calenda.
Cette opération est toutefois temporaire, le chantier naval STX France basé à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) n’ayant « pas vocation » à rester dans le giron de l’Etat, a-t-il précisé.
L’opération a donc été officialisée, ce jeudi 27 juillet, par le ministre de l’économie et devrait être mise en œuvre d’ici à vendredi soir, l’Etat, déjà actionnaire à 33 %, faisant jouer son droit de préemption sur le reste du capital. C’est la première grande décision présidentielle en matière industrielle. La nationalisation de STX « coûtera environ 80 millions d’euros à l’Etat », a-t-il précisé.
« Cette nationalisation, provisoire, me semblait (…) indispensable du fait du comportement incertain du groupe italien Fincantieri », a déclaré le maire socialiste de Saint-Nazaire, David Samzun. François de Rugy, le président de l’Assemblée nationale, a également salué la décision de l’exécutif ex élu de Loire-Atlantique.
Dans un communiqué, la direction de STX déclare comprendre « cette décision en cohérence avec les principes de préservation des intérêts nationaux exprimés par le président de la République », tout en regrettant « un nouveau délai fâcheux ».
En revanche, le groupe italien Fincantieri, qui devait reprendre les chantiers, a jugé cette nationalisation provisoire « grave et incompréhensible », regrettant « la décision du gouvernement français de ne pas donner suite à des accords déjà conclus ».
La préemption porte sur les 66.6% que le groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding détient dans les chantiers de Saint-Nazaire depuis 2008.
C’est l’aboutissement logique de la décision d’Emmanuel Macron de remettre à plat l’accord qui avait été conclu le 12 avril entre l’ancien gouvernement français et Fincantieri. « Cet accord ne nous satisfait pas parce qu’il ne maintient pas la possibilité pour les actionnaires français de garder la main sur l’emploi, les compétences et le développement du territoire. Il nous faut donc un nouveau pacte d’actionnaires ».
Pour Bruno Retailleau, président du Conseil régional des Pays de la Loire, la Fondazione CR n’était qu’un « faux nez » qui avait appelé le gouvernement à « résister aux pressions de l’Italie » et à « faire jouer le droit de préemption de l’Etat français si les Italiens s’obstinent »
STX France est le seul chantier français à pouvoir construire les grands bâtiments de la Marine nationale, tout en se développant sur les nouveaux marchés liés aux énergies marines.
D’après Mer et marine ce sont les relations italo-chinoises qui inquiètent le gouvernement français. En effet, il convient de ne pas oublier que les chinois ont tout à fait l’intention de percer le marché du tourisme. Et « lorsque la Chine se fixe un objectif, elle peut y consacrer des ressources presque infinies », déclare Reinhard Luken (interrogé par Reuters), directeur général de l’Association allemande de la construction navale et des industries maritimes. Celle-ci compte notamment dans ses rangs Meyer Werft, l’un des poids lourds européens de la construction de paquebots.
Enfin, l’armateur américain Carnival Corporation, principal client de Fincantieri depuis près de 30 ans est partie prenante dans cette opération devant voir les chantiers de Shanghai sortir à partir de 2022 des répliques de navires construits pour lui en Italie. Maintenant les négociations doivent reprendre mardi prochain
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