Europe – 23/06/2021 – energiesdelamer.eu. Frans Timmermans a annoncé le 9 juin dernier, qu’à la suite d’un projet d’extension de la tarification du carbone aux transports et aux systèmes de chauffage des bâtiments, la Commission européenne va mettre en place un fonds destiné à aider les ménages vulnérables si leur facture de carburant augmente. En effet, en juillet, la Commission proposera un ensemble de mesures visant à réduire plus rapidement les émissions de gaz à effet de serre au cours de la présente décennie, notamment en modifiant les taxes sur les carburants et en renforçant les objectifs en matière d’énergies renouvelables.

Parmi les propositions envisagées figure un système d’échange de droits d’émission de CO2 pour les transports et les systèmes de chauffage des bâtiments.

Ce projet a suscité l’inquiétude de certains pays de l’UE et des législateurs du Parlement européen, estimant qu’il pourrait faire grimper le prix du carburant pour les citoyens, en frappant plus durement les groupes vulnérables et à faible revenu. Retour sur l’interview que Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne chargé du Pacte vert pour l’Europe avait accordé à Frédéric Simon d’Euractiv le 25 mai dernier, sur les grands étapes de la construction de la loi historique sur le climat visant la neutralité climatique d’ici à 2050, le marché carbone, les négociations climat avec les Etats-Unis et l’importance des continents asiatiques et africains dans le processus de la COP26.

Euractiv : Une nouvelle phase du processus d’élaboration des politiques, avec un ensemble de propositions sont attendues en juillet pour mettre en œuvre les nouveaux objectifs climatiques de 2030.

Les États membres de l’UE ont convenu d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050 et d’augmenter leur niveau d’ambition pour 2030. Cela signifie que l’Europe doit modifier toutes ses politiques climatiques, y compris son système d’échange de quotas d’émission, a déclaré Frans Timmermans, qui identifie les éléments clés et la manière dont ils s’articuleront pour former un ensemble cohérent.

Frans Timmermans : La question centrale est la suivante : jusqu’à présent, nous avions convenu de réduire nos émissions de 40 % par rapport à 1990. Avec la loi sur le climat, nous avons maintenant inscrit que nous réduirons nos émissions d’au moins 55 % d’ici à 2030. Cela signifie que nous devons revenir sur toutes les politiques qui ont été faites pour -40 % et les adapter à -55 %.

Pourquoi présenter un paquet de 12 propositions ? Parce qu’il doit y avoir un équilibre. Lorsque vous faites ces propositions, que ce soit sur le système d’échange de quotas d’émission (SEQE), sur les énergies renouvelables, sur l’efficacité énergétique, sur la taxation de l’énergie, ou sur les émissions des voitures et des camionnettes, il y a du bon et du mauvais pour tout le monde. Nous devons donc créer un équilibre.

Nous dirons essentiellement aux États membres : « Vous avez tous accepté les -55 %. Cela entraîne des conséquences et c’est ainsi que nous voyons un paquet équilibré dans tous ces domaines. Maintenant, c’est à vous, en dialogue avec les co-législateurs, de voir si cet équilibre est quelque chose dont vous pouvez vous accommoder ou si nous devrions le modifier ici ou là. »

Il y aura toujours quelque chose que les États membres aimeront ou n’aimeront pas, car leurs positions de départ ne sont pas les mêmes. La Pologne, par exemple, dépend encore du charbon pour 70 % de sa consommation d’énergie, alors que l’Autriche produit plus de 75 % de son électricité de manière durable. Nous devons donc reconnaître les différentes positions de départ.

Euractiv : Quels seront les éléments clés de ce paquet et comment s’articuleront-ils ?

FT – Je pense que la pierre angulaire est le système d’échange de quotas d’émission, parce qu’il a été très efficace (SEQE-UE) (Ndrl évoqué par Barbara Pompili à propos du transport maritime). Il a permis de fixer un prix pour le carbone. Il a influencé le secteur de l’énergie et l’industrie dans le sens où ils comprennent que, s’ils font mieux, ils n’auront pas à payer autant. Il s’agit donc d’un énorme instrument d’incitation et il est clair que nous devons le développer.

Nous devons examiner les nouveaux domaines éventuels auxquels il peut être appliqué. Mais aussi dans les domaines existants ; nous devons examiner très attentivement les quotas gratuits, par exemple. Et nous devons peut-être aussi examiner très attentivement l’élargissement du SEQE au transport maritime ou à l’aviation.

En faisant tout cela – et peut-être en l’étendant aux bâtiments et aux transports – nous devons examiner les effets que nous allons engendrer, notamment au niveau international, car le mécanisme d’ajustement à la frontière du carbone (CBAM) est lié au SEQE.

Le SEQE est manifestement l’instrument le plus clair dont nous disposons pour influencer les comportements afin de réduire les émissions….

Enfin pour conclure cette interview, Franz Timmermans rappelle qu’il faudrait doubler les énergies renouvelables d’ici à 2030 pour atteindre le nouvel objectif de 55 % et explique comment y parvenir ?

« L’hydrogène décolle donc à la vitesse de l’éclair ! »

Tout d’abord, nous devons reconnaître que les énergies renouvelables sont l’avenir. C’est ce que l’Agence internationale de l’énergie a fait la semaine dernière avec son rapport sur la neutralité carbone, que j’ai trouvé très inspirant.

Les énergies renouvelables deviennent moins chères à l’heure où nous parlons – elles seront moins chères à la fin de cette interview qu’elles ne l’étaient au début. Surtout l’énergie solaire, mais aussi l’énergie éolienne, en particulier l’énergie éolienne en mer. Il est de plus en plus intéressant d’investir dans ces technologies. Les revenus sont presque garantis et cela fera baisser les prix de l’énergie.

Ensuite, pour que cela soit un succès, nous devons investir massivement dans les réseaux. Le secteur privé voudra le faire parce que c’est tellement rentable, mais le secteur public devra créer les bonnes conditions – avec des crédits, mais aussi en changeant notre façon de délivrer les permis. Cela prend beaucoup trop de temps et il y a trop de conditions. Nous devons accélérer le processus.

Troisièmement, nous avons l’hydrogène. Lorsque nous avons présenté la stratégie pour l’hydrogène vert l’année dernière, les gens ont dit que nos ambitions étaient folles. À l’époque, nous avions conclu que nous pourrions atteindre 40 GW d’hydrogène vert d’ici à 2030. Eh bien, commercialement, on a déjà dépassé cet objectif, mais il y a un an, on considérait que c’était trop ambitieux. L’hydrogène décolle donc à la vitesse de l’éclair.

L’élément vulnérable ici est l’infrastructure sous-jacente. Prenez les véhicules électriques, qui sont en train de décoller. Dans six ans, une voiture électrique sera moins chère, non seulement à l’usage – c’est déjà le cas – mais aussi à l’achat qu’une voiture à moteur à combustion interne.

Mais disposons-nous d’une capacité de recharge suffisante ? La production d’énergie renouvelable sera-t-elle suffisante pour alimenter les chargeurs ? Ce sont là les grands défis à relever. Alors si vous me demandez, est-ce un défi ? La création d’une production suffisante d’énergie renouvelable pourrait être le plus grand défi énergétique auquel nous sommes confrontés, même si les conditions économiques sont vraiment très favorables.

POINTS DE REPÈRE


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