WASHINGTON (Etats-Unis) – 12/11/2008 – Blog Les énergies de la mer – 3B Conseils – Selon le rapport (téléchargeable ICI), présenté le 10/11/2008 par le cabinet d’expertise financière et énergétique Brattle Group, au cours de la 43 ème Conférence financière de l’Edison Electric Institute, c’est la bagatelle de 1,5 à 2 trillions de dollars que les services publics américains et l’industrie devront investir entre 2010 et 2030 pour répondre au défi des énergies renouvelables sur le territoire américain. Ces chiffres colossaux, presque irréels, sont d’après le rapport, ceux qu’il faut considérer si l’on veut atteindre les 40 gigawatts d’énergie propre d’ici à 2030 fixés dans les objectifs gouvernementaux (ICI). Le rapport précise que toutes les énergies devront être sollicitées pour atteindre ce chiffre de 40 GW : gaz naturel, charbon, nucléaire et renouvelables non carbonées. Pour acheminer cette électricité nouvelle vers ses clients, les distributeurs devront consacrer la majeure partie des sommes citées plus haut à construire des centrales électriques capables de traiter l’électricité issue des énergies renouvelables, mais aussi et surtout consolider le réseau de transmission et les réseaux de distribution. En effet la fiabilité du réseau et sa connexion à de nouvelles sources d’énergies quelquefois éloignées (comme celles venues des énergies marines offshore) ne pourront être maintenues qu’à ce prix. Le rapport précise sans détour que le réseau national américain d’électricité a besoin d’une sérieuse mise à niveau, au point qu’il se pourrait qu’il faille investir plus d’argent dans le réseau lui-même que dans la production d’énergie renouvelable.
Un autre rapport publié le 11/11/2008 par le North American Electric Reliability (NERC) qui réglemente la distribution de l’énergie aux Etats Unis, enfonce le clou et vient stigmatiser le manque d’investissements dans les infrastructures de transport d’électricité comme un obstacle majeur au déploiement de l’énergie verte aux Etats-Unis. Dans ce rapport, Michael Heyeck, vice-président de American Electric Power, le grand distruibuteur national, va même très loin en écrivant :  » L’insuffisance d’attention portée jusqu’alors au réseau de distribution national risque de saper tous les efforts visant à lutter contre le changement climatique en mettant en danger notre fiabilité électrique, et donc notre sécurité nationale  » . Des allégations on ne peut plus graves relayées dans un éditorial au vitriol écrit par Al Gore dans le New York Times du 9 Novembre 2008 (ICI) demandant un investissement de 400 milliards de dollars sur 10 ans pour construire un  » réseau national intelligent « , indispensable pour relier les énergies renouvelables jusqu’aux villes des régions éloignées où les gens l’utilisent. A ceux qui pourraient s’offusquer de l’importance de la somme, Al Gore oppose qu’elle représente peu en comparaison de la perte pour les entreprises américaines de 120 milliards de dollars par an due aux défaillances endémiques du réseau actuel de lignes électriques, morcelé et vétuste.
Les deux rapports, en tout cas, celui de Brattle Group et celui de la NERC mettent en lumière les défaillances graves du réseau électrique américain. Afin de pouvoir délivrer l’électricité produite par les méga-parcs éoliens et solaires en cours de construction un peu partout sur le territoire, (dont le parc offshore des Grands Lacs), la NERC prévoit qu’une véritable autoroute à haute tension devra être construite. Cette  » autoroute de transmission  » serait superposée au réseau actuel pour permettre à l’énergie verte de parvenir directement dans les zones qui en ont besoin. La NERC devra soutenir le développement de ces nouvelles lignes. Dans ses déclarations concernant la politique énergétiques des Etats unis (ICI), le Président élu Barack Obama a précisé qu’il envisageait de consacrer dans l’infrastructure électrique des sommes extraites des fonds publics de l’ampleur de celles qu’Eisenhower avait consacré à l’Interstate Highway. Cette nouvelle autoroute énergétique aura, pour le contribuable américain, un coût qui a été chiffré en termes corrigés des variations, à plus de 2,8 milliards de dollars dans les premières 20 années. Beaucoup d’observateurs espèrent aux Etats Unis que ces fonds pourront être récoltés dans les 20 prochaines années.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : Sites Liés. Schémas : extrait du rapport Brattle Group téléchargeable en tête d’article.


Publicités Google :