France – 08/04/2022 – energiesdelamer.eu. Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la mer a réalisé et publié un « Comparateur de programmes » en vue de l’élection et du prochain quinquennat.
Interview du supplément Hebdo « spécial élections présidentielles ».
La plupart des analystes observe que les grands enjeux de l’Océan mis à l’honneur lors du One Ocean Summit comme l’exploration des grands fonds marins, les énergies renouvelables en mer, le transport maritime, le plastique, le développement de la transition écologique et énergétique au regard du changement climatique, ont été négligés par la plupart des candidats et sont donc demeurés absents.
« C’est bien dommage que l’Océan ne soit traité par les personnalités politiques que face à des gens de l’économie ou du monde maritime » regrette Sabine Roux de Bézieux.
Pourtant, avant l’été 2023, selon les lois votées durant le quinquennat et notamment la Loi Climat et Résilience, la future Stratégie française sur l’énergie et le climat (SFEC) qui doit permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et de s’adapter aux impacts du changement climatique devra être publiée. « Elle doit comprendre la toute première Loi de programmation énergie climat (LPEC), la troisième édition de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) et de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2024-2033) , comme le rappelle de son côté Anne-Catherine Husson Traore Directrice de Novethic », comme le rappelle de son côté Anne-Catherine Husson Traore Directrice de Novethic. Le nouveau rapport du Groupe 3 du Giec, donne trois ans au monde pour prendre les décisions radicales permettant d’éviter la catastrophe climatique.
Que pensez-vous de la loi climat et résilience, concernant l’Océan ? Est-elle efficace ou faut-il aller plus loin ?
Sabine Roux de Bézieux – Réjouissons-nous de la démarche de participation citoyenne, et du souci d’intégrer toutes les aspects de la vie quotidienne ayant un impact sur le climat : logement, transport, alimentation. La Fondation de la Mer regrette toutefois que le rôle de l’Océan comme régulateur du climat ne soit pas pris en compte, oubliant ainsi 70% de la surface de notre planète et un espace maritime français qui représente 20 fois la surface de l’hexagone. Par ailleurs, la Fondation regrette que les liens entre les mesures annoncées et leurs impacts attendus soient insuffisamment explicités : impact sur les émissions de gaz à effet de serre, impacts sur la santé humaine, impacts socio-économiques. Enfin, le calendrier repousse au-delà 2030 des mesures qui devraient être accélérées.
Quel est votre opinion sur le déploiement des énergies renouvelables en mer, et donc sur la situation actuelle des énergies marines en général (éolien, hydrolien, houlomoteur…) par rapport à la PPE. Que recommanderiez-vous ?
SRB – La France brille par son espace maritime sur tous les océans de la planète, mais pas pour son déploiement d’énergies marines renouvelables. Si les industriels regrettent la lenteur des procédures, les citoyens se sentent floués lors des débats publics, ayant le sentiment que leurs avis ne comptent pas. Par ailleurs, les associations environnementales regrettent que la question de la réversibilité des impacts, comme celle du réel cycle de vie des installations soient traitées comme un mal nécessaire plus qu’un facteur de succès. La Fondation de la Mer souhaite réconcilier économie et écologie, et permettre le développement d’énergies renouvelables, qui contribuent positivement à la vie des populations comme à la biodiversité marine.
Vous avez participé le 4 avril dernier à la conférence organisée par le CESM*. Quel est votre position sur les recherches et exploitations des grands fonds marins ?
SRB – Explorer l’Océan est indispensable : c’est le plus grand espace de vie de notre planète et le grand inconnu. Investissons donc dans la recherche : cartographie de fonds marins, connaissance des écosystèmes profonds, études de l’exposome, etc. La connaissance issue de l’exploration permettra de choisir : choisir d’exploiter ou non. Et surtout choisir ce que nous voudrons exploiter. La Fondation de la Mer regrette que le débat ne porte aujourd’hui que sur les ressources minérales, alors que l’Océan est avant tout un immense réserve de ressources vivantes, dont la valorisation respectueuse pourrait se faire pour notre alimentation ou notre santé. Il faut décloisonner les programmes de recherche, au profit de l’humanité. Les grands fonds marins sont un patrimoine commun de l’humanité. Nous devons nous assurer de n’y mener aucune activité à impact irréversible pour les générations futures.
Quels seraient vos souhaits à mettre en œuvre par la prochaine personnalité issue du choix des Français ?
SRB – Je voudrais que soient poursuivies les actions menées au cours du quinquennat précédent (un ministère de la Mer, le One Ocean Summit et ses engagements, le soutien à notre Marine nationale, …). Cette question de la mer ne doit pas simplement faire l’objet d’une déclaration d’amour face aux gens de mer, trop vite oubliée une fois le dos tourné.
Ce que voudrait La Fondation de la Mer, c’est que la mer soit une passion, un engagement et une conviction et pas seulement quand le chef de l’Etat est en face des gens du monde maritime.
Ce que nous regrettons, c’est que la mer reste au niveau du monde maritime. Or, si on veut que la mer devienne un enjeu stratégique et écologique pour la France, il faut que cette question de mer soit partagée avec tous les Françaises et les Français, et soit intégrée dans toutes les décisions politiques qui engagent notre avenir.
Quand on parle d’énergie, il ne faut pas oublier la mer ; quand on parle d’alimentation, il ne faut pas oublier la mer ; quand on parle de logement, il ne faut pas oublier la mer, parce que l’on peut engager des ressources marines pour le logement, d’ailleurs on le fait en allant chercher des granulats.
Toutes les questions sont liées à la mer et c’est bien dommage que la mer ne soit traitée par les hommes et les femmes politiques que lorsqu’ils se retrouvent face à des gens de l’économie ou du monde maritime.
Nous, à la Fondation de la mer, notre obsession c’est de créer des liens entre la terre et la mer pour l’ensemble des Françaises et des Français et ceux qui vivent de la mer ou sur le littoral.
Que fait la Fondation de la mer dans cette optique ?
SRB – Tout d’abord, j’évoquerais la question de l’éducation. Nous travaillons depuis 7 ans avec le ministère de l’éducation nationale pour mettre l’Océan dans tous les programmes, pour que la jeune génération comprenne que l’on ne peut pas regarder le monde, la géopolitique, l’histoire, les sciences … sans s’intéresser à la mer. Aujourd’hui la mer est présente dans tous les programmes scolaires, des petites classes jusque dans les classes préparatoires aux écoles de gestion.
Ensuite, nous avons développé avec le ministère de la mer, BCG et Bureau Veritas, des outils pour les entreprises afin d’évaluer leur lien à l’Océan, et développer leur stratégie Océan. Le « Référentiel Océan » est utilisable par toutes les entreprises, de la PME jusqu’au grand groupe international, et pour tous les secteurs. Aujourd’hui on a des entreprises labellisées « Ocean Approved » dans les datacenters, le tourisme ou les cosmétiques…et c’est applicable à tout le monde.
C’est la manière dont on met en œuvre ce pont entre le monde de la mer et le monde de la terre.
Propos recueillis par Brigitte Bornemann
* Conférence du Centre d’études stratégiques de la Marine, France 2030. Les grands fonds marins et la gouvernance par Jean-Louis Levet et vidéo de la conférence)
POINTS DE REPÈRE
22/12/2021 – À l’instar de l’écologie dans son ensemble, les enjeux concernant l’espace maritime ne sont guère débattus à l’approche de l’élection présidentielle. La Fabrique écologique comme d’autres think tank (IDDRI, I4CE, l’Institut Jacques Delors (IJD) et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui se sont notamment interrogés sur les investissements nécessaires à la transition écologique lors du prochain quinquennat, vont interpeler les candidats, Des webmasters ont été organisés, le Cluster maritimes, le SER, FEE …. mais au fil de la campagne, rien n’a changé !
22/02/2022 – Christopher Guérin, le PDG de Nexans a émis le 16 février, le vœu en faveur de la nomination d’un ministre de l’énergie dans le prochain gouvernement.
31/03/2022 – Les questions posées par la Fondation de la mer.
Parmi les 5 questions posées aux candidats par la Fondation de la mer, celle qui relève de la place du ministère de la Mer aux pouvoirs renforcés est particulièrement révélatrice…..
Les 12 candidats (de gauche à droite) : Nathalie Arthaud, Fabien Roussel, Emmanuel Macron, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Philippe Poutou et Nicolas Dupont-Aignan. •
Dates de l’élection présidentielle
le dimanche 10 avril 2022 pour le premier tour ; le dimanche 24 avril 2022 pour le second tour.
Néanmoins, en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à Saint-Barthélemy, à Saint-Martin et en Polynésie française, les électeurs voteront les samedis 9 avril et 23 avril pour tenir compte du décalage horaire.
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