SEOUL – 21/03/2008 – Après l’espagnol Iberdrola qui annonçait la mise en chantier de  » la plus grande ferme hydrolienne d’Europe « , voici que l’anglais Lunar Energy qui lui même avait déjà fait la même annonce en novembre 2007 pour son projet de la Péninsule St David (Pays de Galles) sonne à nouveau le clairon avec un projet de 300 hydroliennes en Corée du Sud. Là encore, ce serait  » la plus grande ferme hydrolienne jamais construite « . 300 ? N’était ce pas précisément le chiffre annoncé par Verdant Power pour l’estuaire de l’Hudson River à New York ? C’est bien le même chiffre mais… une fois sorti des belles simulations par ordinateur et confronté à la réalité du terrain et aux réalités juridico-administratives, il s’est trouvé soudainement divisé par 10. (cf. notre archive du 17/03/08). L’écueil administratif est peut-être moins important en Corée du Sud qu’aux Etats-Unis, mais la mer reste ce qu’elle est partout, imprévisible et difficile. Ne faudrait-t-il pas montrer plus de prudence face à toutes ces belles maquettes, présentées comme des réalités, face à ces simulations acidulées et à ces superlatifs tous plus « plus » mieux les uns que les autres ? Les maquettes ne reflètent rien d’autres qu’elles-mêmes et en tout cas sûrement pas la réalité des projets ! L’américain Verdant Power l’a appris à ses dépens ! Le français HydroHelix a au moins évité ce piège, en présentant prudemment une seule simulation de son hydrolienne Sabella DO3 ; l’avenir prouvera qu’il n’avait sans doute pas tort. Les superlatifs sont très flatteurs par définition, mais à vouloir faire de chaque ferme hydrolienne  » la plus grande d’Europe et du monde  » on en arriverait presque à se demander combien il y a d’Europes dans ce monde là et même, combien il y a de mondes dans celui-ci !!! Un minimum de recul paraît donc maintenant nécessaire. On essayera sur ce blog de le conserver en employant, autant que possible, le conditionnel tant que les premières implantations n’ont pas eu lieu. Pour l’instant donc, l’état des lieux en matière d’exploitation des courant en profondeur est assez simple et il n’y a guère de quoi sombrer dans le superlatif. Aux Etats Unis, 6 des 30 hydroliennes rescapées des 300 initialement prévues sont en cours d’installation, non sans difficulté, dans l’embouchure de l’Hudson River. Au Royaume-Uni, un projet E.ON et Lunar Energy de 8 turbines de 15 m de haut et 25 m de long, devrait être mis en oeuvre au large de la Péninsule de St David dans le courant de l’été 2008 pour être achevé en 2010, si l’on croit The Times (édition du 5/11/2007). Un autre projet engageant Lunar Energy, Midland Power Co., Hyundai Samho Heavy et Rotech Engineering Ltd, prévoierait d’installer à l’horizon 2015, dans la passe Wando Hoenggan en Corée du sud, 300 turnines… mais en réalité seul un essai sur une turbine pilote d’1MW serait planifié par les autorités coréennes en mars 2009, dans le cadre d’une étude de faisabilité visant à évaluer les impacts environnementaux. En France la première turbine hydrolienne pilote, Sabella DO3 exploitant le courant en profondeur et fabriquée par la société française HydroHelix sera belle et bien « baptisée » d’ici quelques jours, en Bretagne. C’est une réalité ! malgré l’aspect liturgique (de saison) de l’annonce…
Article : Francis Rousseau
Sources : Lunar Energy Ltd ; Verdant Power ; HydroHelix. Photo 1 : simulations dhydroliennes Lunar Energy. 2 Sabella DO3@HydrOHelix


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