France – Jeudi 29/04/2021 – energiesdelamer.eu. Deux manifestations de pêcheurs sont prévues pour le premier jour des travaux de construction, prévu le lundi 3 mai, l’une en mer, l’autre à Saint-Brieuc.
Plusieurs patrons pêcheurs ont décidé de se réunir, avec leurs bateaux, sur le site du parc en mer de Saint-Brieuc, « pour empêcher Ailes marines de commencer à travailler », annonce Alain Coudray, le président du comité départemental des pêches des Côtes-d’Armor. De son côté, au nom du comité, il appelle tous les opposants au parc éolien à se joindre à un rassemblement à 10 h devant la préfecture de Saint-Brieuc. La Marine Nationale sera présente pour éviter des avaries en mer entre les pêcheurs et les navires retenus pour les travaux.
Les travaux d’installation du parc
Le lundi 3 mai, est le premier jour des travaux d’installation des pieux d’ancrage des fondations jackets (3 pieux par fondation) et des opérations de pré-tranchage des routes des câbles inter-éoliennes sont prévues sur la période de juin à septembre, afin de permettre la poursuite des activités de pêche, comme le mentionne l’article d’energiesdelamer.eu publié le 21/04/2021. La société Ailes Marines s’est engagée à ensouiller l’intégralité des câbles inter-éoliennes (90 km de câbles) du parc.
La période de pêche à la coquille Saint-Brieuc est terminée depuis le 7 avril
Sauf exceptions mentionnées à l’article 2 de la décision de la CRPMEM et de son groupe de travail, la pêche des coquilles Saint-Jacques sur les secteurs 1 et 4 du gisement de la Baie de Saint-Brieuc, est fermée à compter du mercredi 7 avril 2021 après la pêche. Article 2 : Journées de pêches exceptionnelles autorisées après la fermeture Après la date de fermeture des secteurs 1 et 4 du gisement de la Baie de Saint-Brieuc, des journées de rattrapage pourront être organisées à compter du jeudi 8 avril 2021. Les journées et horaires, modalités particulières de pêche et navires autorisés seront précisés par décision d’Olivier Le Nezet, Président CRPMEM de Bretagne sur proposition de la commission coquilles Saint-Jacques des Côtes d’Armor présidée par Alain Coudray ICI.
Un non dialogue permanent
Depuis plusieurs mois, plus personne n’arrive à renouer le dialogue. Parmi les nombreuses sources de conflits et les incertitudes pour la pêche française des façades de la Manche, Mer du Nord et Atlantique, certaines sont dues d’une part, au post Brexit, d’autres, au manque de connaissances et d’études scientifiques sur l’impact des activités d’installations de parc en mer sur les différentes espèces marines que l’on trouve en Baie de Saint-Brieuc. Plusieurs espèces sont concernées, et notamment la coquille Saint-Jacques, source importante de revenu pour les pêcheurs des Côtes d’Armor. Mais les retards considérables pris à la suite des différents recours
qui ont bloqué le système, les récupérations politiques qui ne sont pas en reste, tel que l’on n’a pu le constater lors du lancement d’un cocktail Molotov contre le chantier de RTE, dimanche dernier, et des retombées relatives au bénéfice pour des entreprises locales et régionales et les collectivités, font désormais partie du paysage.
Des communiqués successifs
Le 27/04/2021, le Comité des pêches 22 a diffusé la série de mesures correctives proposées aux membres du Comité de Gestion et de suivi du projet d’Ailes Marines pour le parc en mer s’appuyant sur différents arrêtés publiés depuis avril 2017 et le guide sur « les Préconisations pour limiter les émissions acoustiques sur la faune marine » publié par le ministère de la transition énergétique, réalisé par Ludivine Martinez de Cohabys – La Rochelle Université et son homologue NEREIS Environnement. Par ailleurs, d’autres études sont en cours, l’une menée par Laurent Chauvaud CNRS de l’IUEM – UBO, le Pr. Frédéric Olivier du Muséum national d’Histoire naturelle, le Dr. Delphine Mathias et la seconde par Michel André, Professeur de l’Université Polytechnique de Catalogne (UPC) et Directeur du Laboratoire d’Applications Bioacoustiques (LAB). L’OFB finalise un référentiel technique (en deux tomes) sur les Energies marines renouvelables en partenariat avec France Energies Marines, étude très complète qui devrait paraître cet été, ou « ECUME » Etude Intégrée Multi-Echelles d’Ecosystèmes côtiers réalisée par BOREA, Laboratoire de biologie des organismes et des écosystèmes aquatiques, qui fédère la recherche normande.
Le 28 avril, Ailes Marines a publié les différentes mesures renforcées de suivis en temps réel sur le bruit et la turbidité (état trouble de l’eau), durant la première phase des travaux de forage qui sur la zone nord du périmètre du parc de Saint-Brieuc
De nouvelles mesures complémentaires et des mesures de contrôle renforcées de la turbidité
Durant les travaux de forage des pieux d’ancrage des fondations des éoliennes, Ailes Marines instaurera un suivi et une surveillance en temps réel de la turbidité sur 9 fondations afin de prévenir tout dépassement des seuils autorisés. Ces mesures portent sur 3 fondations positionnées sur 3 natures différentes de sous-sol marin représentatives de la baie (roche affleurante, galets et blocs rocheux, sable et gravier). Ces mesures de suivis sont réalisées par un réseau de surveillance de 5 stations de contrôle (bouées) qui détectent les éventuelles variations de la turbidité.
Trois niveaux d’alerte mis en place par arrêté préfectoral seront suivis par Ailes Marines, afin de limiter les effets des travaux de forage et d’installation des pieux sur l’environnement. Un renforcement du suivi, une diminution de la vitesse de forage, ou un arrêt temporaire des travaux seront appliqués en fonction du seuil dépassé.
Les mécanismes dits de « concertation » au prisme des rapports de pouvoir
Annaig Oiry avait publié dans la revue VertigO, en 2015 un article sur les « Conflits et stratégies d’acceptabilité sociale autour des énergies marines renouvelables sur le littoral français« , avec une analyse sur le cas de Saint-Brieuc; En 6 ans, il semble que la situation n’a pas pu évolué. Si la concertation, les explications et le dialogue, tant entre professionnels qu’avec l’opinion publique sont nécessaires et doivent répondre aux demandes de mieux en mieux argumentées, l’océan et sa biodiversité face au changement climatique … sont des enjeux majeurs. Toutes les cartes sont rebattues tous les jours. Les nombreux travaux en mer, les aménagements touristiques, le transport maritimes, les activités de pêches portuaires, nécessitent aujourd’hui plus d’exigences et de plus grands moyens pour une recherche publique et/ou partenariale. Les demandes d’informations scientifiques augmentent, ce qui est une grande avancée. Mais, pour, les parcs éoliens en mer et les énergies marines renouvelables en général, derniers arrivés sur le terrain marin, la cristallisation des enjeux semble considérable.
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