France – 26/11/2021 – energiesdelamer.eu. Le délégué général de France énergie éolienne Michel Gioria, revient sur la dernière édition de FOWT qui s’est achevée le 18 novembre et détaille les conditions du développement de l’éolien flottant en France.

Quel bilan tirez-vous de la neuvième édition de FOWT qui s’est tenue du 16 au 18 novembre à Saint-Malo ?

La fréquentation était vraiment au rendez-vous, avec 900 participants sur place, soit un tiers de plus que lors des éditions précédentes. Alors même que, pour des raisons sanitaires, l’Asie et les Etats-Unis étaient quasiment absents. Cela montre le caractère structurant des appels d’offres commerciaux, qui donnent un signal clair aux acteurs de la filière. Les premières fermes pilotes françaises, désignées lors du premier programme d’investissement d’avenir (PIA), ont été très longues à déployer. Mais l’AO5 (250 MW en Bretagne Sud, susceptible d’être ensuite agrandi à 750 MW) est le premier faisant l’objet d’une politique de raccordement et de tarif d’achat à être lancé dans le monde. Le dialogue compétitif est en cours. Plusieurs signaux laissent entrevoir un prix inférieur à 100€/MWh, alors que le plafond du cahier des charges est de 120€/MWh.

Cette édition a permis de constater que les régions françaises travaillent sur la mobilisation des compétences, le développement économique, les infrastructures, la R&D… Elles investissent dans l’aménagement des ports, dans des équipements techniques et scientifiques. Et elles le font en bonne intelligence entre elles. On observe à la fois de l’émulation et, dans le cadre d’une vision internationale, l’ambition de constituer une équipe de France de l’éolien flottant. Comme on est encore très en amont de la construction des parcs, la filière est tout à fait à même de s’organiser de façon à développer le contenu local. Mais il faut aller vite, dans un secteur très concurrentiel. Donc, investir rapidement, à la fois en R&D et en développement industriel.

Comment réagissez-vous aux réticences qui se sont exprimées lors du débat public Méditerranée qui vient de s’achever ?

 Sur les sujets de transition énergétique en général, il faut rappeler que la principale ressource qui nous manque, c’est le temps. Il nous reste au maximum 30 ans pour agir. De nombreux acteurs n’ont pas conscience de l’impact du changement climatique, y compris sur leurs propres activités. C’est d’ailleurs la première cause de destruction de la biodiversité. Dans le cadre de l’éolien flottant, cela signifie qu’il faut réconcilier l’action et l’acquisition de connaissances. Ce qui est d’ores et déjà engagé, avec un programme tel que Migralion (portant sur l’utilisation du Golfe du Lion par les migrateurs terrestres et l’avifaune marine), porté par l’Office Français de la Biodiversité avec comme partenaires recherche France Energies Marines, CEFE CNRS, Biotope, Tour du Valat, MNHN, LPO, Aude Nature, Med Migration, Pôle Mer Méditerranée, Vogelwarte, ou encore l’Observatoire sur les effets cumulatifs de l’éolien offshore récemment annoncé par le Premier ministre qui sera piloté par l’IFREMER. Il faut aussi appliquer les connaissances déjà acquises sur le posé. Les 5700 éoliennes déjà présentes dans les mers européennes nous apprennent qu’en termes de fonds marins, de faune marine ou d’avifaune, les conséquences environnementales des phases de chantier et d’exploitation sont mineures. L’impact disparaît après les travaux et la faune se reconstitue. Il faut remettre ces faits sur la table, et que les associations (d’élus, de pêcheurs, de défense de l’environnement), représentant tous ceux qui se partagent la mer, aillent constater comment cela se passe ailleurs.

Rappelons que l’éolien est souvent le dernier arrivant après la pêche et la plaisance, dont les impacts sont à la fois plus durables et mal documentés, en l’absence de remontées d’information. L’éolien n’a pas à faire les frais de cette situation.

Concernant l’AO6 (2 parcs de 250 MW en Méditerranée), c’est important pour faire exister l’équilibre entre la Bretagne et la Méditerranée qu’il soit lancé, comme prévu, avant l’élection présidentielle de 2022.

Quelle planification attendez-vous pour un déploiement harmonieux de l’éolien en mer ?

Il faut sortir de la concertation et de la planification projet par projet. Comme le rappelle RTE, pour déployer 18 GW à horizon 2035, il faut une concertation et une planification assorties d’un calendrier, d’un cadencement précis auquel l’Etat et les collectivités devront se tenir. L’approche par façade est à peine balbutiante. Dans leur rôle de chef de file sur la transition énergétique, les régions, qui ont une connaissance fine de leur écosystème, peuvent mener ces travaux sur leur territoire. Ceux-ci devront ensuite être agrégés afin de vérifier s’ils permettent d’atteindre les objectifs nationaux. Dans le cas contraire, il faudra engager un dialogue entre l’Etat et les régions afin d’y parvenir.

Les fermes d’éolien flottant, bien que situées en ZEE, vont finalement être taxées comme le posé.

Oui c’est un amendement au projet de loi de finances déposé par le gouvernement. Le plus important à nos yeux serait de respecter une équité entre les différentes sources de production d’énergie. Aujourd’hui, l’IFER (imposition forfaitaire des entreprises de réseaux) est cinq fois moins élevée pour le nucléaire que pour l’éolien. Par ailleurs, cette fiscalité doit être affectée. Par exemple, à la décarbonation de la flotte de pêche, qui fonctionne encore en totalité au fuel. Aujourd’hui, les retombée sur l’économie locale restent plutôt floues. Pour le posé, il est prévu que les communes depuis lesquelles un parc est visible perçoivent une partie des ressources fiscales. Mais qu’est-ce que cela signifie, lorsque par exemple les conditions météorologiques font que le parc de Saint-Nazaire ne sera visible depuis La Baule que 20 jours par an ?

POINTS DE REPÈRE

11 ans de débats publics et de concertations sur l’éolien en mer : quels enseignements ? 

Le 7 décembre prochain à 11 heures, Francis Beaucire président de la CPDP Nouvelle-Aquitaine et Etienne Ballan président de la CPDP Méditerranée interviendront aux côtés de Chantal Jouanno présidente de la CNDP et Philippe Ledenvic président de l’Autorité environnementale ICI.


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