LE TRÉPORT – (France – U. E.) – 29/04/2010 – 3B Conseils- Hier 28 avril s’est ouvert la Commission particulière du débat public (CPDP) pour le projet de parc éolien en mer « des deux côtes », situé au large des côtes d’Albâtre et Picarde face au Tréport (cf.carte). L’évènement a permis d’entendre tour à tour la CPDP et le maître d’ouvrage, La Compagnie du Vent. Philippe Marzolf, Président de la CPDP, a proposé une présentation détaillée du déroulement du débat public, avec pour principale attente que ce débat soit un véritable espace d’échanges et de propositions avec « des acteurs et un public soucieux d’étayer leurs positions avec de réelles argumentations constructives. » Dans ce but, la CPDP a présenté son dispositif internet destiné à faciliter les échanges et, entre autre, à suivre certaines des réunions en direct ICI (voir détail plus bas dans ce post).
La Compagnie du Vent, filiale du groupe GDF Suez, par la voix de son président Jean-Michel Germa et de Jean-Mathieu Kolb, directeur des activités offshore, a présenté le projet qu’elle souhaitait privilégier (le « Projet Large ») de même que deux variantes (le « scénario Littoral » et le « scénario Grand Large »). La Compagnie du Vent a insisté sur son intention, tout au long de ce débat, de « répondre aux questions que se pose le public à propos des enjeux et des contraintes liés développement d’un parc éolien en mer face aux côtes d’Albâtre et Picarde. »
– « Le projet Large » situé à plus de 14 kilomètres des côtes, compterait 140 éoliennes de 5 MW chacune (hypothèse de base) pour une puissance totale de 700 MW. Il produirait l’équivalent de la consommation électrique annuelle de plus de 900 000 personnes, soit environ 2 fois la population de l’agglomération de Rouen ou près de la moitié de la population picarde. Il éviterait le rejet à l’atmosphère de 1,9 millions de tonnes de CO² chaque année. Il apporterait à lui seul 12 % de la puissance éolienne en mer à installer d’ici à 2020 en France et 4 % des objectifs français de production d’électricité à partir de sources renouvelables. Coût : 1 800 M€.
Les 2 variantes élaborées « Le scénario Littoral » et « Le scénario Grand Large » portent notamment sur l’éloignement des côtes, la puissance installée et donc l’aspect économique du projet, l’impact sur l’activité locale. En voici leur détail :
– «Le scénario Littoral» situé à 5 kilomètres des côtes, compterait 60 éoliennes de 5 mégawatts (MW) chacune (hypothèse de base) pour une puissance totale de 300 MW. Il produirait l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 400 000 personnes, soit environ les ¾ de la population de la Somme. Coût 700 M€.
– «Le scénario Grand Large» situé à plus de 25 kilomètres des côtes, compterait 320 éoliennes de 5 MW chacune pour une puissance totale de 1 600 MW. Il produirait l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 2 millions de personnes, soit l’équivalent de la population de la région Haute-Normandie ou de la région Picardie. Coût 4 800 M€. Au large des côtes de la Somme et de la Seine-Maritime, ce parc serait le premier parc éolien en mer d’une telle envergure à voir le jour en France. Une vingtaine de projets équivalents en taille sont actuellement en projet en Europe.

La Commission particulière du débat public (CPDP) assure qu’elle organisera le débat avec le public, en toute impartialité et neutralité. Elle publiera le compte-rendu des enseignements du débat à l’automne 2010. La Compagnie du Vent disposera alors de 3 mois pour faire part de ses décisions : suspendre le projet, le réaménager ou le valider.
Les deux grands axes autour desquels le débat tournera sont les suivants :

I. La Réunion d’ouverture le 4 mai 2010 au Tréport qui campera le cadre législatif et réglementaire dans lequel s’inscrit le projet. Des éclairages seront apportés sur la politique et les réglementations qui encadrent la production d’énergie renouvelable et plus spécifiquement l’éolien en mer. La Compagnie du Vent présentera son projet et le public pourra s’exprimer.

II. Les tables rondes thématiques (cf. schéma du calendrier des débats/cliquez sur le schéma pour l’agrandir). La Compagnie du Vent présentera son projet en fonction de l’un des 5 thèmes majeurs du débat détaillé ci-dessous. La présentation sera suivie d’un échange avec le public
1. Faut-il développer l’éolien en mer face aux côtes d’albâtre et picarde ?
La réunion situera le potentiel de l’éolien en mer dans le paysage des énergies renouvelables. On y expliquera également le fonctionnement d’une éolienne et on abordera les principaux enjeux et impacts de l’éolien en mer.
2. Quels seraient les effets du projet sur la pêche et les autres activités professionnelles de la mer ?
La table ronde traitera de la sécurité maritime, de la ressource en poissons, des zones de pêche ainsi que de la place de la pêche dans les parcs éoliens en mer.
Elle abordera également l’impact de l’éolien en mer sur les autres usages professionnels de la mer : navigation, extraction de sable, galets…
3. Quelles seraient les retombées économiques et les perspectives d’emploi et de formation pour les deux régions, si le projet est réalisé ?
Industriels et formateurs – lycées, université, formation continue – dresseront le panorama des emplois possibles autour des éoliennes en mer. Des intervenants étrangers témoigneront des effets constatés autour de parcs déjà installés.
4. Quelles incidences aurait la réalisation du projet sur la faune et la flore ?
La réunion ouvrira le débat sur les conséquences du projet sur la faune et la flore sous-marines, sur les oiseaux et ses incidences sur la chasse.
5. Quel impact aurait le projet, s’il est réalisé, sur les paysages ? Quels enjeux pour le tourisme et quelles incidences sur les activités de loisirs de la mer ?

III. Cinq réunions locales
Espacées sur la zone littorale concernée, ces 5 réunions de portée générale permettront aux habitants et aux acteurs de la vie publique et socio-économique de la région côtière de débattre des principales caractéristiques du projet. Ce sont le 22 juin à Criel-sur-Mer, le 29 juin à Saint-Martin en Campagne, le 1er juillet à Ault, le 6 juillet à Fort-Mahon-Plage, le 20 juillet à Mers-les-Bains.
La réunion de clôture, quant à elle, aura lieu le 7 septembre au Tréport et tirera les principaux enseignements du Débat public. Au terme du débat, la commission particulière remettra son rapport sur les enseignements que l’on peut tirer des échanges. La Compagnie du Vent devra tenir compte des opinions exprimées au cours des débats et aura trois mois pour publier sa décision sur la suite qu’elle compte donner au projet.

La réunion d’ouverture ainsi que les 5 tables rondes thématiques seront retransmises en direct sur le site internet du débat sur le lien donné en tête d’article. Les internautes pourront aussi poser leurs questions en direct.
Pour ceux qui ne possèdent pas internet, une permanence sera ouverte les jours de réunions pour recevoir le public de 14 h 30 à 18 h, ou sur rendez-vous dans les bureaux les autres jours.
Pour ceux qui ne possèdent ni internet ni la possibilité de se rendre aux permanences, des journaux relatant les débats seront envoyés par courrier et déposés dans les lieux publics des villes concernées (Mairies, CCI, lieux de vie, Offices du tourisme…)

Quelle qu’en soit l’issue, voilà une implantation de parc éolien offshore dont on ne pourra pas dire qu’elle n’aura pas été menée en concertation étroite et volontaire avec les principaux acteur à savoir les métiers de la mer (pêche, transports maritimes, marine marchande) ; les associations écologiques (défense de l’environnement, protection des oiseaux, chasse & nature…) ; les collectivités locales ; les chambres de commerce & d’industrie ; le MEDDEM ; le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche ; les professionnels du tourisme ; les syndicats mixtes communautés d’agglomérations, communautés de communes ; les industriels et surtout en lien direct avec le public des riverains concernés.

Constatant pour ma part que la situation a décidément bien évolué en France depuis l’époque où l’on implantait une infrastructure énergétique lourde (centrale aux énergies fossiles ou centrale nucléaire) sans demander l’avis de personne (ou presque personne !), j’attends les conclusions de ce débat public sur lequel je ne manquerai pas de revenir au fil des réunions. On l’espére constructif et intelligent. On peut toujours espérer, vous me direz !

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : Sites liés. Cartes et Photos © CPDP

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