OSLO – (Norvège) – 17/02/2010- 3B Conseils Selon une dépêche AFP du 12/02/2010 ICI et un communiqué paru (en norvégien ICI) sur le site du fabricant d’éoliennes flottantes norvégien SWAY, la Norvège tente de construire la plus puissante éolienne du monde, d’une capacité de 10MW soit deux fois la capacité de l’éolienne offshore la plus puissante actuellement sur le marché. Ce futur géant des mers culminera à 162 mètres avec un diamètre de rotor de 145 mètres. Ce n’est cependant pas sa spécificité principale, mais j’y reviendrai. Cette seule éolienne permettrait d’alimenter plus de 2.000 foyers, et l’installation d’un parc d’une centaine de turbines équivaudrait à la capacité d’une tranche de centrale nucléaire. Voici donc presque concrétisé ce dont je faisais état le 13 Mai 2008 dans mon article « La Norvège, futur eldorado de l’éolien en mer « .
« Nous faisons tout notre possible pour l’installer dès 2011 » a déclaré à l’AFP Kjell Olav Skoelsvik, responsable des nouvelles technologies chez Enova. Le prototype de cette éolienne géante sera construit par Sway et coûtera $67,5 millions dont $23 millions seront apportés par Enova. Enova est un organisme public détenu par le Ministère norvégien du Pétrole et de l’Energie. Enova a été créé pour aider à promouvoir des projets qui visent au développement industriel d’énergie éolienne offshore. « Ce projet est très excitant pour nous » a encore déclaré Nils Kristian Nakstad, « il représente un objectif phare dans la montée en puissance des technologies actuelles, où sont impliquées diverses communautés d’experts norvégiens qui ont tous coopéré pour développer ce design très novateur d’éolienne ». La turbine Sway qui, outre ses dimensions, se caractérise par l’utilisation d’un générateur sans engrenage a été mise au point en coopération avec l’entreprise norvégienne Smartmotor.
Le gain de puissance vient de la réduction du poids de l’ensemble et du petit nombre de pièces mobiles utilisées dans la turbine. Cette turbine révolutionnaire sera testée d’abord sur la terre ferme à Oeygarden, dans le sud-ouest de la Norvège. Je rappelle que Sway s’était uni au géant du nucléaire français AREVA (Cf . article du 11/08/2009 ICI) précisément dans le but de développer plus rapidement des éoliennes en eaux profondes plus puissantes que les actuelles. Car ce qui fait aussi la particularité de la technologie Sway, au-delà de la turbine sans engrenage, de ses dimensions et de son contenu, c’est le mât et la façon même dont il est immergé.
En effet, contrairement à la plupart des projets éoliens en mer actuels dans lesquels les éoliennes sont fixées sur des fondations arrimées au fond marin, les turbines Sway flottent. Comme le montre très bien la vidéo de démonstration ICI ces éoliennes se comportent exactement comme de grosses bouteilles qui flotteraient sur l’eau. Le mât est un pylône flottant lesté sous la ligne de flottaison pour créer un centre de gravité bas. Ancré au fond marin avec une ancre à succion qui lui permet de garder sa position en mer, le mât peut s’incliner de 5 à 8 ° au gré de la vitesse du vent et même tourner avec lui à 360 degrés en fonction de sa direction. C’est précisément cette souplesse et cette maniabilité exceptionnelles jamais atteintes par aucune éolienne qui rendent cette technologie SWAY si unique et permettent à la fois d’envisager son développement là où les vents en mer sont les plus forts mais aussi à n’importe quelle distance des côtes.
Pour la Norvège, membre de l’OPEP et qui est un des plus gros producteurs de gaz du monde, mais qui produit la majeure partie de sa propre énergie propre grâce à l’énergie hydroélectrique, la réussite de l’entrée dans le monde de l’éolien est un enjeu crucial. Appuyant l’investissement de $23 millions consenti par ENOVA dans l’éolienne SWAY, Terje Riis-Johansen, le ministre norvégien de l’Energie, a d’ailleurs déclaré : « C’est un jalon important dans les efforts que nous faisons pour développer l’énergie éolienne de l’avenir ». Peut-être espère-t-il calmer ainsi les associations environnementales qui avaient été très critiques vis-à-vis de son gouvernement concernant la timidité de l’investissement norvégien dans l’énergie éolienne. Pourtant à y regarder de plus près, la Norvège est loin d’être si mauvaise élève : n’oublions pas la plate-forme flottante Hywind également développée par un autre géant norvégien de l’extraction pétrolière et gazière offshore, StatoilHydro (cf. articles à ce sujet en juillet 2008 et juillet 2009). Sans parler de l’effort constant et patient déployé pour développer la production industrielle d’énergie osmotique marine dont la Norvège est actuellement le seul développeur au monde avec l’usine Statkraft de Tofte (cf. article du 9 octobre 2009).
Article : Francis ROUSSEAU
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