France – 05/09/2024 – energiesdelamer.eu.

Plus de 50 jours après la présentation par Gabriel Attal de la démission de son gouvernement, Emmanuel Macron trouve avec Michel Barnier la possibilité de « constituer un gouvernement de rassemblement ».

Le Président de la République avait écarté d’emblée l’option Lucie Castets, proposée par le nouveau Front populaire, puis appelé en consultation puis récusé Xavier Bertrand, président de la Région Hauts de France ou Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre d’Emmanuel Valls …

Enfin, avec Michel Barnier il semble avoir trouvé le bon interlocuteur

Rompu aux Affaires de l’Etat français, Michel Barnier a été plusieurs fois ministre. L’ancien négociateur du Brexit, membre des Républicains, s’était entretenu mercredi soir à l’Élysée pour évoquer sa nomination comme chef du gouvernement.
Il était venu dans les Côtes d’Armor en Bretagne pour soutenir la candidat LR aux Régionales en 2021 et avait été interpellé sur les éoliennes du parc en mer de Saint Brieuc.

C’est également un jour faste pour l’écologie, même si , prévient Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale « il va être accueilli avec de la colère et de la détermination ». Ainsi a réagi Cyrielle Chatelain, la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale… Pour choisir son Premier ministre, « Emmanuel Macron a fait du Rassemblement national l’arbitre. Si Michel Barnier a été choisi, c’est qu’il pouvait trouver un certain accord avec le Rassemblement national. C’est une trahison » de nombreux électeurs, a-t-elle déclaré sur France Info.

Le parcours de combattant de Michel Barnier, vu par Public Sénat 

Habile « négociateur », environnementaliste convaincu, Michel Barnier, parfois critique de la politique qui était menée, aura certainement fort à faire, pour composer un gouvernement « de rassemblement au service du pays », comme l’a précisé le président de la République dans son communiqué.

La passation de pouvoirs avec Gabriel Attal devrait avoir lieu à 18 heures ce jeudi. L’ex-Premier ministre rejoindra alors en toute liberté les Bancs de l’Assemblée Nationale.

Michel Barnier et les éoliennes en mer

En juin 2021,  pour les élections régionales, Michel Barnier était venu en Bretagne invité par Isabelle Le Callennec, tête de liste « Hissons haut la Bretagne » (droite, centre, régionalistes). A cette occasion, il avait rencontré et échangé, avec l’association environnementale et anti éolien en mer, Gardez les caps, et des pêcheurs d’Erquy (Côtes-d’Armor) au moment où débutaient  les travaux pour l’implantation des éoliennes en mer d’Ailes Marines en baie de Saint-Brieuc.  

Michel Barnier avait pris la parole après les exposés des opposants et avait à son tour posé la question « Comment se fait-il que le mouvement écologiste ne soit pas plus mobilisé ? et jugé « En vous écoutant, je considère que le débat public n’a pas été fait correctement. Je pense que notre pays doit préserver le choix nucléaire mais aussi se diversifier. Je suis favorable aux énergies renouvelables, davantage au solaire que d’autres d’ailleurs. » Il s’était par ailleurs étonné  « Des procédures sont en cours et le chantier est lancé ? ».

 

Le parc éolien de Saint-Brieuc est maintenant installé.

Il fonctionne à 100% depuis le mois de juin, et apportera une production annuelle d’environ 1.820 GWh/an, soit de 9% de la consommation totale d’électricité de la Région Bretagne et l’équivalent de la consommation en électricité de 835 000 habitants et sera inauguré le 18 septembre. Sera-t-il au rendez-vous ?

 

Son parcours vu par Public Sénat

50 ans après le début de sa carrière politique, Michel Barnier (LR) a été nommé, à 73 ans, Premier ministre par Emmanuel Macron. Celui qui voulait déjà créer la surprise en s’immisçant dans la primaire LR en 2021 pourrait être le profil idoine pour permettre au chef de l’Etat de clore le feuilleton des consultations. Alors qu’Emmanuel Macron teste, use et cherche un nom qui coche les cases, la plasticité de Michel Barnier pourrait se révéler idéale pour le poste.

Elu dès 1973 en Savoie

Âgé de 73 ans, le natif de La Tronche, en Isère, Michel Barnier commence sa carrière politique dès 1973 en devenant conseiller départemental de Savoie. Un département dans lequel il a aussi été élu député et sénateur à plusieurs reprises. Une fidélité à son territoire et à son parti – il n’a jamais quitté LR – dont il a fait une marque de fabrique. Un élément qu’il n’avait pas manqué de mettre en avant lors de la primaire LR en 2021, pour mieux se démarquer de ses concurrents Valérie Pécresse et Xavier Bertrand qui avaient, un temps, quitté LR. Fils d’un père entrepreneur et d’une mère militante dans des associations sociales, Michel Barnier s’engage rapidement en politique, marqué par Charles de Gaulle, inspiré par Jacques Chaban-Delmas. L’ascension est rapide, en 1978 il est le benjamin de l’Assemblée nationale. En 1981, le jeune député vote comme François Fillon ou Jacques Chirac contre la dépénalisation de l’homosexualité pour les mineurs de plus de 15 ans. Par ailleurs, il continue de jouer un rôle actif en Savoie, au Conseil général et participe à l’organisation des Jeux Olympiques d’Albertville en 1992.

Figure montante du RPR, réputé plutôt centriste, le Savoyard rejoint l’équipe gouvernementale d’Édouard Balladur. Michel Barnier occupe successivement les postes de ministre de l’Environnement puis de ministre délégué aux Affaires européennes avant de faire les frais, en 1997, de la dissolution de l’Assemblée nationale.

Une carrière relancée à Bruxelles

Pour rebondir, Michel Barnier atterrit au Sénat où il passe deux ans avant de partir pour Bruxelles où il est nommé commissaire européen à la politique régionale.

Une arrivée à Bruxelles qui confirme un tournant dans sa carrière politique. Désormais identifié pour sa maîtrise des sujets sensibles et techniques, Michel Barnier navigue habilement au sein de l’écosystème bruxellois. Au point qu’en 2004, Jacques Chirac le rappelle à Paris pour devenir Ministre des affaires étrangères et préparer le référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe. L’échec du référendum coïncide logiquement avec la fin de ses fonctions au quai d’Orsay. Un échec qui correspond à une nouvelle période de disette pour le Savoyard, écarté par Jacques Chirac. Mais Michel Barnier est un habitué des retours en grâce, en 2007, Nicolas Sarkozy, fraîchement élu Président de la République le nomme ministre de l’agriculture et de la pêche. Il quitte finalement l’exécutif pour mener la campagne des européennes avec Rachida Dati, avant de décrocher le portefeuille de commissaire européen au Marché intérieur, l’un des portefeuilles les plus prestigieux.

Néanmoins, en politique nationale, s’épanouir à Bruxelles revient à se faire oublier sur le plan interne. Du moins jusqu’à ce qu’il soit nommé négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit.

Un bras de fer qui dure pendant cinq ans et qu’il mène avec une habileté lui permettant de se rappeler au bon souvenir de ses concitoyens. Fort de ce succès, le Savoyard veut jouer les troubles fêtes et s’immisce dans la primaire LR pour la présidentielle de 2022. Même si chez LR vouloir être candidat à la présidentielle n’a rien d’original, il réussit à se démarquer grâce à son expérience et sa stature européenne et internationale. Il est notamment le seul à avoir été quatre fois ministre et deux fois commissaire européen.

« Patriote et européen » ?

Malgré son CV, qui plaît à droite, une partie des cadres de LR le soupçonne d’être un « macroniste déçu » comme rapportait Le Monde en 2021. En 2017, Michel Barnier avait d’ailleurs été sondé pour prendre la tête du gouvernement. Au moment de la primaire LR, pour se relancer, Michel Barnier n’hésite pas à remiser son image de « gaulliste social » pour reprendre des propositions plébiscitées par l’extrême-droite. Celui qui lançait sa campagne en signant une tribune intitulée « Patriote et européen », estime qu’il est temps de « retrouver notre souveraineté juridique ». Et pour cela la méthode est simple bien que particulièrement surprenante pour un habitué des arcanes européennes. Michel Barnier propose alors un référendum et un moratoire sur l’immigration avant de plaider pour « ne plus être soumis aux arrêts de la CJUE [Cour de Justice de l’UE, ndlr] ou de la CEDH [Cour européenne des droits de l’homme] ». Une proposition sans précédent au sein de sa famille politique et qui pose, sans le dire, la question de la sortie de la France de l’Union européenne. Après le tollé suscité par cette reprise des idées historiques du Front national, Michel Barnier tente de préciser son idée et évoque alors un « bouclier constitutionnel » pour écarter certaines décisions, notamment sur l’immigration.

« Autorité, dialogue, confiance ». Malgré ce slogan qu’il met en avant durant la campagne, l’ancien négociateur du Brexit échoue à la troisième position lors des primaires LR, derrière Éric Ciotti et Valérie Pécresse. Après cet échec, Michel Barnier rentre dans le rang et fait bloc derrière la candidate de LR. « Nous venons de subir un échec, donc on sait très bien que l’on ne va pas gagner la majorité absolue de l’Assemblée nationale, mais on doit être une force d’équilibre qui participe à la respiration démocratique. Je pense qu’il n’est pas bon pour notre pays que l’on ait ce bloc central, et seulement des extrêmes », déclarait Michel Barnier sur Public Sénat en mai 2022 après l’élection présidentielle. « Des gens disent qu’il faut se rétrécir, revenir à ce qu’était le RPR, mais je pense que ce serait une erreur de ne pas faire revenir à cette synthèse, ce rassemblement entre des hommes et des femmes qui ont une vision plus nationale, plus souverainiste parfois et d’autres qui sont européens comme je le suis », ajoutait le Savoyard.

La loi Barnier a transformé les principes généraux du droit de l’environnement en règles...

 

POINTS DE REPÈRE

Saint-Brieuc : Iberdrola ajoute au réseau électrique français, environ 1820 GWh/an d’énergies produites en mer

L’accord sur le Brexit envisage une coopération UE-Royaume-Uni dans les énergies renouvelables et le climat

Brexit : Pas de chaos, mais divorçons d’abord

 

 

Abonnez-vous aux articles complets, publiés dans les newsletters, au tarif 2024 et bénéficiez du mois d’août offert, ou inscrivez-vous gratuitement au Fil info de l’agence de presse d’energiesdelamer.eu. Offre valable jusqu’au 31 août 2024.

Avec l’abonnement (nominatif et individuel) l’accès est illimité à tous les articles publiés.
Abonnements : Aziliz Le Grand – Mer Veille Energie

Suivez-nous sur les réseaux sociaux Linkedin et Facebook

Le Business Directory, répertoire des membres soutiens d’energiesdelamer.eu. Les adhésions des membres permettent l’accès gratuit aux articles publiés sur leurs activités par energiesdelamer.eu. Véritable outil, la base de données comprend, depuis le 1er juin 2024, plus de 9 500 articles d’actualité indexés quotidiennement.

 


Ne copiez pas l’article, copiez le lien, vous protégez ainsi les droits d’auteur de notre équipe rédactionnelle.


Publicités Google :