France – Mardi 13/04/2021 – energiesdelamer.eu. Après avoir présenté en janvier dernier ses scénarii de faisabilité technique pour le réseau, notamment un scénario 100% renouvelables, RTE poursuit son travail pour présenter à l’automne des analyses économiques, environnementales et sociétales. A mi-chemin de ce parcours, Thomas Veyrenc, directeur exécutif en charge de la Stratégie, de la Prospective et de l’Evaluation de RTE, a répondu la semaine dernière aux questions des associations de journalistes de l’énergie et de l’environnement , respectivement l’AJDE et l’AJE.
Le but de l’étude, a rappelé Thomas Veyrenc, est « d’analyser de quel système électrique doit-on disposer pour atteindre l’objectif fixé par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), c’est-à-dire la neutralité carbone en 2050. Un objectif qui n’est pas remis en question ». Le travail entrepris, et mis à consultation, est de voir quelles sont les configurations nécessaires pour atteindre cet objectif, de passer en revue, les avantages et les inconvénients des options possibles. La dynamique d’électrification en cours signifiant plus d’électricité à terme. Une fois la faisabilité technique de tous les scénarii, même les plus extrêmes (sans nucléaire et avec 100 % renouvelables), il convenait donc de les prendre en compte, avec du nucléaire, ce sera les scénario de type « N », et sans nucléaire, ou avec une forte baisse du nucléaire dans le mix, ce sera les scénarii « M ».
D’ores et déjà, RTE a reçu plus de 4 000 contributions provenant de tous les horizons (organisations professionnelles, énergéticiens, GRT et GRD, syndicats, think-tanks, associations de consommateurs, de producteurs, et ONG bien entendu. La trentaine de personnes dédiées au projet ont donc du pain sur la planche jusqu’à l’automne.
Huit « grands » scénarii sont sur la table, avec trois variantes. En outre, pour la première fois RTE intègre dans son analyse différentes hypothèses de changement climatique. En réalisant des « stress tests » (canicule prolongée, grand froid, faible vent, etc…), en se fondant sur un modèle climatique mis au point par Météo France.
Et les énergies de la mer ?
Bonne nouvelle, aucun scénario ne fait l’impasse sur les énergies de la mer. Moins bonne nouvelle, seul l’éolien en mer est pris en compte.
Dans les scénarii les plus « bas » (N3 et N0) avec éolien en mer, ce dernier représente entre 25 GW et 30 GW, et pèse 14% de la production nationale à l’horizon 2050.
En revanche, dans les scénarii les plus hauts en termes d’énergies de la mer – M0, qui correspond à la sortie totale du nucléaire et 100% renouvelables, et M3, « énergies marines renforcées » – l’éolien en mer tope respectivement les 60 GW et même 65 GW, pour représenter entre 30% et même 35% de la production nationale. Le scénario M3, « énergies marines renforcées » donc, place même l’éolien en mer, avec 35%, comme première source de production d’électricité à l’horizon 2050, loin devant le photovoltaïque, dont les 105 GWc ne délivrent « que » 21% de la production et l’éolien terrestre (21% de production, pour 55 GW de capacité).
A noter que dans le scénario de relance nucléaire forte (avec une paire d’EPR tous les 2 à 3 ans dès le début des années 2030), l’éolien en mer reste non négligeable dans la production, les 35 GW délivrant quelque 20% du mix total…
Les usines de fabrication de nacelles et de pales pour les éoliennes en mer pèsent dans la balance, notamment dans le scénario M3
Au-delà de ces huit scénarii, RTE étudie trois « variantes » : réindustrialisation et relocalisation, sobriété + ou – (pour explorer l’incertitude sur la demande électrique) et enfin une variante hydrogène + (pour analyser les couplages hydrogène/électricité et les solutions d’électrification indirectes, comme dans les transports. Dans ce dernier cas de figure, les énergies marines peuvent avoir un rôle non négligeable à jouer. De même, en termes de relocalisation et de réindustrialisation, les usines de fabrication de nacelles et de pales pour les éoliennes en mer pèsent dans la balance, notamment dans le scénario M3.
Enfin, comme le signale Thomas Veyrenc, pour les énergies marines, trois sujets sont sur le tapis. L’éolien posé, pour lequel il n’y a pas de débat, avec des hypothèses de coûts consensuelles et qui est nécessaire dans les scénarii de type « M ». L’éolien flottant ensuite, qui pose plus de débats sur les coûts, dans la mesure où il n’existe pas encore vraiment de retour d’expérience commercial, et qui contraint à mettre en œuvre une fourchette d’incertitudes. Et enfin, l’hydrolien, pour lequel il existe une véritable incertitude. D’autant que le travail demandé à RTE ne prend pas du tout en compte les zones non-interconnectées, le gestionnaire du réseau de transport n’ayant pas la « main » sur ces zones.
POINTS DE REPÈRE
24/03/2021 – Présenté par Xavier Piechaczyk, président de RTE, le Rapport mentionne « s’agissant de l’éolien en mer, des évolutions significatives sont intervenues ces derniers mois et conduisent à crédibiliser le planning annoncé au moins pour les quatre parcs de l’AO1, dont les lauréats ont été désignés en 2012.
RTE : Bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande d’électricité 2021
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