Polynésie Française – Lundi 22/03/2021 – energiesdelamer.eu. Arrivées par conteneur d’Italie, les portions du futur Swac de Taaone ont été déposées sur les bords de la baie de Phaeton, à Papeari.
Elles font douze mètres chacune et 710 mm de diamètre. Depuis janvier, des tuyaux sont soudés entre eux par «polyfusion», lestés avec des blocs de béton, protégés et petit à petit mis à l’eau le long d’un rail, où leur étanchéité est testée… Des petits tronçons – jusqu’à 650 mètres de long tout de même – sont déjà stockés en mer, non loin de la passe Teputa. Quand la dernière section de 2,4 km de dimension sera terminée, au mois de juin 2021, le «pipe», sera remorqué vers l’extérieur du lagon, et autour de Tahiti jusqu’au large de Pirae.
L’installation Swac doit permettre au Centre Hospitalier de la Polynésie Française dirigée par Claude Panero depuis janvier 2020, première polynésienne à diriger l’établissement, de réduire sa facture d’électricité de 350 millions de Fcfp par an, avec une énergie entièrement renouvelable.
C’est, face au centre hospitalier, que le Swac (Sea-water air conditioning ou climatisation à eau de mer) sera immergé le long du tombant et du récif, de 900 mètres de fond jusqu’à la côte. Le tuyau doit permettre, pendant 30 ans, de pomper de l’eau de mer à 5°C pour l’amener vers le système de climatisation à eau de l’hôpital, qui pourra donc se passer de ses refroidisseurs si gourmands en électricité. L’eau doit être ensuite rejetée à environ 12°C dans le lagon, qui d’après les études préparatoires ne subira « aucun impact environnemental ».
Le 9 mars dernier, à Papeari, le – Président de la Polynésie française Edouard Fritch, entouré de trois ministres et de représentants de l’administration du Pays et de l’État, a visité chaque atelier du chantier. Le fenua qui signifie « territoire », « terre », « pays » ou souvent « île » en tahitien), n’en est pas à sa première expérience. À Bora Bora, où l’Intercontinental a fait installer le premier Swac commercial au monde en 2006, l’équipement est en panne depuis maintenant 5 ans, et les tentatives de réparations ont jusqu’ici échoué. Mais les incidents techniques de Bora Bora ont servi d’enseignement pour le CHPF souligne Yvonnick Raffin.
Des références
Celui de l’hôtel Brando, installé à Tetiaroa à partir de 2011, est lui bien en activité, et son efficacité fait l’objet d’une étude du Pays et de l’Université. La Polynésie, dont les tombants abrupts et proches des côtes sont particulièrement adaptés à cette technologie, réaffirme sa confiance dans cette technologie nouvelle en commandant « le plus long Swac commercial du monde » pour le CHPF. 3,6 milliards de francs – dont 44% en fond propres du Pays, et des prêts et subventions d’État – pour 3,8 kilomètres d’installation. « Nous n’avons aucun doute sur cet équipement, explique le ministre des Finances et de l’Énergie Yvonnick Raffin. Les soucis d’ancrage à Bora Bora nous ont donné un retour d’expérience qui nous a permis de revoir les processus techniques ».
Les objectifs à l’échelle du Pays – 75% de renouvelable dans le mix électrique en 2030 contre 28,8% aujourd’hui – sont encore loin. Mais le Swac permettra au moins de débloquer le compteur, qui avait plutôt tendance, le manque de pluie n’aidant pas, à baisser ces dernières années. Si d’autres systèmes de climatisation à l’eau de mer pourraient être étudiés – pour le quartier administratif entourant l’avenue Pouvanaa a Oopa, par exemple – le Pays veut surtout multiplier les projets. Appels à projet sur le photovoltaïque, règlementation énergétique des bâtiments… « On travaille à la fois à la réduction de la demande et à augmenter la production en énergie renouvelable », précise Pierre Boscq.
Concilier rentabilité et transition énergétique
D’après le plan de financement, l’investissement devrait être rentabilisé en « 10 à 15 ans ». Il faut dire que le CHPF pèse lourd dans la consommation électrique de Tahiti et que sa climatisation représente plus de 50% de la facture. Le nouveau système repose sur des pompes, mais sans refroidisseur, l’efficacité énergétique « est multipliée par dix » précise un spécialiste. En octobre prochain, lors de la mise en service, et après quelques semaines d’ultimes tests, ce sont 12 GWh de consommation électrique, soit 350 millions de francs et 5 000 tonnes d’équivalent CO2 par an, qui vont disparaitre. Et avec eux s’évaporera 2% de la demande électrique à Tahiti qui grapillera donc autant de points dans le taux de pénétration des énergies renouvelables. « On a réussi à concilier transition énergétique et économies financières », se félicite le chef du service des énergies, Pierre Bosq.
La Polynésie française avait lancé une procédure d’appel d’offres, le 28 septembre 2018, en vue de l’attribution du marché public portant sur la construction d’un système de climatisation au moyen d’eau de mer de grande profondeur (Swac) pour le centre hospitalier de Polynésie française. L’entrée en exploitation de ce dispositif de 6 mégawatts de production d’air froid était prévue pour le troisième trimestre 2020.
Les quatre sociétés attributaires des quatre lots du marché du système de climatisation à l’eau de mer des profondeurs (Swac) de l’hôpital attribués par ministère de la modernisation sont : Geocean dont Roy Issa, est le chef de projet (filiale de Vinci), Boyer, Cegelec et Interoute.
Geocean la filiale du groupe Vinci et trois sociétés locales vont construire le Swac de l’hôpital de Taaone. Un marché à 2,7 milliards de Fcfp pour ce qui deviendra le plus gros système de climatisation à l’eau de mer au monde en terme de performances.
Le lot 1 de construction des « ouvrages maritimes », le plus important pèse à lui seul 2,17 milliards de Fcfp. Il a été attribué à Geocean, une filiale du groupe Vinci pour la réalisation des ouvrages maritimes qui prévoit l’installation de deux conduites : Une conduite d’aspiration composée d’un tuyau en PEHD DN710mm d’une longueur d’environ 3.800m, allant jusqu’à une profondeur de -890m. Une conduite de rejet équipée d’un diffuseur dans sa partie terminale. Cette conduite sera composée d’un tuyau PEHD DN710mm, d’une longueur d’environ 200m.
Le second lot « génie civil » a été attribué à la société polynésienne Boyer, dont les recours pour les lots 1 et 4 avaient défrayé la chronique. Le troisième lot « process » a également été attribué à une société locale : Cegelec. Et le quatrième lot « réseau secondaire » sera réalisé par une troisième société polynésienne, Interoute.
Les aspects juridiques
Le 20 mars 2019, une ordonnance rendue publique dans le cadre d’une action en référé avait confirmé l’attribution du lot principal du marché du Swac de Taaone à la société Geocean, filiale du groupe Vinci.
Le marché comprenait quatre lots : « Ouvrages maritimes » (lot n° 1), « Génie civil du local technique » (lot n° 2), « Process » (lot n° 3) et « Réseau secondaire » (lot n° 4). La procédure d’attribution est achevée.
La SAS Boyer, entreprise locale du BTP, avait saisi le juge des référés afin de dénoncer les circonstances du rejet, courant février, de son offre pour le lot n° 1 de ce marché. Elle demandait en outre l’annulation de la procédure de passation de ce lot à la société Geocean, filiale du groupe Vinci déjà retenue en 2010 pour la réalisation du Swac de Tetiaroa.
Par une ordonnance rendue publique, le juge des évidences avait rejetté la requête de Boyer. Son offre pour le lot principal de ce marché public à plus de 3 milliards Fcfp avait été jugée « irrégulière et anormalement basse« . Cette décision de justice confirme la régularité de l’attribution du lot des ouvrages maritimes à la société Geocean sur la base d’une offre à 2,17 milliards Fcfp.
La SAS Boyer est en outre condamnée à verser à la filiale du groupe Vinci la somme de 500 000 Fcfp au titre des frais de justice.
Le lot « Ouvrages maritimes » du Swac de Taaone porte sur la réalisation d’une conduite d’aspiration de 3 800 mètres entre le local technique du dispositif de climatisation et un point localisé dans l’océan à une profondeur de -890 m au large. Le juge des référés estime, dans la décision rendue publique mercredi, que la société Boyer ne démontre pas qu’elle est en mesure de disposer du matériel technique nécessaire à la réalisation de cet ouvrage.
L’offre de Boyer présentait un prix plus de deux fois inférieure à la moyenne des offres présentées par les autres candidats et était apparue comme anormalement basse. Les explications fournies par cette société locale au juge des référés, juge des évidences, concernant notamment la disponibilité sur place de ses moyens matériels et humains, le coût de certaines prestations, et son expérience sur des travaux comparables, notamment suite à la réalisation du Swac de l’Intercontinental Bora Bora, n’auront pas convaincu.
Lot n° 4 : la requête de Polynésie VRD rejetée
Une seconde ordonnance de référé rendue mercredi dans la journée rejette la requête de la société Polynésie VRD, filiale du groupe Boyer. L’action visait à annuler l’attribution du lot n° 4 « Réseau secondaire » à la société Interoute. Ce lot évalué à 200 millions Fcfp concerne la pose d’une conduite enterrée de 1500 mètres reliant le local technique du Swac, où doit se produire l’échange de froid, et le système de ventilation de la climatisation de l’hôpital. L’attribution de ce chantier est validée en faveur de la société Interoute, à qui la SAS Polynésie VRD devra en outre verser 500 000 Fcfp au titre des frais de justice.
POINTS DE REPÈRE
Le CHPF
Intervenant sur un territoire dispersé, couvrant une zone maritime équivalente à la superficie de l’Europe continentale a pour spécificité d’assumer sa mission d’établissement de santé dans un environnement géographique dispersé, nécessitant un équilibre, par définition précaire, entre prises en charge locales et évacuations sanitaires (EVASAN), des îles de Polynésie française vers Tahiti et de Tahiti vers la métropole ou vers la Nouvelle-Zélande.
Chiffes clés : Le Swac en Polynésie française
Un nouveau projet devrait être lancé cette année pour un aménagement en centre ville.
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