France – 22/12/2022 – energiesdelamer.eu. « Îles, regards croisés sur l’insularité ». Ce beau livre n’est pas un atlas, ni tout à fait un dictionnaire mais presqu’une encyclopédie. C’est une mosaïque de textes richement illustrés, signés par près d’une centaine de contributeurs éclairés : géographes, historiens, anthropologues, biologistes, économistes, journalistes, artistes, îliens, élus, etc. Des regards multiples et des expériences croisées. Au total 80 textes et témoignages pour comprendre l’insularité, proposés comme des articles de journaux et organisés en cinq volets d’une enquête. Cinq mots clés guident la découverte : créer, habiter, protéger, relier, innover.
Qu’elles soient françaises de métropole ou d’outre-mer, francophones ou non, les îles sont des sujets de recherches interdisciplinaires et internationales depuis 50 ans. Cette connaissance contemporaine ne devait pas rester confidentielle aux universitaires qui se passionnent pour l’insularité -aussi nombreux soient-ils- mais rencontrer le grand public. C’est le voeu cher à Louis Brigand (1), éminent géographe spécialiste des îles et fidèle de l’université de Bretagne occidentale à Brest. Il a pris la barre de cet ouvrage collectif en 2020 avec Julie Vallat, de la Fondation de France (programme Littoral et Mer). La maison d’édition Géorama, spécialisée dans les récits de voyage a relevé le défi d’éditer « un ouvrage de culture générale inédit », souligne Didier Labouche, son dirigeant. Hervé Hamon (auteur du Dictionnaire amoureux des îles) en signe la préface.
En première ligne des contraintes et des innovations
« Les récits sont compréhensifs et sensibles, sans dévoyer les messages scientifiques », souligne Ann-Gaëlle Bénédic de la Fondation de France. On mesure que les îles ont toujours été en première ligne des menaces environnementales, qu’elles développent des solutions socio-économiques avant le continent pour dépasser leurs contraintes, qu’elles mobilisent notre imaginaire, favorisent la création. Ce livre « enquête » révèle les territoires insulaires non plus comme un objet géographique mais comme des terrains à observer sous l’angle économique, sociétal, environnemental, sensible. Il révèle que les dynamiques insulaires deviennent des modèles inspirants pour nos sociétés en proie à de nouveaux défis. Les îles sont les postes avancés des continents dans les océans. Elles nous ramènent à l’essentiel.
Un campus mondial des îles en mer d’Iroise !
Cette riche confrontation de points de vue est aussi le fruit de l’événement Iles 2019, qui s’est tenu entre Ouessant et Brest en octobre 2019. Rassemblement déjà piloté par Louis Brigand et Julie Vallat, avec le soutien de l’UBO (université de Bretagne occidentale), de la Fondation de la France et parrainé par Yann Tiersen. Il s’est traduit par des échanges nourris entre scientifiques, acteurs socio-économiques impliqués, artistes, populations locales et par la rédaction de documents communs, tel le Manifeste des Iles.
L’événement a aussi révélé de nouvelles problématiques qui alimentent les revues scientifiques et passionnent de plus en plus d’étudiants. « Actuellement une quarantaine de chercheurs européens travaillent sur les îles », se réjouit Yves-Marie Paulet (2), Vice-président mer de l’UBO, chercheur au Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR). Ce Professeur en biologie marine à l’UBO et aussi vice-président de l’European Marine Board, annonce que l’université bretonne portera d’ailleurs le projet ambitieux d’un campus mondial des îles en mer d’Iroise (Finistère). Ce centre de recherches scientifiques aurait un potentiel d’accueil de 120 chercheurs en résidence à Ouessant avec des antennes à Sein et à Molène. « Nous travaillons sur le livre blanc qui en est dans un premier temps l’outil politique »
(1) Louis Brigand, géographe, se passionne pour l’insularité depuis 30 ans. Il a entraîné de nombreux chercheurs dans ses explorations. Il est l’un des meilleurs connaisseurs actuels des îles, en particulier celles du Ponant. Docteur ès Lettres et Sciences sociales, professeur de géographie à l’Université de Bretagne occidentale (UBO), membre du laboratoire de recherche LEGT (Littoral, Environnement, Géomatique, Télédétection) du CNRS, il mène des recherches depuis 1978 sur les questions relatives aux usages et à la gestion des îles ainsi que sur des territoires aux caractères d’insularité.
(2) Yves-Marie Paulet, est Professeur en biologie marine (ses recherches portent sur les organismes marins littoraux) à l’Université de Bretagne occidentale, il en est le vice-président mer. Il assure cette fonction, unique en France, depuis 2016 après avoir été notamment directeur de l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM-UBO) durant six ans. En 2011, il fonde le réseau des Universités Marines Françaises, organisme national fort de 16 membres. Siégeant depuis cette date à l’European Marine Board, il a été élu vice-président au comité exécutif en avril dernier pour un mandat initial de trois ans. http://www.marineboard.eu/
Cette élection est une reconnaissance très forte pour les universités françaises et notamment pour l’UBO riche de ses nombreux partenariats en sciences et technologies marines.
« Iles : regards croisés sur l’insularité », ouvrage collectif sous la direction de Louis Brigand de l’UBO et Julie Vallat de la Fondation de France. Editions Géorama, à Porspoder.
Photo de ‘ »Une » ©Marguerite Castel
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