PARIS – (France – U.E.) – 14/04/2010- 3B Conseils-A la suite de l’article que j’ai consacré le 12/ 04/2010 ICI au radar Lockheed Martin TPS-77, conçu par les Britanniques pour résoudre le problème des perturbations de signaux radars causées par l’implantation des éoliennes offshore, un lecteur a attiré mon attention sur un rapport établi en France sur le même sujet par l’ONERA pour le CEMTEF (Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales) du MEEDM.
Et en effet dans un rapport de 35 pages diffusé aux intéressés en août 2007 et intitulé  » Etude des perturbations des équipements électromagnétiques de localisation maritimes et fluviaux par les éoliennes  » le département Electromagnétisme et Radar de l’ONERA (Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales) avait déjà clairement identifié les problèmes posés par l’usage des éoliennes bien avant que la première d’entre elles ne soit mise en service sur le territoire français (pas de panique, vous n’avez pas loupé un épisode du feuilleton : il n’y a toujours pas d’éolienne offshore en France !).
Dans ce rapport de 2007 donc on pouvait déjà lire (page 32. par.7.1.1.) :
 » La présence d’une éolienne ou d’un parc éolien en mer ou sur terre va entraîner divers effets sur la détection des radars « . Et parmi ces effets, l’étude identifie nommément les effets de masquage qui provoquent  » une perte de détection peu importante des gros navires  » mais  » une perte de détection sur une distance de 10 km des petits navires quand ils sont placés derrière le mât des éoliennes. » Le rapport identifie aussi des  » générations de fausses cibles  » c’est-à-dire  » des effets multi-trajets quand les navires sont à l’intérieur d’un parc éolien ou à proximité d’une éolienne. » En ce qui concerne les radars aériens CROSS Section (RCS) employés pour la détection et le guidage des avions et missiles, le rapport est clair :  » Dans le secteur opérationnel du radar : exclusion totale d’éolienne à moins de 5 km des radars. »
Mais ce rapport en son temps ne se contentait pas de faire des remarques – restrictives on va dire – sur l’impact des éoliennes. Il émettait à la fois un certain nombre de recommandations originales et simples pour en atténuer les effets. Il ne m’appartient pas de divulguer ici lesquelles mais les intéressés les trouveront toutes contenues dans ce rapport de l’ONERA. Les préconisations de ce rapport de 2007 ne sont pas restées lettre morte, loin s’en faut ; elles ont généré une réflexion qui dure encore. Le seul problème c’est que la réflexion dure un peu trop longtemps au gré d’un certain nombre d’acteurs ! C’est d’ailleurs un petit problème de gouvernance contemporaine en général, et français en particulier, bien connu : ou bien l’on réfléchit longtemps et beaucoup, ou alors on ne réfléchit pas du tout. Entre les deux, souvent, le no man’s land ! Dans l’intervalle, je veux dire depuis 2007, l’ONERA est devenu un consultant incontournable en matière d’implantation de parcs éoliens et d’analyse des perturbations radars qu’ils causent.
Comme le rappelle l’ONERA sur son site à la rubrique faire cohabiter éoliennes et radars , devant le problème devenu récurrent des perturbations des radars par les éoliennes, le MEEDM (Ministère de l’Écologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer) a décidé de lancer un programme de recherche sur ce sujet, piloté par l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie).
Il comprend trois phases, dont la première devrait démarrer d’un point de vue opérationnel courant 2010 :
– Dans une première phase l’ONERA et Oktal SE vont développer SiPRÉ (Simulation des Perturbations des Radars créées par les Éoliennes) un outil logiciel portant sur une scène de plusieurs dizaines de kilomètres carrés (incluant le logiciel Fermat). Fin 2010, les simulations seront comparées à des mesures réalisées sur le terrain (radar météo, champ d’éoliennes). Cet outil permettra de rendre les futures implantations « simulables » et les discussions entre météorologues et aménageurs s’engageront sur des bases scientifiques plus solides.
– Dans deux autres phases prévues à des dates qui ne sont pas communiquées, les pales d’éoliennes pourraient devenir plus discrètes vis-à-vis des signaux radars. Il s’agira alors de travailler (savoir-faire ONERA) leur furtivité grâce à des matériaux absorbants radar intégrés aux pales. Un démonstrateur devant être réalisé à une date non communiquée là aussi par EADS Astrium.
De leur côté, les radaristes ou équipementiers en radars sont invités à développer des traitements du signal pour corriger les effets des éoliennes (savoir-faire ONERA). Je rappelle qu’au Royaume-Uni cela vient d’être fait avec Lockheed Martin. EADS (ou d’autres mais je ne vois pas bien qui ?) ne devrait pas tarder à relever, si je peux dire, le flambeau côté français.

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : Sites liés. 1. Image : simulation Radar CROSS © DP. 2. Image Dopler extrait du rapport ONERA 2007 (pour agrandir l’image : cliquer sur son contenu).

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