LANDEDA (France) – 24/11/2008 – Blog Les énergies de la mer – 3B Conseils -Parmi les rares entreprises françaises présentes au second Tidal Energy Summit de Londres, l’entreprise d’ingénierie et d’études techniques française Aquaphile SARL, créée en décembre 1997 et basée à Landéda a présenté un projet tout à fait enthousiasmant d’hydrolienne flottante à courants de marée : Hydro-Gen®.

Pourquoi enthousiasmant ? Parce que cette hydrolienne flottante, déjà testée depuis plusieurs années sans médiatisation tapageuse mais avec une grande efficacité, possède la particularité d’allier une technologie simple et éprouvée à des coûts extrêmement contenus. Le système allie deux principes déjà bien connus : celui des bateaux-moulins mobiles (dont un exemplaire subsiste encore à Gien) qui fonctionnaient grâce à une roue à aube flottante et celui des premiers moulins à marée installés à partir du Moyen-Age en Bretagne comme le moulin de Birlot Bréhat, le moulin du Prat ou le moulin du Berno, structure en pierre dont la roue à aube transformait le courant de marée en énergie motrice. C’est en adaptant ces deux principes anciens aux besoins modernes (la production d’électricité), que la société Aquaphile a développé, à travers diverses étapes entre 2004 et juin 2006, un premier prototype Hydro-Gen®. Au fil des années les versions de prototypes ont évolué jusqu’à devenir une roue à aube enchâssée dans une catamaran-tuyères de 4,50 m sur 2 m, pour un poids de 1,06 tonne. Cette roue à aube flottante du 21e siècle, amarrée par des lignes de mouillages sur le fond marin est reliée à un générateur qui produit de l’électricité à partir des courants de marée.

Le prototype, développé en collaboration avec ENIB (Ecole Nationale des Ingénieurs de Brest) et le Lycée Vauban de Brest a fait l’objet d’une série de tests très satisfaisants, à l’Aber Wrac’h et sur le plan d’eau de l’Ecole navale, au Poulmic où les courants les plus forts ont atteint 5 nœuds. La Région Bretagne et l’Ademe ont financé la moitié de la recherche et développement du projet pour une somme évaluée à 100.000 € par le PDG d’Aquaphile, David Adrian.

Dans un récente déclaration au Télégramme de Brest (ICI), ce dernier indiquait : « Nous pensons que la technologie est bonne. La puissance théorique du prototype est de 7 kw, nous avons produit jusqu’à 3 kw mais ce qui est important c’est l’approche « low cost » d’Hydro-Gen® par rapport à une hydrolienne sous-marine classique, sa facilité de réparation, de maintenance. On n’utilise que des composants qui sont sur étagères ». La phase de commercialisation de petites unités (Hydro-Gen 20®) devrait commencer sous peu. La construction de machines plus grosses, les Hydro-Gen 750® et les Hydro-Gen 1000® d’une puissance de 1Mw, pouvant exploiter des courants de 8 à 10 noeuds et reliables au réseau, est déjà envisagée.

Selon le Télégramme, David Adrian, en contact avec la filiale d’un gros groupe d’énergie français, serait en phase de négociation pour réaliser une première machine de petite capacité (20 kw) qui serait destinée à un atoll de Tuamotu (Polynésie française), zone où la force des courants dans les passes est connue pour son exceptionnelle puissance.

Cette machine, de 8 m sur 4 m, pèserait entre 7 et 10 tonnes et pourrait être en aluminium. De nombreux partenaires publics et privés en dehors de ceux déjà cités plus haut croient et soutiennent le projet Hydro-Gen® ; c’est le cas de la Marine Nationale, de Doris Engineering (Leader français de l’ingénierie en mer), d’Actimar (Leader français de l’océanographie opérationnelle), de l’IREnav (Institut de Recherche de l’Ecole Navale), de l’IMFT (Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse), de l‘ENSEEIHT (section Hydraulique et Mécanique des fluides),de l’IFP (Institut Français du Pétrole) et de l’INSA Lyon (section Mécanique).

L’idée de développer des hydroliennes de surface basées sur des concepts simples et qui intègrent, dès le départ, la maîtrise des coûts, apparait comme LE paramètre essentiel du succès de ce projet. Les exemples ne se comptent plus de technologies marines qui lassent les interlocuteurs par la complexité de leur mise en œuvre ou par les coûts prohibitifs d’entretien. Le canadien Finavera®, leader mondial de l’énergie des vagues, en a récemment fait les frais en se voyant refuser un permis pour un de ses plus importants projets aux Etats-Unis. Il n’est pas jusqu’aux pionniers du genre comme Pelamis Wave ® ou Marine Current Turbines® qui ne finissent par épuiser leurs investisseurs et donner l’impression générale d’une assez grande fragilité surtout en temps de crise financière grave. Un exemple parmi d’autres de la simplicité d’Hydro-Gen® : le fait qu’elle utilise le mouillage et ne nécessite pas de permis de construire. Cette pertinence de la réponse, parmi d’autres, n’est pas le fruit du hasard mais d’une observation menée depuis 2002 par David Adrian sur les technologies de la mer et leurs contraintes technologiques, environnementales et… légales. Ainsi la loi qui impose au propriétaire d’une installation marine de constituer dès son début une réserve financière en vue du démantèlement et de la remise en état du site après exploitation (art. 40 de la loi du 13 juillet 2005) place de fait la question des coûts au centre de la conception des projets d’énergies marines. Le projet Hydro-Gen® a fait l’objet d’une réflexion sur cette contrainte avant même d’être né. Résultat : un coût de fabrication moindre pour une technologie efficace inspirée de systèmes éprouvés ; des coûts de réparation et d’entretien moindres pour un système toujours accessible en surface ; un moindre coût de dé-construction future puisque la machine est déplaçable comme une simple barge.

Ajoutons à cela que pour un tel type de machine exploitable uniquement sur des sites à forts courants (comme la pointe du Raz de Blanchart avec ses 12 noeuds) il existe peu de conflits potentiels avec les autres utilisateurs de la mer qui s’y aventurent peu pour des activités économiques ou de loisirs. L’équipe Hydro-Gen® a d’ailleurs déjà présélectionné plusieurs sites en Bretagne selon trois critères : force des courants, état de la mer, acceptabilité locale. Les accords de principe des collectivités locales, des utilisateurs de la mer, et des institutionnels semblent acquis.

Le premier site se situe dans la rade de Brest (Finistère). Une étude est également en cours pour installer d’une machine Hydro-Gen® à l’EMEC(European Marine Energy Center), premier centre de test européen, dans les Orkney Islands en Grande-Bretagne. Voilà un projet simple et efficace qui n’a pas fait beaucoup de tapage médiatique mais qui saura trouver aussi sûrement sa place dans l’éventail des énergies marines futures que la roue aube a su fournir de l’énergie à l’humanité depuis l’Antiquité syrienne.
Article : Francis ROUSSEAU

 

Docs : Sites liés. Photos 1 : Simulation prototype Hydrogen : © Hydro-Gen. 2.Prototype v4 d’Hydro-Gen © Hydro-Gen. 3. David Adrian, PDG d’Aquahile SARL. 3. Hydro-Gen20 © Hydro-Gen 4. La roue à aube d’Hydro-Gen © Hydro-Gen 5. Site du raz de Blanchard © DP. 6. Carte du site Hydro-Gen à Brest


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