France : Les acteurs des Emr sont « vent debout »
Brest – France. Jeudi 29/11/2018 – Retour des Assises de l’économie de la mer. Comment le ministre de la transition écologique va redresser la barre et devenir celui de la transition énergétique ? Les premières réactions des développeurs de parcs éolien en mer fixes et flottants, présents à la table ronde juste après l’intervention du ministre d’Etat François de Rugy sont sceptiques et ne prennent pas actes des décisions annoncées par le présidence de la République pour la programmation pluriannuelle de l’énergie.
La table ronde était animée par Infomer / Ouest france
1 – Vincent Balès, directeur général de WPD Offshore France
Infomer : Quelles conclusions donnez-vous sur l’avenir des Energies Marines Renouvelables (EMR) en France sur la base des informations collectées hier et ce matin?
La PPE s’inscrit dans le cadre d’une transition énergétique à l’échelle 2030. Cette transition doit répondre à cette problématique du changement climatique.
Avec la montée en puissance des Energies Renouvelables (ENR), les objectifs préconisés par les experts sont de déployer les ENR à hauteur 80% du mix électrique. L’objectif annoncé par le Président de la République mardi 27 novembre 2018, par le biais de la PPE, est une montée des ENR à hauteur de 40% du mix électrique.
Actuellement Nous en sommes qu’à 20%.
En revanche à la lecture des projections données par la PPE, au niveau des chiffres, je m’inquiète. D’autre part, les parcs éoliens en mer fixe et flottant sont complémentaires. 1,5 GW supplémentaires annoncés. 15 GW sont raisonnables. Malheureusement, les chiffres sont bien en deçà dans la PPE. Il faut insister sur le rôle des énergies marines dans le mix énergétique.
Le parc éolien en mer Baltic 1* en Allemagne a pris 10 ans pour être développé. En 2016, 23 parcs éolien en mer fixes ont été programmés par le gouvernement allemand pour être développés. Il n’y a qu’une bizarrerie, la France ne fait pas partie des pays européens avec une vision du développement des activités liées à la mer.
A ce stade, en France, il y a 2 challenges :
1) Le Dialogue concurrentielle en cours sur Dunkerque,
2) La Planification des espaces maritimes qui doit se faire à l’échelle des 3 façades Manche, Atlantique et Méditerranée.
15 GW ce n’est qu’1% de l’espace maritime Français.
La planification de l’espace maritime doit se conclure en 2019 avec les usagers de la mer.
Dunkerque doit faire entrer la France dans la compétition de l’éolien en mer européen avec la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas.
Béatrice Buffon, Directrice Générale Energies Marines Renouvelables d’EDF Renouvelables
Infomer : Est-ce que le Marché se montre attractif au moins en volume avec cette PPE?
L’éolien en mer est un enjeu clef. C’est un peu long, 14 mois de délai de recours en Conseil d’Etat alors que ce même recours a déjà été rejeté par les juges en 1ère instance et en appel. Je serais ravie de lancer ce projet avant la fin du mandat (présidentiel).
Il faut engager les travaux dans les prochains mois pour Saint-Nazaire.
Nous attendons la purge concernant un recours introduit il y a 14 mois. Nous souhaitons lancer ces travaux avant la fin du 1er semestre 2019.
Sur la PPE, cette dernière fait une part très belle aux Energies renouvelables (ENR) : Tant mieux ! Pour le volet maritime, il faut clarifier les intentions : les annonces représentent une belle dynamique. Avec l’Etat, il faudrait clarifier les échéances et les volumes d’appels d’offres.
Avec un volume d’appel d’offres de 500 MW par an : il serait dommage de limiter la filière industrielle Française. Il est avant tout nécessaire d’avoir un cadencement des développements des parcs éolien en mer. L’important est de lancer des appels d’offres pour être prêt pour 2030.
Infomer – Quel est votre avis concernant les sous-stations électriques en mer et leur mise en réseau ?
La planification en amont des 3 espaces de façade est prépondérante. Il faut se donner le temps du dialogue, de la réflexion et de l’acceptation avec les usagers de la mer.
Infomer – Pour le projet de parc éolien en mer de Dunkerque : le Dialogue concurrentiel a été lancé. Quel changement avez-vous rencontré ?
L’instauration d’un dialogue entre les candidats et l’Etat, c’est une première. Ce qui n’était pas le cas pour les 2 premiers appels d’offres. Pour les prochains projets, les délais de développement vont être très courts. Il y a la nécessité d’un cadencement régulier des projets de parc.
On a beaucoup de potentiel posé en France. On passe à côté d’un potentiel que l’on a sous-estimé. Il est important de lancer le dialogue concurrentiel
Nous avons en France le potentiel pour atteindre les 15 GW annoncés précédemment par Vincent Balès.
Filippo Cimitan, CEO/président France, Siemens Gamesa Renewable Energy France (ancien président d’ADWEN)
Dans cette PPE, il y a des éléments positifs : le cadencement et le cap sont bons. Sur les volumes, les dernières précisions apportées s’avèrent utiles.
L’éolien en mer en France, on peut le faire et il est compétitif. Il faut des volumes cohérents. Il faut au moins 1GW par an pour consolider les filières industrielles.
La moyenne européenne est de 1 GW par an. En France, c’est seulement 500 MW/an selon la PPE qui vient d’être publiée.
La taille des éoliennes va augmenter. Il faut le prendre en compte. Il faut être ambitieux pour 2023/2024. Il y a une opportunité pour la France. Il y a aussi une opportunité économique également à saisir sur le plan européen et international grâce à l’export.
Infomer : Quelle sera la puissance des éoliennes pour le parc éolien en mer de Dunkerque ? Faut il s’attendre à une augmentation des puissances ou une limite des turbines d’éolienne en mer?
Il y a un challenge sur ce projet, je suis persuadé que le délai de développement sera moins de 10 ans. Mais ce sera plus long que le délai de celui du développement du Parc éolien en mer à Taiwan d’une taille de 1,5 GW que nous allons réalisé avec wpd offshore. « Cheap renewable is better »
Infomer : Est-ce qu’il y aura des éoliennes à 2 chiffres ? Sera-t-il courant sur les prochains parcs éolien en mer?
Réponse: Oui
Gwenaëlle Huet, Directrice Générale d’ENGIE France Renouvelables
Infomer : Est-ce que les volumes sont là pour être champion sur l’éolien flottant?
Il faut saluer l’engagement du gouvernement dans les Energies renouvelables (ENR). L’important est de diversifier les ENR.
Infomer : Est -ce suffisant ?
Non ce n’est pas suffisant. Mais la complémentarité des ENR est très important solaire, éolien, biogaz, etc.. Il faut d’abord cadencer les projets.
Il faut surtout donner envie aux industriels de s’installer et développer les énergies renouvelables en France.
Pour l’éolien flottant, on parle de 2 appels d’offres l’un en Méditerranée, l’autre en Atlantique alors qu’il 3 régions candidates, La Bretagne, L’Occitanie et La région Sud PACA. Comment est-ce possible que lancer seulement 2 Appels d’offres ?
La France a la possibilité » de prendre un rôle précurseur dans le flottant. Il faut mettre en pratique toutes les dernières mesures, mais il faut du cadencement, du volume, des Appels d’offres.
Infomer : Quelles avancées avec le permis enveloppe?
La nouvelle loi va permettre de rattraper notre retard vis-à-vis des pays européens.
C’est un permis à caractéristiques variables :
- Utiliser la meilleure technologie au dernier et meilleur moment
- Il prévoit l’orchestration du débat publique en amont des projets pour améliorer leurs acceptations et le meilleur choix des sites d’implantation
On a hâte que ce soit mis en place.
Nous avons passé 2 ans à dérisquer les projets de parcs éoliens en mer de Yeu Noirmoutier en Vendée et du Tréport en Normandie. Il faut raccourcir le délai. 1 GW annoncé en 2020 en Manche : il faut être dessus.La Bretagne est en avance et il faut rythmer les cadences. Les 3 mots importants sont : Optimisme, engagée et volontarisme
Jean-Luc Longeroche, pdg de la société Geps Techno installée à Saint-Nazaire.
Sur le houlomoteur, la PPE est une grande surprise. L’avenir de notre technologie est en dehors du réseau mais autour des industries de la mer déjà existantes comme l’industrie du pétrole et du gaz offshore pour améliorer leurs coûts de production. D’où la prise de participation d’un groupe comme Subsea7 qui vient de devenir un actionnaire de référence de notre entreprise.
Je suis plus intéressé par les cadences pour faire progresser nos technologies. C’est là que la PPE est utile. Il faut encore du temps pour rendre matures nos technologies. Mais on a un marché suffisamment important en dehors de la PPE.
Jean-Michel Prost, Directeur des Opérations Offshore de RTE
RTE va financer les postes électriques de ces parcs en mer. On va pouvoir mutualiser ces postes et ces parcs éolien en mer. On développe des concepts de plateformes multiusages concernant les sous-stations électriques en mer posées.
Concernant les parcs éoliens flottants, les opérations de recherche de ce concept sont en cours, car il y a des défis techniques à résoudre comme le cas des câbles hautes tensions à 225 KV soit 100MW. Il faudra que ces câbles soient flottants. Concernant les Parcs flottants, rien n’empêche pas d’avoir des postes posés….
Infomer : Quid de la Mutualisation des Sous-stations électriques en mer ?
Il faut optimiser les ouvrages à construire pour des raisons à la fois écologique et économique. Cela s’inscrit dans un objectif de performance économique et cela va de pair avec la planification des parcs et de faire baisser le coût des réseaux. Cela suppose une bonne planification en amont.
Laurent Schneider-Maunoury, président de Naval Energies
Infomer : Naval Energies disposent encore de 2 lignes de produits le flottant et le ETM (Energie Thermique de la Mer)
Concernant l’Hydrolien : on a arrêté le développement de cette filière. Il n’était pas envisageable de se déployer à l’export, si la base locale française était inexistante. Mais les coûts (pour l’éolien flottant) ne baisseront pas s’il n’y a pas de volume. Il faut qu’on propose des technologies sans risques et pas chères. Il faut de plus, garantir leurs performances, à pas cher.
Nous sommes des startups industrielles. Il y a la nécessité de réaliser un travail d’optimisation économique et industrielle.
Infomer : Comment produire des engins de très grande taille ?
Il faut trouver les bonnes manières et méthodes industrielles ?
Infomer : Quel est le profil idéal pour les ports pour ces installations d’énergies marines à construire et à installer en mer ?
Celui de Brest est un très bon exemple. (ainsi qu’au port de Port la Nouvelle avait déclaré LSM à Narbonne). Concernant l’ETM, les marchés sont essentiellement concentrés dans les zones tropicales et chaque projet est unique.
Le monde continue de bouger et ne nous attend pas.
François de Rugy, Ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé
pour le posé l’appel d’offres de Dunkerque.
En Manche : 1 GW sera à lancer en appel d’offres.
en 2023/24
Appels d’offres flottant en 2021, 250 MW en Bretagne
24/2025 idem en Méditerranée
Ces premiers parcs éoliens flottants seront développés avec un prix 120 €/MWH
Infomer : A quoi bon lancer l’éolien en mer flottant alors que l’éolien en mer fixe n’est déjà pas développé ?
J’ai plaidé au contraire pour que nous nous lancions dans le flottant.
En 2023, on pourra toujours appuyer en faveur du développement de l’éolien flottant.
J’attends du Volontarisme et du réalisme sur les plans à la fois économique et de la compétitivité : Ce sont nos critères pour l’existant comme pour le futur.
Points de repère
Les annonces du ministre de la Transition écologique François de Rugy, hier, lors des Assises de l’économie de la mer à Brest ont suscité l’hostilité des présidents conseils régionaux des façades. Pour les Pays de la Loire, présidée par Christelle Morançais, seule région actuellement, où existent une usine dédiée dédiées aux turbines des éoliennes en mer – celle de General Electric (ex Alstom) et un chantier « les Chantiers de l’Atlantique (ex STX) » qui conçoit des sous-stations électriques pour les parcs éoliens en mer… l’inquiétude est grande tous élus politiques confondus
28/11/2018 – PPE : Tonnerre de Brest. Communiqué des six présidents de conseils régionaux de façades mer, des présidents de FEE et du SER et du Cluster maritime qui ont réagi dès hier après-midi, aux annonces du ministre de la Transition écologique et solidaire, sur l’avenir de l’éolien en mer en France.
Baltic 1 – Actif depuis 2000 dans l’éolien en mer, wpd figure parmi les sociétés pionnières de ce domaine, avec la construction du premier parc commercial allemand Baltic 1 (48 MW). wpd offshore a depuis, finalisé la construction du parc de Butendiek (288 MW) à l’été 2015 et de Nordergründe (110 MW), fin 2017. Son portefeuille de projets totalise près de 5,5 GW.
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