France – 23/09/2024 – energiesdelamer.eu.
Exclusif : Interview de Jean-Yves Le Drian à l’occasion de l’inauguration du parc éolien en mer d’Iberdrola France à Saint-Brieuc.
Fin connaisseur de la politique énergétique et des territoires marins, Jean-Yves Le Drian nous donne sa vision sur le développement des énergies marines à l’occasion de l’inauguration du premier parc éolien offshore breton.
Vous avez été secrétaire d’État à la Mer, président du Conseil régional de Bretagne, président de la conférence des régions périphériques maritimes, ministre de la Défense et enfin ministre de l’Europe et des Affaires étrangères jusqu’en 2022. Vous avez été pionnier en tant qu’élu d’une région faiblement dotée en capacité énergétique et mis en place le pacte électrique breton, dans lequel s’intègre le développement des énergies marines.
Quel est le potentiel des énergies renouvelables en mer en Bretagne ?
C’est un gisement d’énergies marines renouvelables avec non seulement les espaces maritimes mais aussi la qualité des entreprises qui se sont investies dans ces nouvelles technologies, que ce soit l’éolien offshore normal, l’éolien offshore flottant ou l’hydrolien, c’est exceptionnel. Le parc de Saint-Brieuc qui est opérationnel depuis le mois de mai dernier et que nous venons d’inaugurer, prouve que nous semble capable de relever le défi.
Aviez-vous prévu demandé que des études sur l’écosystème marin soient menées ?
Oui, et les conséquences ont été analysées avec une extrême vigilance, par l’ensemble des scientifiques compétents en la matière, et avec la participation des pêcheurs eux-mêmes.
Lorsque j’ai pris la décision d’engager ce parc éolien, j’étais président de la région Bretagne. Le comité local et le comité départemental des pêches ont été associés et étaient favorables au projet. Mais, le temps passe, il y a eu une dizaine d’années de recours auprès des tribunaux et pas seulement de la part des pêcheurs. Les acteurs changent. Mais dès le départ, la concertation était au rendez-vous avec les pêcheurs et les conchyliculteurs.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est ce fameux pacte électrique breton, ce Triskel ?
Le pacte électrique breton était la réponse que les Bretons donnaient à leur insuffisance électrique, à la fois par le renforcement de moyens de sécurisation immédiats, par la construction d’une ligne de 220 000 volts, entre le sud et le nord de la Bretagne, pour permettre l’égalité de l’acheminement de la production électrique, venue du sud. C’était aussi le lancement d’une centrale thermique (Ndlr – Landiviseau), qui était une centrale d’appoint en cas de creux, en cas d’insuffisance momentanée. L’urgence était de pouvoir assurer l’approvisionnement énergétique de la Bretagne.
Cela a été aussi une grande campagne de maîtrise de l’énergie sur l’ensemble du territoire. Elle a donné des résultats, puisque la croissance de la consommation électrique a baissé. C’est aussi ce projet de parc en mer d’Ailes Marines au large de la baie de Saint-Brieuc, qui sera suivi, je l’espère, d’autres initiatives dans le domaine, parce que la Bretagne, représente un gisement considérable pour l’avenir en la matière.
Une énergie verte. Elle s’appelle l’énergie verte bleue !
Ndrl – Fin 2009, la Bretagne ne produisait que 8% de sa consommation l’électrique, le reste provenant des installations de production des régions voisines.
Pour éviter l’écroulement généralisé de tension pouvant conduire à des coupures d’électricité, la Bretagne, s’est alors dotée le mardi 14 décembre 2010 d’un « pacte électrique » dont l’ambition était de répondre durablement aux défis auxquels elle se trouvait confrontée, en termes de sécurisation de son alimentation électrique pour les années suivantes.
Sur la base des réunions de concertation et de travail qui se sont déroulées tout au long de l’année 2010 dans le cadre de la Conférence bretonne de l’énergie, cette signature engageait l’État, le Conseil régional de Bretagne et leurs partenaires, (l’ADEME, l’Anah et RTE gestionnaire du réseau de transport d’électricité).
Le ministre chargé de l’énergie, Eric Besson, s’était associé à cette manifestation dans un message vidéo rappelant l’importance de la sécurisation de l’alimentation électrique de la Bretagne.
Cette interview a été menée le 19 septembre 2024 à Saint-Brieuc par energiesdelamer.eu avec le French Trotter de l’émission de Christophe Debien diffusée tous les dimanches sur Sud Radio
Eléments contextuels du Pacte électrique breton
Le Pacte repose de manière indissociable sur trois axes clés composant le « Triskell électrique breton » :
. maîtrise des consommations d’électricité (MDE),
. développement des énergies renouvelables (ENR),
. sécurisation de l’approvisionnement électrique.
Des objectifs chiffrés et un plan d’actions multi-partenarial
Cette stratégie partagée a permis ensuite d’entrer dans une phase concrète de déploiement sur le territoire breton, via des conventions thématiques opérationnelles avec tous les acteurs prêts à s’engager : collectivités, opérateurs, professionnels, etc…
Le pacte électrique engageait les signataires à :
. mettre en œuvre des actions de Maîtrise de la Demande en Energie (MDE) destinées à diviser par 2 à l’horizon 2015 (économie de 950 GWh), puis par 3 à l’horizon 2020 (économie de 1 200 GWh), la croissance de la consommation bretonne d’électricité ,
. porter à 3 600 MW la puissance de production d’électricité renouvelable d’ici 2020 ,
. formuler des orientations précises sur l’aménagement des réseaux de transport et de distribution d’électricité et sur l’implantation d’un moyen de production classique, permettant d’assurer la sécurité de l’alimentation électrique bretonne.
Ce sujet, crucial, est abordé dans le débat public de la CNDP, dont le rapport et le bilan seront présentés par Floran Augagneur, président de la commission particulière de débat de public « La mer en débat » au cours des « Océanes Atlantique ». C’est effet une partie des nombreux échanges, auxquels participent l’ensemble des acteurs concernés.
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