OSTENDE – (Belgique) – 27/06/2011 –
Par Francis Rousseau
L’installation des fondations de la phase II du parc C Power et SDI/DEME sur le Thorntonbank puis des premières éoliennes REpower 6M de 6,15 MW est une première mondiale qui a lieu en ce moment même à 30 km au large d’Ostende. Ce projet, qui est le plus grand actuellement en construction en Belgique, aura nécessité, lorsqu’il sera achevé en 2013, un investissement de €1,3 milliards pour 54 turbines posées sur fondations de type Jacket, fixées entre 15 et 30 mètres de fond. Ce chantier gigantesque qui aura employé jusqu’à 1000 personnes est une grande aventure qui est menée en 3 phases étalées de 2007 à 2013.
La Phase I, commencée en 2007 (cf. la fin de l’article du 18/12/2007) en collaboration avec EDF Energies nouvelles, a abouti à la mise en production, en 2009, de 6 éoliennes REpower 5M d’une puissance installée de 5,15 MW. Elles sont actuellement en production et l’on peut les voir fonctionner en téléchargeant au bas de cette page la vidéo (movie Thorntonbank) de la pose d’une équipe sur la nacelle.
Pour la Phase II, lancée en 2010 (cf. l’article du 2/12/2010) ainsi que pour les phases suivantes, C Power a choisi de travailler avec une nouvelle génération plus puissante d’éoliennes en l’occurrence la REpower 6M présentée par le constructeur comme « la turbine actuellement la plus puissante du monde ». Cette capacité permet de réduire le nombre d’éoliennes présentes sur le parc de 60, prévues au départ, à 54, tout en augmentant la capacité totale installée qui passera des 300 MW initialement prévus en 2007 à 325 MW. Pour mener à bien cette phase II qui constitue, je le répète, une véritable première mondiale, 24 fondations Jacket vont être installées au cours de l’été 2011 par SDI/DEME, leader français des travaux maritimes spécialisés, fort de 10 années d’expérience dans l’éolien offshore européen. L’installation de fondations, aussi innovantes soient-elles (c’est le cas pour celles de la Phase I de Thorntonbank I) s’opère en trois étapes. Le sol marin est tout d’abord dragué et préparé à l’emplacement de chaque fondation. Ensuite quatre longs pieux, dont certains peuvent avoir une longueur de 50 mètres, sont enfoncés dans le sol par DEME. Enfin, la fondation en acier de type « Jacket » de plus de 500 tonnes est soulevée du ponton pour être immergée et déposée dans la partie supérieure des 4 pieux installés (photo ci-contre). Ces 4 points sont alors cimentés pour renforcer le tout. Ceci-dit les fondations d’éoliennes offshore ne sont pas toutes pareilles comme nous le rappelle Jan Vandenbroeck, DG de SDI/DEME : « C’est la grande différence entre l’offshore classique pétrolier ou gazier et l’éolien offshore. En offshore pétrolier, il s’agit d’installer une ou quelques unités tout au plus, alors que dans l’éolien offshore on parle de 50 ou 150 fondations différentes les unes des autres ».La longueur des fondations « Jacket » varie de 43,9 à 54 mètres et leur poids de 513 à 575 tonnes. Sur site c’est un bateau du groupe belge DEME, le Rambiz, équipé d’une grue, qui prendra en charge l’installation en mer des fondations (voir photo). L’installation est réalisée par la joint-venture «Seawind», qui constitue un partenariat entre DEME et Fabricom GTI établi spécialement pour le projet du Thorntonbank, ces deux entreprises apportant leurs expertises respectives, en construction maritime et en installation électrique. Il faut savoir aussi qu’au titre du caractère innovant de ces fondations, C Power a reçu une aide de 10 M€ du programme européen EEPR (European Energy Program for Recovery) lancé par la Commission Européenne en 2009. Au tout début de ce mois de juin, C Power a annoncé le transbordement de la première fondation en acier de type « Jacket ». Le transport de chaque fondation depuis le site de production de la société Smulders Projects situé à Hoboken se fera à l’aide d’un ponton remorqué jusqu’au Thorntonbank. Enfin les connections électriques entre les fondations en cours de construction et la fondation du transformateur électrique (OTS) , situé en haute mer seront également établies au cours de cette saison estivale 2011.
Les cables de connection sont fabriqués par ABB
La Phase III qui se déroulera en 2012 et 2013 verra l’installation de 24 autres fondations pour les 24 dernières turbines éoliennes de 6 MW du projet. Ce projet C Power une fois terminé permettra de satisfaire la consommation annuelle de 600.000 habitants et évitera les rejets dans l’atmosphère de 450.000 tonnes/an de C02 (comparaison avec les centrales de gaz les moins polluantes) soit l’absorption de CO2 annuelle d’une zone forestière de 87 668 ha.
Du point de vue de l’impact environnemental du parc, C Power a voulu mandater un réseau d’experts capables de quantifier l’impact du projet sur les aspects environnementaux et humains et sur la navigation avant le début de la construction du parc éolien.
– L’INBO (Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek) a été chargé d’obtenir les informations les plus détaillées possible sur la présence sur le Thorntonbank de deux groupes d’animaux précis : les oiseaux de mer et les mammifères marins.
Le but est d’évaluer l’éventuelle influence du parc éolien sur ces deux groupes pendant et après la construction du parc.
– Onderzoek & Advies, bureau d’enquêtes et de conseils multidisciplinaires certifié ISO 9001, a mené une étude sur l’impact d’un parc éolien farshore comme Thorntonbank sur le paysage auprès de deux groupes cibles :
– un groupe de touristes d’un jour, de personnes séjournant à la côte et d’autres utilisateurs récréatifs de la mer.
– un groupe d’habitants et d’exploitants / commerçants des communes côtières.
– LE CLO (Centrum voor Landbouwkundig Onderzoek) mène une étude fondée sur l’importance du Thorntonbank pour la pêche hauturière, les parcs éoliens offshore exerçant une influence sur ce type de pêche en diminuant la superficie totale réservée à la pêche (le gouvernement belge interdit la pêche dans la zone du parc éolien au contraire d’autres gouvernements) mais en permettant la création de nouveaux habitats.
– Germanischer Lloyd Offshore, considéré comme l’expert européen le plus réputé en matière d’analyse des risques maritimes liés aux parcs éoliens offshore et à la sécurité maritime, est chargé d’évaluer le risque de collision de même que le risque d’une éventuelle marée noire consécutive à la collision. Et ceci bien que le parc de Thorntonbank soit situé sur un emplacement éloigné des principales voies navigables.
– Enfin, pour déterminer comment l’existence du parc éolien pourrait être intégrée dans le fonctionnement de la chaîne de radars côtiers et établir d’éventuelles mesures de sécurité supplémentaires, C-Power s’est assuré les services de la KU Leuven, département Electrotechniek (ESAT – Telemic) (Prof. Van Lil) qui a déjà mené bon nombre d’études de ce genre.
Dernière étape enfin extrêmement importante de la vie d’un parc éolien offshore, incluse dès la phase de construction : le démantèlement du parc à la fin de sa durée de vie (en moyenne de 25 à 30 ans). Jan Vandenbroeck, le DG de SDI/DEME, a confirmé au Blog Energies de la mer lors d’un entretien récent, que SDI/DEME se charge non seulement de la construction des fondations mais aussi de leur démantèlement en fin de vie : » Il est toujours prévu que la fondation en béton sera enlevée à la fin de la vie d’un parc. C’est un travail de démantèlement mais aussi de revalorisation des matériaux récupérés en mer. Dans tous les projets offshore que nous avons faits, nous provisionnons la phase de démantèlement des parcs et nous acquérons les technologies nécessaires pour mener à bien ce démantèlement et la revalorisation des matériaux récupérés. Ce métier est différent de celui d’une entreprise de construction habituelle, c’est un nouveau métier, qu’il est devenu indispensable de maîtriser lorsqu’il s’agit d’éolien en mer. Le démantèlement sera opéré par des équipes locales qui ont une connaissance spécifique des lieux. A titre d’essais, nous avons déjà mené ce type d’opération en Belgique en collaboration avec les turbiniers. Pour SDI/DEME il s’agit à peu près du même type d’opérations que celles que nous menons quand un bateau s’échoue sur une plage et qu’il faut en assurer l’enlèvement. Nous le faisons en ce moment même en France, pour une épave au large de l’ile de Ré. »
Lorsque la phase III du parc éolien de Thorntonbank sera achevée en 2013, C-Power livrera à lui seul entre 7 et 10% (chiffre site C-Power) de la capacité d’énergie verte requise en Belgique pour atteindre l’objectif de 13% d’énergies renouvelable sen 2020 fixé par l’U.E.
Sources. Sites liés et cités. Photos 1 : Ingénieurs de SDI/DME sur le Thorntonbank ©DME 2 : les 6 éoliennes de 5MW de la phase 1 © C-Power. 3 : Fondation de type « jacket »©DME. 4: Installation de la fondation Jacket ©DME. 5 : Installation de jacket 2 ©DME. 6. Manipulation des pales en mer © C-Power. 7 : Pose des pales sur la turbine © C-Power
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