CADIX – (Espagne) – 25/08/2008 – 3B Conseils – Don Quichotte n’avait pas imaginer que les moulins à vents puissent un jour flotter ! Et bien il avait tort car ce n’est pas moins de 31 parcs éoliens offshore que le gouvernement fédéral espagnol prévoit d’installer d’ici à 2012 au large des côtes de Galice, de Catalogne et de la région de Valencia. Près de la moitié de ces parcs serait concentrer autour de Cadix, dans la zone du détroit de Gibraltar qui bénéficie des meilleurs fonds pour de telles implantations et surtout des gisements éoliens les plus constants et les plus puissants. Les 31 parcs éoliens offshore devraient générer 2800 MW, soit l’équivalent de la production de 3 centrales électriques. Ce projet dont la décision d’implantation est imminente, fait suite à l’Etude Stratégique Environnementale présentée en décembre 2007 par le Ministère espagnol de l’Environnement et qui concluait que près de la moitié du littoral espagnol était en mesure d’accueillir des parcs éoliens offshore. Cette étude définissait au total » 70 zones d’implantation d’éoliennes offshore » possibles. Elle établissait une différence très nette entre : 1. Les zones « rouges », représentant 13,3% des côtes espagnoles où il est interdit d’implanter des éoliennes, ces zones incluant les 8 premiers kilomètres au large des côtes, les zones marines protégées et les lieux de pêche. 2. Les zones « jaunes » représentant 43,9% des côtes espagnoles qui pourraient accueillir des parcs éoliens à condition qu’ils respectent des conditions précises concernant la faune, la flore et l’environnement en général…), d’éventuelles incompatibilités étant examinées au cas par cas. 3. Les zones « vertes », dans lesquelles aucune incompatibilité n’a été relevée, et qui représentent 42,8% des côtes espagnoles. Cela signifie en clair que, par un jeu de pourcentage un peu tiré par le bout de la pale, on pouvait arriver à un total de 86,7% des côtes espagnoles éligibles, totalement ou sous conditions, à l’implantation d’éoliennes offshore. Au moment de la publication de cette étude, 28 demandes avaient déjà été déposées dont 16 concernant le littoral côte atlantique, 9 le méditerranéen et 3 au large des îles. Les régions pour lesquelles il y avait le plus de demande étaient celles du Delta de l’Ebre et de Cadix. Et c’est bien dans cette région que le gouvernement prévoit d’implanter aujourd’hui de façon imminente 273 éoliennes de 170 m de hauteur à plus de 10 kilomètres au large de la côte. Autrement dit quelques aiguilles à peine visibles dans l’immensité océane, mais qui ont levé une armée de Don Quichotte. » Quels géants ? » serait-on tenté de parodier, face aux élus locaux des communes concernées qui ont manifesté une forte opposition à ces » monstres » (exactement le mot employé par Don Quichotte découvrant les 30 moulins à vents dans le roman de Cervantès !)… quand on connaît les enjeux énergétiques actuels et surtout l’impact environnemental quasi nul des éoliennes en mer, une telle levée de boucliers laisse songeur. L’opposition des pêcheurs tout aussi vive parait plus légitime… bien que tout aussi injustifiée, l’implantation d’éoliennes en mer ne s’étant jamais faite en Europe au détriment des zones de pêches. Les écologistes espagnols, quand à eux, marchent sur des œufs. Sachant bien qu’au final l’éolien est toujours plus souhaitable en mer que sur terre et que selon les propos de Ecologistas en acción rapportés par Libération.com : » Les moulins à vent, sont bien moins agressifs contre la nature que les pêcheurs « . La majorité d’entre eux favorables à l’implantation de parcs offshore, exigent simplement des » études préalables sérieuses » pour évaluer l’impact sur les » sites protégés » et la faune. Une forme de gesticulation de façade puisque des études d’impact environnemental » très sérieuses » font déjà partie intégrante des procédures systématiquement préalables à toute implantation éolienne offshore en Europe (comme aux Etats-Unis) et n’ont pas vraiment besoin d’être exigées ! N’en étant pas en Europe au stade de la première dans le domaine de l’éolien offshore, il reste deux ans aux experts du renouvelable espagnol que sont Iberdrola, Enerfin et Acciona, pour adapter une technologie qui a fait ses preuves à l’international à la spécificité des côtes espagnoles. Ça ne devrait pas être insurmontable. Sauf si le prosaïque Sancho Panza ne parvient pas à faire entendre raison à l’armée de chevaliers à la triste figure …
Article : Francis Rousseau
Documents de référence : Sites liés + Enviro2B ; ADIT – 29/07/2008. Photos 1 : Don Quichotte et Sanho Panza par Pablo Picasso ; 2 :
A savoir : Le Bureau franco-allemand de coordination énergie éolienne organise à l’automne 2008 à Paris une conférence sur ce thème de la question environnementale et des éoliennes offshore le mercredi 29 octobre 2008. Ce thème fera l’objet de discussions entre les représentants institutionnels, les syndicats, les associations et de nombreux experts afin de développer des solutions communes aux problèmes actuels. En savoir plus sur cette conférence ICI
Publicités Google :