France – 15/12/2021 – energiesdelamer.eu. Lors du colloque annuel de l’Union française de l’électricité (UFE) qui s’est tenu hier, Jean-François Carenco n’a pas eu de mots assez durs contre les opposants aux projets de parcs solaires et surtout éoliens, à terre comme en mer.

« Si on avait suivi la feuille de route des énergies renouvelables telle qu’elle était prévue il y a deux ans, on n’aurait pas de crise, a estimé Jean-François Carenco, président de la Commission de régulation de l’Energie lors du colloque annuel de l’UFE le 14 décembre. Évoquant la flambée actuelle des prix de l’énergie, il estime « qu’on n’aurait pas de crise si on avait 3 gigawatts de plus ».

« Sur les énergies renouvelables, je pense qu’on ne dit pas assez […] qu’on est très en retard ; on est très très en retard », a-t-il insisté.  Un retard qui « met en danger tous nos emplois, toute la France, toute l’Europe. »

S’il estime que « c’est notre faute à nous », ce sont bien les oppositions de riverains, de défenseurs du patrimoine ou de la biodiversité, ou encore de pêcheurs pour les parcs en mer qui expliquent en grande partie ces retards. Des oppositions nourries par les défaillances de l’État dans la conduite des projets comme l’a souligné le bilan tiré par la CNDP sur 11 ans de débats publics sur l’éolien en mer.

Mais aussi par les positions d’une partie de la classe politique, dont certains candidats actuels de droite et d’extrême droite à l’élection présidentielle de 2022.

Doubler les capacités installées entre 2017 et 2028

Pourtant, selon la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la France prévoit de doubler sa capacité installée d’énergies renouvelables électriques en 2028 par rapport à 2017. Concernant l’éolien en mer en particulier, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et France énergie éolienne (FEE) ont récemment rappelé la nécessité de changer de braquet pour atteindre un objectif de 50 gigawatts (GW) en milieu de siècle, cohérent avec la neutralité carbone visée à cette échéance.

Ce retard français tranche avec la progression des renouvelables dans le monde. Selon le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), un nouveau record devrait être battu cette année, avec 290 GW de capacités nouvelles installées. Et ces capacités pourraient atteindre 4.800 GW en 2026, soit 60% de plus qu’en 2020, et autant que les capacités nucléaires et fossiles cumulées.

Si le solaire représentera la moitié de cette croissance, l’éolien en mer, pour sa part, verra ses capacités tripler sur cette période.

Pour autant, à l’échelle mondiale non plus, le rythme reste insuffisant pour mettre la planète sur la trajectoire de la neutralité carbone en 2050.

Hydrogène importé et disponibilité nucléaire

Le colloque de l’UFE a également été l’occasion pour le président de la CRE de mettre en garde contre une nouvelle dépendance à l’hydrogène importé, qui viendrait remplacer celle au gaz que nous subissons aujourd’hui. « Le gaz importé nous appauvrit, essayons de ne pas faire pareil avec l’hydrogène », a averti Jean-François Carenco.

Concernant le nucléaire, la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher a plaidé pour une meilleure disponibilité des réacteurs nucléaires français. Rappelant que « Fin novembre, 30% du parc était à l’arrêt », et a suggéré  de « relever notre niveau d’exigence pour la disponibilité du parc nucléaire français », estimant que « Nous nous sommes peut-être, ces dernières décennies, un peu trop reposés sur nos lauriers alors même que le productible s’amenuisait. »

POINTS DE REPÈRE

30/06/2021 – Jean-François Carenco, prône qu’en matière de développement de l’éolien en mer et d’autres énergies marines,  un rapport publié mardi sous l’égide de la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

Il faut des « objectifs plus ambitieux pour la filière énergies marines renouvelables », demande Jean-François Carenco


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