France – Belgique – Vendredi 7/02/02020 – energiesdelamer.eu. En attendant le remplacement d’Isabelle Kocher, Claire Waysand, secrétaire générale, assumera le mandat de directeur général par intérim. Le conseil d’administration d’Engie a décidé jeudi 6 février de ne pas renouveler le mandat de sa directrice générale Isabelle Kocher, qui prend fin en mai 2020, afin « d’engager une nouvelle étape de sa transformation et d’approfondir sa stratégie ».
Nommée en mai 2016, Isabelle Kocher sera remplacée momentanément par un triumvirat constitué autour de Claire Waysand, nommée directrice générale par intérim, prendra la direction opérationnelle du groupe pendant la période de transition, a annoncé le fournisseur d’énergie et de services.
Claire Waysand sera épaulée par le directeur général des opérations Paulo Almirante et la directrice financière Judith Hartmann, a ajouté le groupe dans un communiqué publié à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire.
L’Echo (Belgique), consacre un long article sur l’éviction d’Isabelle Kocher, même si personne n’était dupe des difficultés et sur le principal reproche fait à Isabelle Kocher par son conseil d’administration, présidé par Jean-Pierre Clamadieu, était « sa trop forte inclination stratégique, intellectuelle même, au détriment de la dimension opérationnelle qu’impose la fonction de CEO d’un tel groupe. La stratégie est l’affaire du CA, pas du dirigeant », revèle L’Echo.
Les choix d’Isabelle Kocher se seraient heurtés aux volontés de l’actionnariat au fil de son mandat, avec une diversification des métiers du groupe jugée par certains excessive, empêchant le cours de Bourse de décoller, condamné à la stagnation contrairement à ceux des concurrents européens du secteur tels Enel, Iberdrola ou E.ON, et du reste du CAC 40.
Le manque de soutien au sein de l’actionnariat du groupe et selon certains une garde rapprochée, jugée trop faible, enfin les mésententes avec Jean-Pierre Clamadieu et les réticences, ouvertement exprimées, du Président Emmanuel Macron quant aux compétences de la patronne auront fortement pesé dans la balance, l’Etat français disposant de 24% du capital du groupe.
Sa tentative de céder les participations d’Engie dans le nucléaire belge à EDF sans l’aval de son conseil d’administration a contribué à l’éviction de Kocher.
Enfin, selon L’Echo, deux événements lui auront sans doute coûté la confiance du conseil et auront scellé le destin de la dirigeante. Sa tentative, d’abord, de céder les participations d’Engie dans le parc nucléaire belge à l’autre géant français de l’énergie EDF, le tout sans l’aval de son conseil d’administration et en dépit de l’avis du gouvernement belge, à l’époque dirigé par Charles Michel (MR).
Son contournement de la décision du CA, ensuite, dans le dossier Suez, dont Engie dispose de 32% des parts. Isabelle Kocher était allée à l’encontre de l’avis du conseil, proposant au Premier ministre français Edouard Philippe de procéder à une OPA sur Suez, ce qui aurait fortement déplu à Jean-Pierre Clamadieu et « aurait dû lui coûter sa place à ce moment-là », concède-t-on à L’Echo.
Enfin, une tribune de soutien à Isabelle Kocher signée par une longue liste de personnalités et publiée dans Les Echos (français) le 3 février dernier aura sans doute fait office de dernier clou du cercueil, le sommet de l’Etat et de l’actionnariat l’ayant sans doute perçu comme un ultime affront ».
Les questions posées par L’Echo (Belge)
Quel impact sur la stratégie du groupe ?
La stratégie conduite par Isabelle Kocher aura mené l’énergéticien à conserver une présence marquée sur les fronts des énergies renouvelables, des infrastructures, des services (comme présentés il y a deux semaines) ou encore de l’énergie nucléaire en Belgique par l’intermédiaire d’Electrabel, ce que d’aucuns estiment contraire au courant actuel de l’industrie.
La principale volonté exprimée par Jean-Pierre Clamadieu pour le futur d’Engie consiste en « l’accélération de la transformation du groupe et confiera à son successeur (homme ou femme) de renouer le cours de bourse du groupe avec la croissance. Dans cette optique, la stratégie de la transformation devrait se poursuivre mais elle prendra vraisemblablement une forme différente.
Qui succédera à Isabelle Kocher en mai prochain, seule femme dirigeante du CAC 40 ?
Quatre candidates semblent d’emblée se détacher, dont deux Belges.
Deux belges :
Dominique Leroy, d’abord, qui n’a pas était nommée à tête de l’opérateur télécom néerlandais KPN, et ancienne CEO de Proximus.
Sophie Dutordoir, ancienne d’Electrabel.
Deux Françaises :
L’actuelle patronne de la RATP Catherine Guillouard, qui siégeait d’ailleurs au conseil d’Engie jusqu’à l’an dernier,
Sandra Lagumina, l’ancienne directrice générale adjointe d’Engie, « très appréciée des équipes » qui avait quitté le groupe à la suite d’un différent profond avec Isabelle Kocher.
Quel rôle jouera Jean-Pierre Clamadieu ?
L’actuel président du conseil d’administration était pressenti pour endosser la double casquette de président et de directeur général, comme c’était le cas de Gérard Mestrallet entre 2008 et 2016.
Finalement, le pilotage opérationnel du groupe sera confié de manière collégiale à Paulo Almirante, directeur général des Opérations, Judith Hartmann, directrice financière et Claire Waysand, secrétaire générale, cette dernière assumant le mandat de directeur général par intérim.
Jean-Pierre Clamadieu sera amené à éteindre l’incendie politico-médiatique encerclant le groupe en cette fin d’ère Kocher. Du reste, c’est bien la poursuite de la transformation du groupe qui occupera son temps avec, en prime, la question du nucléaire belge à résoudre.
Quel impact sur la Belgique ?
Premier fournisseur d’énergie en Belgique et principal exploitant des sept réacteurs du territoire, Engie entretient une relation toute particulière avec le Royaume. Avec 2,1 milliards d’euros additionnels provisionnés pour programmer la sortie du nucléaire prévue, sauf preuve du contraire, à l’horizon 2025, le groupe, par l’intermédiaire de sa filiale Electrabel, reste solidement ancré en Belgique, à l’image du CA récemment remanié d’Electrabel. Avec Johnny Thijs comme président du conseil, la filiale sera sans doute amenée à jouer un rôle de plus en plus prépondérant sur la gouvernance de l’ensemble du groupe.
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