BRUXELLES – (Belgique-U.E) – 03/06/2009 – energiesdelamer.eu – Dans un article que j’écrivais dans ce siteblog le 5 mai dernier, je faisais état d’un projet de giga réseau européen concernant l’éolien offshore. C’était un projet qui me semblait alors déjà assez audacieux (par les temps qui courent) mais voici que l’Union européenne entend nous en donner plus (pour notre argent bien entendu!) avec un projet de super réseau européen qui regrouperait non seulement l’éolien en mer mais aussi l’éolien terrestre et, tant qu’on y est, toutes les énergies vertes. Ce super réseau s’étendrait (cf.la carte) jusque sur la moitié de l’Afrique et couvrirait même la péninsule arabe ! Diable !

 

Poudre aux yeux en période électorale ou projet (vieux de 3 ans déjà) appelé à un radieux avenir, le concept n’est pas tombé à plat du côté des Etats-Unis soudainement très impressionnés par son gigantisme. Qualifié par Green Optimistic de projet  » tout à fait digne d’un scénario de science fiction » (on adore!), ce concept visionnaire de l’Union européenne se propose d’alimenter l’ensemble du continent (et plus si affinités donc) en électricité produite exclusivement grâce à toutes les énergies vertes réunies : solaire, géothermie, hydraulique mais aussi éoliens onshore et offshore, énergie des vagues et des courants marins, autres énergies marines et toutes énergies vertes à venir !

 

Ce projet de super réseau relierait des parcs éoliens offshore en mer du Nord aux centrales solaires des confins du Sahara, les sources géothermiques des volcans d’Islande aux marées de la Finlande, les éoliennes des immenses étendues espagnoles à la Mer Noire et au soleil dardant du Moyen-Orient. Et bien oui ! on est comme ça en Europe : on s’enthousiasme pas souvent mais quand on s’enthousiasme c’est pas à moitié!

 

Rassurons nous cependant, le projet qui en est à sa première phase de conception est prévu pour se réaliser dans plusieurs décennies seulement. En même temps il faut être un brin réaliste tout de même : l’U.E malgré ses efforts – et bien que la part des énergies fossiles diminue sans arrêt au profit de celle des énergies renouvelables – est encore sous équipée en renouvelables et surtout encore très dépendante du gaz russe pour ses approvisionnements. Signe d’un changement des mentalités, ce projet (vraiment fou) de super réseau suscite cependant un intérêt marqué dans tous les pays de l’Union sans exception.

 

Sa cause a même gagné du terrain auprès de responsables politiques et non des moindres puisque l’on compte en tête de ceux-ci le Président français Nicolas Sarkozy, et le premier ministre du Royaume-Uni, Gordon Brown, qui en ont été (et en seraient encore) les plus ardents défenseurs. Le père de ce concept un universitaire allemand de l’Université de Kassel, Gregor Czisch, estimait en 2006, date de la révalation du concept au Deutsche Welle (ICI) qu’il pourrait coûter quelque €45 milliards à réaliser. Le président de la British Wind Energy Association (BWEA), Adam Bruce, estime pour sa part, que la mise en place de ce super réseau par l’Union européenne n’est qu’une question de temps :  » Nous sommes limités par notre propre ambition. La capacité est là et il y a le potentiel pour l’énergie éolienne à elle seule à répondre à 50% ou plus de nos besoins énergétiques. « 

 

Malgré ses déclarations enthousiastes et ses soutiens massifs, il n’en reste pas moins, comme le fait remarquer non sans malice, Green Optimistic, que pour beaucoup de pays de l’U.E, dont le Royaume-Uni, en l’absence de vrai plan de transition vers une énergie verte, tout cela reste au niveau de la déclaration d’intention. Dans la réalité le Royaume-Uni, qui est pourtant l’un des plus actifs dans le domaine des renouvelables et surtout des renouvelables de la mer, produit actuellement environ 6 à 7% d’énergie verte avec pour objectif d’ici 2020,

d’en produire 35 à 40%, ce qui d’ores et déjà s’avère difficilement possible. La France installée pour un moment dans la longue digestion de son  » tout nucléaire « , s’enthousiasme très fort et… digère. La crise financière qui a frappé à peu près à égalité tous les pays membres de l’U.E., pourraient donc bien reléguer la belle idée du super réseau au rang des souvenirs. Ce serait dommage car, accessoirement, a-t-on le choix ?
Article : Francis ROUSSEAU
Docs. Sites lés. Carte©University of Kassel


Publicités Google :