Danemark – Copenhague – 25/10/2019 – energiesdelamer.eu – L’Agence internationale de l’énergie (AIE) présente ce vendredi 25 octobre un rapport spécifique sur l’éolien en mer. Rapport présenté par le directeur général de l’AIE, Fatih Birol, à Copenhague, berceau de la technologie, et prélude à l’opus annuel de l’AIE, le World Energy Outlook (WEO 2019).

Lors d’une conférence en ligne, la veille, Laura Cozzi, Chief energy modeller de l’AIE a rappelé que ce rapport s’inscrivait d’abord autour du constat d’une croissante déconnection entre les ambitions climatiques affichées et la réalité de l’énergie et des rejets carbonés.

Et, pour faire coïncider la réalité de l’énergie, à l’occasion du WEO 2019, l’AIE a procédé à une nouvelle réévaluation du potentiel de l’éolien en mer en plein boom mondial.

Dès ce vendredi 25 octobre, une carte interactive, sur le site de l’AIE, permettra de visualiser les grands parcs éoliens offshore mondiaux, mais aussi le potentiel de développement de cette énergie dans le monde entier. Une carte qui prend en compte les contraintes maritimes et qui se fonde sur l’ensemble des études réalisées en termes de potentiel éolien offshore.

 

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Un potentiel énorme

Dans ce contexte, l’offshore éolien, qui a représenté en 2018, 0,3% de la production, a montré sur les dernières années (2010 à 2918) un taux de croissance de 30% par an. Dans les cinq ans à venir quelque 150 projets devraient être achevés dans le monde.

A partir de sa modélisation, l’AIE estime, qu’à l’horizon 2040, l’éolien ne mer pourrait voir sa capacité productive multipliée par 15, soit passer de 23 GW installés aujourd’hui à quelque 340 GW en 2040. Avec les derniers modèles de turbines, de plus de 10 MW, le potentiel technique atteignable pour l’éolien offshore atteint les 36 000 TWh, sur des fonds ne dépassant pas 60 mètres et jusqu’à 60 km des côtes. Un chiffre de productible à comparer aux 23 000 TWh consommés mondialement aujourd’hui, insiste l’Agence. Et en allant chercher l’énergie plus loin en mer, avec les machines flottantes, le potentiel sera de 11 fois celui de la demande totale en électricité à l’horizon 2040.

L’Europe, partie en tête, devrait également conserver son avantage à cet horizon 2040, avec 40% du marché encore, même si la Chine pourrait la talonner à cette date, avec un chiffre comparable.

Les points phares

 

 

L’AIE rappelle que les facteurs de charge actuels des éoliennes offshore sont de 43% (en 2018), mais la montée en puissance des turbines de grandes tailles devraient porter ce chiffre à 50% et plus. Un chiffre quasiment équivalent au facteur de charge des centrales au gaz, estime l’Agence. En outre, si les éoliennes sont variables, cette variabilité est bien moindre en mer qu’à terre, et surtout elle est largement inférieure à celle du solaire, insiste l’AIE. L’éolien en mer varie typiquement dans une bande comprise entre plus et moins 20%, indique le rapport, contre 40% pour le solaire. Ce qui place l’éolien marin dans une catégorie à part, que l’AIE appelle « une technologie de base variable ».

Côté investissement, le coût de l’offshore, autour de 140 $/MWh, repose aujourd’hui ente 35% et 50% sur le coût du financement (coût moyen du capital compris entre 4% et 8%), le coût des équipements représentant un tiers, et le solde étant dédié à la maintenance et à l’exploitation. Mais l’Agence internationale juge que, à l’aune des récentes attribution d’appels d’offres, ce coût (LCOE) devrait encore baisser dès 2025, et se réduire de 60% encore d’ici à 2040. Economie d’échelle sur les équipements, constitution de réseaux intelligents, avec des hubs en mer, et augmentation de la taille des machines devrait permettre d’atteindre cette réduction de 60% sur les matériels, et permettre une descente rapide des coûts globaux.

Pour monter jusqu’à 340 GW en 2040, cela signifie que l’industrie offshore éolienne représentera un marché de quelque 840 milliards de dollars de plus à cet horizon. Et ceci dans le scénario « conservateur » du WEO, mais dans un scénario plus ambitieux (« durable »), et 40 GW de plus par an, ce chiffre atteindrait les 1,3 trillions de dollars.

En outre, la synergie entre l’éolien offshore et les activités pétro-gazières offshore apporte de nouvelles opportunités, insiste l’Agence, qui juge que 40% des activités liées à un projet éolien en mer a de potentielles synergies avec l’Oil & Gas.

Enfin, l’éolien en mer peut constituer un moyen d’accélérer la transition vers des énergies plus décarbonées. Au-delà des gains en termes de rejets de CO2 évités (entre 5 et 7 milliards de tonnes pour le secteur électrique, cette technologie permet, grâce à son facteur de charge, d’être un candidat sérieux pour a production d’hydrogène, un vecteur énergétique qui aurait la capacité de réduire fortement les émissions du secteur du bâtiment, de l’industrie et des transports. Un gigawatt d’éolien en mer pourrait ainsi par exemple produire assez d’hydrogène pour chauffer quelque 250 000 foyers, signale l’AIE.

 

 

Les écueils

Reste que certains écueils doivent être évités dans cette progression potentielle. Ainsi, l’AIE recommande pour que la supply chain puisse exister, notamment avec des investissements colossaux dans les navires de soutien aux opérations (qu’il s’agisse d’installation ou de maintenance), une vision à suffisamment long terme de la part des politiques publiques. Cette vision de long terme, et les moyens pour y parvenir, doivent aussi aider à attirer les investissements à un coût raisonnable.

En outre, le succès de l’offshore éolien doit prendre en compte la capacité des réseaux terrestres à accueillir de tels volumes d’électricité. La régulation doit ainsi encourager la planification des réseaux et reconnaître que le développement des infrastructures terrestres sont essentielles au succès de l’offshore éolien. Laura Cozzi signale ainsi que sinon, le risque est grand de rencontrer des congestions ou de « perdre » de la production.

C’est à ce prix que l’offshore éolien pourrait atteindre dès 2040 au titre de « première source de production d’électricité en Europe », insiste l’AIE, devant l’éolien terrestre, et faciliter l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone avers lequel s’engage l’Union européenne.


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