France – Mardi 09/02/2021 – energiesdelamer.eu. Philippe Thieffry, chef de mission Bretagne Ocean Power pour Bretagne Pôle Naval, Breizh EMR, Wind’Occ, Normandie Maritime, Neopolia a fait paraître une tribune dans Usine Nouvelle.
Ainsi que le mentionne Usine Nouvelle, les tribunes sont publiées sous l’entière responsabilité de leurs auteurs et n’engagent en rien la rédaction de L’Usine Nouvelle. La Rédaction d’energiesdelamer.eu a souhaité faire connaître les positions des représentants des TPE-PME et ETI qui représentent le tissu industriel et de service local, créent les emplois, et permettront aux parcs éoliens en mer et aux énergies marines de se développer et de s’intégrer sur et au territoire.
« Le marché de l’éolien en mer dans le monde est en pleine construction et promis à une dynamique de croissance exponentielle dans les années à venir. En France, la décision d’initier les premiers parcs commerciaux flottants dès 2021 sur la façade atlantique au sud de la Bretagne, puis sur la façade méditerranéenne est une opportunité de développer une filière industrielle robuste en consolidant l’offre des acteurs de l’éolien posé, déjà compétitive. A quelques semaines du lancement du 1er appel d’offres pour l’éolien flottant (Ndlr en Bretagne sud), nous, collectifs industriels des régions littorales, nous nous mobilisons au nom de plus de 500 TPE-PME et ETI locales. Notre objectif : faciliter leur accès aux prochains projets éolien en mer et contribuer à la relance économique.
Transition énergétique oblige, l’éolien en mer va occuper une place de plus en plus grande dans la production d’énergie. En Europe, l’objectif est de porter sa capacité de production de 12 GW actuellement, à au moins 60 GW d’ici à 2030 et à 300 GW en 2050, l’équivalent de 25% de la production électrique européenne. En France, les projets nationaux d’éolien en mer posé attribués (Ndrl en 2012 et 2014 après les appels d’offres lancés par l’Etat en 2011 et 2013), démarrent (Fécamp, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Courseulles, Le Tréport). Ils représentent près de 5GW (Ndlr avec les 4 fermes pilotes éoliennes flottantes), sachant que l’objectif national est d’attribuer 1GW par an sur les 10 prochaines années dans de futurs projets éoliens en mer posés ou flottants.
Une énergie rentable
Cette énergie est déjà rentable en Europe du Nord et on arrive en France à des coûts de production extrêmement compétitifs : le champ de Dunkerque produira à moins de 50€/MWh. Les réalisations en cours en Baie de Saint-Brieuc et à Saint-Nazaire démontrent chaque jour l’expertise de nos entreprises françaises dans le domaine de la métallurgie, de la chaudronnerie, des services maritimes ou portuaires. Pour autant, ce savoir-faire local n’a pas été aussi sollicité qu’il aurait pu l’être. La marge de progression reste importante puisque des milliers d’emplois peuvent être mobilisables sur de tels projets.
Des TPE PME / ETI avec des personnels formés et qualifiés
Les TPE PME se sont très rapidement donné les moyens pour se former, passer des certifications et engranger une expérience positive sur ces premiers projets en mer français. En Bretagne, Normandie, Pays de la Loire, Occitanie, Sud Paca, des dizaines de PME locales avec certifications et formations spécifiques sont à présent sur les rangs. Elles sont maintenant armées pour conquérir de nouveaux contrats dans l’éolien flottant et, à terme, une centaine pourrait être concernée.
L’éolien flottant avec des acteurs français
L’industrie de l’éolien en mer posé s’est développée en Europe depuis plus de 10 ans. Les industriels d’Europe du Nord ou de la péninsule ibérique ont une longueur d’avance et disposent déjà d’infrastructures dédiées. En revanche, l’éolien flottant est une évolution technologique, qui permet l’émergence de nouveaux acteurs français et ouvre une opportunité unique de développer de nouvelles activités industrielles sur le territoire national. L’industrialisation et l’exploitation des parcs éoliens flottants sont par essence fortement dépendants des capacités industrielles, industrialo-portuaires et maritimes des territoires d’accueil.
Des sites d’accueil
Construire les briques industrielles de ces projets, assembler les flotteurs, armer les plateformes, les assembler aux turbines, transporter les éléments sur le site d’accueil, ancrer les plateformes en mer, connecter les parcs au réseau et maintenir ces parcs en activité opérationnelle, nécessiteront plus que pour l’éolien en mer posé, des bases industrielles et des compétences solides de proximité, telles qu’elles émergent déjà autour du Havre, Brest, Saint-Nazaire et Port La Nouvelle.
Les porteurs de projets doivent prendre appui sur les acteurs locaux
L’objectif de développer une industrie locale forte ne pourra être atteint que si les porteurs de projets prennent appui sur les acteurs locaux. C’est donc à l’Etat d’inciter énergéticiens et développeurs à s’appuyer sur les entreprises du territoire, en attribuant ces marchés sur des critères spécifiques : d’insertion territoriale du projet s’appuyant sur une organisation industrielle basée sur les infrastructures portuaires et sur les compétences locales ; d’objectifs chiffrés ambitieux en pourcentage de PME locales participant au projet et d’adaptation d’une méthodologie de process d’achat et de consultation pour les PME; et de prise en compte des impacts sociaux et environnementaux du projet, dans une logique de circuits courts, d’accès à l’emploi, de critères durables et éthiques. Pour ce faire, les critères d’évaluation des offres doivent porter sur un juste coût économique (compétitivité), social (emplois locaux) et environnemental du MWh produit par les parcs éoliens en mer.
Nous, collectifs industriels des régions Bretagne, Normandie, Occitanie et Pays de la Loire représentons plus de 500 TPE-PME et ETI de la chaîne de valeur française. Nous comptons sur l’Etat et sur les grands acteurs de l’énergie pour faire appel aux forces économiques locales et favoriser ainsi la naissance de nouveaux métiers, d’une nouvelle filière et de nouveaux emplois dans nos territoires.
Philippe Thieffry
POINTS DE REPÈRE
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