SAN FRANCISCO (Etats-Unis) – 14/08/2008 – 3B Conseils – En signe de protestation contre l’énorme quantité de déchets déversés dans l’océan Pacifique, le Dr Marcus Eriksen et son équipe ont assemblé une sorte de » voilier » qu’ils ont mis à l’eau avec projet de joindre les côtes Californiennes à Honolulu (Hawaii) pour mieux faire prendre conscience de cet énorme problème d’environnement maritime. Ce voilier, entièrement fabriqué à partir de déchets récupérés en mer est notamment constitué de 15000 bouteilles en plastiques, de 2 filets de pêche usagers abandonnés en mer par des pêcheurs et d’une cabine de pilotage d’avion Cessna abîmé en mer. Voilà au moins un tas de déchets flottants qui ne nuira pas à l’environnement marin ! Ce » radeau du déchet » a été baptisé de façon très appropriée » JUNK « , mot qui définit en anglais à la fois un » déchet » et un célèbre type de bateau chinois : la jonque ! Le JUNK n’est bien entendu équipé d’aucun moteur, il navigue à la seule énergie de propulsion de ses voiles, des courants marins et de deux éoliennes portatives installées sur le pont ; équipé de la sorte, le JUNK met un point d’honneur à ne rejeter en mer aucune sorte de polluant. Cette audacieuse expédition doit parcourir à peu près 1500 km avant de rejoindre sa destination finale d’Honolulu. Une bonne partie du chemin a déjà été fait à ce jour ; un blog (ICI) a été ouvert pour suivre, jour après jour, la progression de la jonque des côtes californiennes à Hawaï et pour se tenir informé des mauvaises rencontres (de déchets) faites en chemin. Rappelons que c’est l’équivalent d’un véritable petit » continent » de déchets dont la taille atteint près de 3,5 millions de km², qui s’est formé dans le Nord-est du pacifique, précisément entre la Californie et Hawaï où les courants marins transportent toutes les ordures des deux rives du Pacifique. Les observations menées par l’Algalita Marine Research Foundation et la California Coastal Commission de San Francisco estiment que les déchets tourbillonnant sous l’effet du grand vortex nord-pacifique (North Pacific Gyre) s’accumulent dans cette zone peu connue, un peu à l’écart des routes commerciales et des zones de pêches, depuis plus de 50 ans maintenant. A l’image d’un puissant trou noir marin, le vortex attire vers lui tous les résidus jetés ou parvenus en mer. L’initiative JUNK en faisant prendre conscience de cette inquiétante réalité, met aussi l’accent sur l’indispensable présente et future mission de recyclage des matériaux utilisés en mer que doivent aussi mener tous ceux qui exploitent les énergies de la mer à des fins commerciales et industrielles. Que faire des plates formes pétrolières et gazières offshore en fin de vie ? Comment envisager l’avenir environnemental des structures d’exploitation des énergies de la mer : fermes éoliennes offshore, fermes hydroliennes, fermes exploitant la force des vagues, usine marémotrices, installations E.TM., centrales osmotiques… ? La crise des déchets que l’humanité traverse actuellement doit faire prendre conscience une fois pour toute que les technologies ont une fin de vie. De nombreux observateurs pensent qu’il faut se préoccuper de la fin de vie des nouvelles technologies avant même de les installer. Certains fabricants le font déjà. Tant mieux pour nous… et pour eux, car c’est à eux que l’avenir donnera très vite raison.
Article : Francis ROUSSEAU
Documents de référence : sites liés. Photos 1 & 2 : The JUNK. Photo 3 : Carte des grands vortex océaniques (cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Publicités Google :