France – Lundi 11/06/2018 – energiesdelamer.eu. A trois jours de l’inauguration de l’atelier d’assemblage d’hydroliennes de Cherbourg, Laurent Schneider-Maunoury déclare : nous avons besoin de visibilité sur la phase commerciale de l’hydrolien qui, à défaut de prise de décision, risque de rendre caduques les centaines de millions d’euros investis depuis plusieurs années….
Un sujet qu’il abordera très probablement dès demain, lors de la 5ème édition des Assises nationales des Énergies Marines Renouvelables* du SER, intitulée « EMR : réaliser sans attendre l’ambition énergétique et industrielle de la France ! »
EDM – Vous avez hérité lors de votre nomination de 3 technologies, L’hydrolien, l’énergie thermique des mers et l’éolien flottant.
Sur quels critères avez-vous fait vos choix pour réorienter la stratégie de la filiale dont les principaux actionnaires sont Naval Group, BPIFrance, BNP Paribas et TechnipFMC?
Laurent Schneider-Maunoury – Le mandat que m’ont confié mes actionnaires est très clair. Nous devons faire en sorte que Naval Energies soit viable et se développe de manière économiquement pérenne. Pour cela, nous devons être l’entreprise de référence de n’importe quel Etat, institution ou énergéticien ayant un projet dans les EMR. Naval Energies a un positionnement unique dans le monde. Nous sommes les seuls à développer trois lignes de produits. C’est une force qui est due à plus de dix ans d’expérience et à des centaines de millions d’euro d’investissement dans le domaine. Plusieurs technologies ont été testées, plusieurs ont été abandonnées, les restantes n’ont pu survivre qu’à grand renfort d’amélioration constante. Ainsi, notre stratégie, c’est d’abord d’être en avance sur la technologie, être excellent d’un point de vue industriel et financier, et enfin avoir une influence commerciale suffisante.
Restructuration
Quelles ont été vos priorités dans la restructuration de Naval Energies tant au niveau des effectifs que des projets ?
Comment les équipes Naval Energies se répartissent-elles géographiquement entre la France et les différents pays où vous êtes présent ? Quelles technologies sont mises en avant ?
Pour sécuriser le développement de Naval Energies, il a été décidé de concentrer les efforts sur les projets prioritaires ce qui implique le gel de certains travaux et a conduit à une adaptation des effectifs de l’ordre de 100 personnes en France et en Irlande. Aujourd’hui, Naval Energies est en train d’écrire une nouvelle histoire industrielle sur un marché naissant, avec des technologies remarquables qu’il faut développer. Nos technologies se situent à des degrés de maturité différents selon que l’on parle d’hydrolien, d’éolien flottant ou d’énergie thermique des mers, selon que l’on parle de technologie ou d’industrialisation. Nous devons passer d’une culture de start-up qui développe des technologies à celle d’industriel et de producteur de série. Nous nous sommes accrochés et quand je me retourne aujourd’hui sur le chemin parcouru par l’entreprise, je suis fier de ce que nous avons réalisé. Les EMR en sont à des degrés différents de maturité technologique. Pour l’hydrolien, la plus avancée, nous sommes sortis de la phase de R&D. Nous avons engagé la phase de fermes pilotes et nous sommes en train de créer une nouvelle filière industrielle et surmonté les défis immenses liés à un environnement marin très agressif. Pour l’éolien flottant, nous avons concentré nos efforts sur le projet de Groix-Belle Ile. Nous nous positionnons en tant que maître d’œuvre pour la réalisation, l’installation en mer et la connexion de flotteurs. Notre proposition est prête et nous l’avons fourni à Eolfi, le porteur du projet de Groix,
Enfin Naval Energies, poursuit ses développements dans le domaine de la fourniture d’équipement ETM de manière à proposer à court terme des systèmes à terre et à plus long terme des systèmes en mer. Nous allons proposer à court terme des systèmes complets d’ETM à terre, en partenariat avec des sociétés qui pourraient y adjoindre des co-produits comme de la climatisation par eau de mer par exemple. Par ailleurs, nous avons toujours en ligne de mire les ETM en mer. Ces derniers étant cependant dépendants d’un véritable soutien public d’une part et de développements technologiques sur la conduite d’eau profonde d’autre part.
ETM offshore
En revanche, le projet ETM offshore intitulé NEMO sur le site de Bellefontaine en Martinique a été mis en stand-by ? Quelles sont les principales contraintes que vous avez à gérer et quelles sont aujourd’hui l’état de vos négociations avec Akuo Energy ?
Naval Energies reste mobilisé pour relever les défis technologiques que représente l’ETM en mer. C’est une technologie très compliqué. Le tuyau d’aspiration d’eau froide d’une centrale de 10MW mesure 1 KM, fait 6 mètre de diamètre, remplit une piscine en 3 secondes et doit résister pendant 25 ans au mouvement d’une barge en mouvement dans les trois dimensions. Nous devons encore faire sauter ce verrou technologique et il nous faudrait encore investir en R&D plusieurs dizaines de millions d’euros, que nous ne pouvons pas mobiliser pour le moment. En janvier, nous avons annoncé que le calendrier était repoussé. Nous travaillons pour trouver les financements nécessaires.
L’hydrolien
L’hydrolienne Open Hydro a été largement modifiée ces derniers mois. Pourquoi et quels sont les principaux changements? Vous attendez-vous à une prochaine annonce qui permettra de lancer la production d’hydrolienne autres que celles conçues pour le Japon ?
L’usine de Cherbourg pour y construire des hydroliennes sera inaugurée le jeudi 14 juin. Quelles perspectives à court et moyen termes en matière de fabrication ?
Nous sommes dans une démarche industrielle d’amélioration continue et nous n’avons pas modifié les caractéristiques de nos hydroliennes qui font 16 mètres de diamètre, ont une puissance nominale de 2 MW et ont pour avantage mécanique de ne pas avoir d’engrenage. Nous travaillons désormais à améliorer notre produit pour augmenter sa fiabilité, baisser ses coûts, augmenter ses performances. Notre technologie hydrolienne est éprouvée, donc, et nous avons enclenché la phase industrielle en construisant la première usine d’assemblage d’hydrolienne au monde, ici, à Cherbourg, au plus proche de la ressource, pour réduire nos coûts de production et anticiper les fermes commerciales. Cette usine fournira les hydroliennes pour la ferme pilote Normandie hydro puis toutes les fermes commerciales françaises. Elle fournira aussi les hydroliennes des projets pré-commerciaux du reste du monde, le Japon et le Canada. Avec cette usine, nous pouvons produire une hydrolienne tous les 15 jours, soit 25 par an. Aujourd’hui, nous avons besoin de visibilité sur la phase commerciale de l’hydrolien qui à défaut de prise de décision risque de rendre caduques les centaines de millions d’euros investis depuis plusieurs années. L’émergence de champions industriels doit être supportée par les pouvoirs publics, mais nous sommes fiers d’être des pionniers et nous croyons au potentiel des EMR pour la France et le monde.
Un nouvel envol avec une 4è technologie
Naval Group s’est associé à Microsoft pour déployer un Datacenter sous-marin, lire article du 06/06/2018. Quel est le rôle de Naval Energies et quelles technologies ont été adaptées pour concevoir le design de la structure du Datacenter de la Phase 2 du projet Natick. Est-ce une nouvelle ouverture pour Naval Energies ?
Naval Energies a joué un rôle important dans les phases d’intégrations, de fabrications et d’opérations marines (transports et déploiement) sur le projet Natick de module sous-marin pour abriter un datacenter immergé de Microsoft. Nos savoir-faire ont permis de préparer et piloter la construction du module sous-marin, incluant notamment l’enveloppe extérieure, le circuit de refroidissement, le système d’insertion des serveurs et la base sous-marine de la structure. Nous avons également contribué à l’implantation des serveurs et des connectiques, fourni et installé des systèmes de connexion sous-marine innovants, contribué au phase de pilotage des essais de l’ensemble, refroidissement, étanchéité et connexion. Enfin, nous avons préparé et piloté les phases de mise à l’eau de la structure sur le site de l’EMEC en Ecosse. Ce projet reste un premier prototype taille réel. Nous sommes ici au service de Microsoft. Nous ne parlons pas encore de croissance au niveau de Naval Energies, cela reste un projet de recherche et développement pour le moment. Bien sûr nous comptons sur l’année de test de la phase 2 du projet Natick pour pouvoir tirer les premiers enseignements et nous sommes à la disposition pour d’autres projets dans le même domaine
*les Assises seront suivies d’ICOE, conférence internationale dédiée aux énergies de l’océan, organisée en France en 2018 à laquelle Naval Energies participe également
Publicités Google :