France Brésil – 06/10/2021 – energiesdelamer.eu. Partie 1 – L’hydrogène manufacturé et l’hydrogène naturel terrestre trouvent leur place à la COP 26. Forage en terre africaine, brésilienne, canadienne … et même française, energiesdelamer.eu vous embarque avec une personnalité scientifique. Alain Prinzhofer, géologue, nous fait découvrir autrement un sujet qui devient d’actualité …

Mais auparavant, pour quelles raisons ne cherche-t-on pas à exploiter l’hydrogène présent dans les fonds marins ?

« La concentration en hydrogène dans ces sources (hydrothermale) est beaucoup trop faible » rappelle Henri Bougault dont l’article est publié en référence. Ainsi, l’ancien Ministre André Giraud (exemple cité dans le texte), voulait pomper les sources hydrothermales pour en extraire les métaux valorisables : la concentration de ces métaux est beaucoup trop faible ! Il faut donner du temps à Dame Nature pour générer des Amas Sulfurés. Pour l’hydrogène, il faut que Dame Nature trouve le moyen de « piéger » cet hydrogène, ce qui n’est pas le cas sur les Dorsales (zone d’expansion, donc milieu ouvert), ce qui est manifestement le cas dans certains contextes en milieu continental.

S’intéressant au potentiel énergétique des sources hydrothermales, leur énergie thermique est beaucoup, beaucoup plus importante. Cependant, localisation géographique, pH des fluides, profondeur d’eau et encore d’autres paramètres sont des obstacles à une exploitation. Ce serait tout simplement une Énergie Géothermique, comme en Islande, section de dorsale émergée » précise Henri Bougault, Docteur Ingénieur au CEA sur le marquage radioactif des sédiments, puis CNEXO et enfin, Ifremer à l’étude du système Dorsale Médio-Océanique.

En revanche, l’hydrogène dit natif est facilement accessible à terre….et, est au rendez-vous de la COP26 le 10 novembre

« Nous l’avons sous nos pieds depuis le début, et nous ne le voyons pas » avait déclaré Isabelle Moretti, chercheur à l’E2S UPPA – Carnot Isifor et membre de l’Académie des technologies, lors du 1er sommet H-Nat 2021 en ligne qui s’est tenu en juin 2021 et auquel avait notamment participé Didier Holleaux DGA du Groupe Engie, Dr Emanuelle Frery, Alain Prinzhofer ….

L’hydrogène naturel intrigue, à l’heure où se développent les marchés pour l’hydrogène non carboné  et l’hydrogène produit localement comme carburant pour une mobilité verte

Alain Prinzhofer, a passé 20 ans à l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (IFPEN). Il est aujourd’hui directeur technique de la nouvelle entreprise HYNAT et directeur  scientifique de GEO4U (Brésil) dans le secteur de l’exploration du gaz naturel, professeur affilié à l’Institut de physique du globe de Paris et au Laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain (LIED-UMR, Paris-7).

 

Fin octobre, il était l’invité de l’association Arib – IFREMER à Brest. Il a présenté un état des lieux sur les recherches menées sur l’hydrogène naturel dans quelques pays répartis sur notre planète.

Mais qu’est-ce que l’hydrogène naturel. Et où le trouve-t-on ?

Alain Prinzhofer – L’hydrogène naturel est le gaz appelé aussi dihydrogène, qui a été longtemps considéré ne pas exister à l’état naturel, alors que des forages depuis le début du XX° siècle ont rencontré ce gaz avec des concentrations dans du gaz naturel pouvant être proches de 100%. Des pays comme l’Australie, le Mali, les USA, le Brésil, et même la France, ont découvert ce gaz dans des quantités qui pouvaient être envisagées d’intérêt industriel. Mais la vague des hydrocarbures au XX° siècle a longtemps fait oublier cette existence. Depuis quelques années, face à la fin programmée des énergies carbonées, les communautés scientifiques et de l’énergie ont redécouvert cette source d’énergie, ont commencé à l’étudier plus intensément, et à le valoriser.

Cette nouvelle source d’énergie pour l’homme est cependant la plus ancienne source d’énergie utilisée par la vie sur Terre : avant la photosynthèse apparaissant sur Terre de manière significative il y a environ 2.5 milliards d’années (captation de l’énergie solaire par la chlorophylle)), le monde du vivant ne pouvait utiliser que l’hydrogène naturel comme énergie, principalement émis par les sites hydrothermaux des rides médio-océaniques (la vie alors était seulement aquatique).

L’hydrogène naturel est aujourd’hui toujours émis au milieu des océans, sur les sites d’émission hydrothermale. Ces émissions, importantes, ne peuvent pas aujourd’hui être considérées avoir un potentiel industriel, car la couche d’eau de plusieurs kilomètres et l’association avec des fluides très corrosifs en rend l’exploitation inimaginable sur le moyen terme.

Le deuxième habitus de ce gaz est dans des formations géologiques appelées ophiolites. Ces formations correspondent aux mêmes roches que celles du fond des océans, mais se sont retrouvées charriées dans les chaines de montagnes, par action de la tectonique des plaques. Cet hydrogène est plus facilement exploitable, mais le fait qu’il s’agisse d’émission de flux sans capacité d’accumulation rend également son exploitation problématique.

Enfin, l’hydrogène naturel a été également découvert au milieu des continents. Des forages anciens l’avait déjà mis en évidence, et des chercheurs russes ont ranimé l’intérêt pour cet hydrogène continental, en découvrant qu’il était émis souvent en surface au travers de « ronds de sorcières », dépressions circulaires entre 100m et 2km montrant des flux importants d’hydrogène (pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes par jour). C’est principalement cet hydrogène existant en milieu continental qui intéresse le monde des entreprises énergétiques. Ce premier congrès international de l’hydrogène naturel auquel vous faite référence a attiré 750 congressistes, ce qui est impressionnant considérant la nouveauté de l’intérêt pour ce sujet, et le fait qu’il y a 5 ans, le nombre de personnes qui s’y intéressaient se comptait sur les doigts de la main. Aujourd’hui, il est à la COP26 comme l’hydrogène manufacturé, avec une journée complète le 10 novembre, dernier jour de la COP….

  • La conférence était organisée conjointement par l’Arib et Ifremer et se tenait pour la première dans la grande salle de conférences Lucien Laubier, biologiste et océanographe.  et durant de nombreuses années, président des entretiens Science et Éthique organisé à Brest.

La partie 2 est publiée également dans la lettre quotidienne du 06/11/2021.

POINTS DE REPÈRE

La première publication de l »ITW d’Alain Prinzhofer (parties 1 et 2) a été diffusée samedi 6 nov. sur energiesdelamer.eu.

L’entretien de l’automne – 2 : L’hydrogène naturel, l’exploration et l’exploitation

05/07/2021 – Didier Holleaux, DGA du groupe Engie explique comment Engie entend aborder le vecteur hydrogène dans le cadre de la stratégie du groupe avec l’objectif clair d’accélérer la transition énergétique pour s’orienter vers une économie neutre en carbone.

Engie mise sur l’hydrogène renouvelable et sur l’éolien en mer. Interview exclusive de Didier Holleaux, DGA du groupe Engie

* Hydrogène et Méthane hydrothermal : Enjeux scientifiques. Une ressource potentielle nouvelle ? par Henri Bougault, paru dans Mines et Carrières – Industrie Minérale. Octobre 2012 – n°196 – Hors-série p 73-80. Ne copiez pas l’article, copiez le lien, vous protégez ainsi les droits d’auteur de notre équipe rédactionnelle.

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