France – Vendredi 07/08/2020 – energiesdelamer.eu. La Commission particulière de débat public de Sud Bretagne présidée par Laurent Pavard a été lancée le 20/07/2020 à Lorient. Le débat en ligne a débuté depuis le 20 juillet dernier et une dizaine de questions ont déjà été posées.
Parmi les premières, celle de Sylvie Loutre postée le 22 juillet dernier :
Pouvons-nous avoir connaissance des études d’impact :
– sur la flore et la faune marine et terrestre
– sur l’aspect économique (tourisme et immobilier) de la pollution visuelle induite ?
CLASSÉE EN TANT QUE
Réponse officielle de la maîtrise d’ouvrage :
Les études d’impact, au sens du code de l’environnement ne sont pas encore disponibles car elles n’ont pas encore été produites. En effet, le débat public intervient dans une phase très précoce du projet sur une zone qu’il n’est pas possible d’investiguer avec un détail très fin.
Les études permettant de caractériser l’état initial de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public. L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE et débutera une fois le projet attribué.
Concernant les effets sur la faune et la flore de la zone d’étude en mer et à terre
Les caractéristiques exactes du projet n’étant pas connues au niveau actuel d’avancement, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts réels. En revanche, il est possible de définir un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents.
Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté conjointement, début 2020, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir les enjeux environnementaux de la zone de débat comprenant la zone d’étude en mer et la zone d’étude pour le raccordement électrique.
Ces études de définition des enjeux sont en rapport avec la taille de la zone du débat. Il ne s’agit pas de mesures in situ ou un état initial de l’environnement à l’échelle du projet.
Les résultats de la synthèse bibliographique ont été validés par les établissements publics compétents, en particulier l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Ifremer.
La zone d’étude en mer pour l’implantation de deux parcs d’éoliennes flottantes
La zone d’étude en mer s’étend principalement sur la grande vasière et en extrême limite sud du secteur de Groix – Belle-Île et ouest du secteur Mor Braz, identifiés dans le document stratégique de façade. Elle ne fait pas l’objet de protection réglementaire spécifique. La faune et la flore qui l’habitent sont toutefois remarquables : avifaune (oiseaux), chiroptères (chauve-souris), mammifères marins, ichtyofaune (poissons, crustacés, mollusques, etc.), habitats benthiques (relatifs au fond des mers – algues, vie du fond marin, etc.).
TBM a spatialisé le risque d’effets pour la faune et la flore présente au sein de la zone d’étude en mer, en découpant la biodiversité suivant quatre compartiments : l’avifaune, les habitats du fond marin, les poissons et les mammifères marins. Le risque d’effets pour les chauves-souris n’a pas pu être spatialisé en raison de l’indisponibilité des données. Les cartes du risque d’effets obtenus sont présentées dans la fiche 9.1 « L’environnement » du dossier de maître d’ouvrage ainsi que dans le rapport d’étude de TBM Environnement.
La zone d’étude pour le raccordement électrique (en mer et à terre)
Concernant le tracé du raccordement électrique en mer, des protections réglementaires ainsi que des inventaires couvrent en partie la zone maritime pouvant être traversée, à savoir :
- Natura 2000 – Directive « Habitats, faune, flore » : Rivière Laïta-Pointe du Talud-étang de Loch et de Lannelech ;
- Natura 2000 – Directive « Oiseaux » : rade de Lorient ;
- zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) : rade de Lorient ;
- zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique – type 1 : côte rocheuse de Merrien à Doëlan ;
- zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique – type 2 : vallée de l’Aven et du Ster Goz ; arrêté préfectoral de protection de biotope : rives du Scorff.
La zone d’étude terrestre pour le raccordement du parc au réseau de transport d’électricité présente également des enjeux naturels importants. Ces derniers concernent essentiellement la partie littorale et les vallées des principaux cours d’eau et fleuves présents dans la zone (ria d’Étel, vallées et rives du Scorff, du Blavet, Laïta, Belon, etc.). Des protections réglementaires (Natura 2000, arrêté préfectoral de protection de biotope) ainsi que des inventaires (types ZICO et ZNIEFF) témoignent de ces enjeux de biodiversité. Par ailleurs, d’autres protections réglementaires telles que les sites classés et inscrits, les sites du Conservatoire du littoral, les espaces naturels sensibles, etc., contribuent également à l’identification des enjeux liés à la biodiversité. D’autres enjeux, par exemple ceux relatifs aux tourbières, seront également intégrés à la définition du projet de raccordement terrestre.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter :
- La fiche #9.1 du dossier du maître d’ouvrage « L’environnement » :
- http://geolittoral.din.developpement-durable.gouv.fr/telechargement/emr/bretagne/DMO_Fiche9.1_EnjeuxEnvironnement_EXE_WEB.pdf
- L’étude complète de TBM Environnement :
- http://geolittoral.din.developpement-durable.gouv.fr/telechargement/emr/bretagne/ANALYSE_BIBLIO_AO5_VF.pdf
Concernant les effets sur le tourisme
L’impact d’un parc éolien sur le tourisme dépend de plusieurs critères : la distance du parc vis-à-vis des côtes ainsi que sa visibilité, son inscription dans une politique environnementale cohérente, le type de touriste (âge, nationalités, attentes), ainsi que les activités de loisirs associées qui sont proposées.
Jusqu’à présent, les retours d’expériences ne témoignent pas d’une baisse de l’affluence touristique des régions hébergeant des parcs éoliens en mer au large de leurs côtes. En effet, un an après la construction de l’un des plus grands parcs éoliens au monde (Horn Rev)1 au Danemark, ni une baisse de la fréquentation touristique ni une réduction des tarifs de location des maisons de vacances n’ont été observés (Kuehn, 2005). Des conclusions similaires ont été faites pour le parc éolien en mer de Nysted (Svendsen, 2010). Ce parc, mis en service en 2003 et situé à 6 km des côtes, est composé de 72 éoliennes de 110 mètres de haut (en bout de pale). Les principaux enseignements de l’étude indiquent que la fréquentation du camping de Nysted, croissante depuis plusieurs années, n’a pas été perturbée par l’apparition du parc, que les visites en bateau organisées en phase d’installation du parc ont été maintenues en phase d’exploitation pour répondre aux demandes du public et que les prix de l’immobilier en front de mer (résidences de vacances avec vue sur la mer et de fait sur le parc) restent stables.
L’étude de Carr-Harris et Corey (2019) a étudié comment le parc éolien en mer de Block Island, le premier du genre aux États-Unis, a eu un effet sur le marché de la location saisonnière. En utilisant les données d’AirBnb, les auteurs ont développé un modèle qui compare Block Island à trois destinations touristiques à proximité dans le sud de la Nouvelle-Angleterre avant et après la construction du parc. Les résultats suggèrent que la construction du parc éolien de Block Island a provoqué une augmentation significative des réservations, des taux d’occupation et des revenus mensuels pendant les mois de pointe touristique de juillet et août, mais n’a eu aucun effet les autres mois. Les résultats indiquent que les parcs éoliens en mer peuvent agir comme une caractéristique attrayante d’une destination touristique plutôt que comme un élément dissuasif.
Les parcs éoliens en mer peuvent s’inscrire directement dans une politique de diversification de l’offre touristique à travers le développement du tourisme industriel et de l’éco-tourisme.
Par exemple, au Royaume-Uni, le centre d’accueil des visiteurs de l’un des premiers parcs éoliens offshore de Scroby Sands a accueilli 30 000 visiteurs dans les six premiers mois suivant son ouverture. Le tourisme industriel peut se développer à terre (dans les usines de construction des pales, des turbines etc) mais aussi en mer (au sein du parc lui-même). En effet, lorsque le parc le permet, des excursions en bateaux permettent même de faire visiter le parc depuis la mer aux touristes. À terre, un musée de l’éolien en mer a même déjà été inauguré en février 2019 à Saint Nazaire. Né de la synergie des industriels du projet et des pouvoirs publics, « Eol » est un musée à vocation pédagogique et ludique.
Une étude universitaire a été entreprise en 2013 dans la région du Languedoc-Roussillon, afin d’obtenir les préférences des touristes vis-à-vis des parcs éoliens en mer situées à différentes distances du rivage.
Les conclusions de l’étude montrent que l’impact sur le tourisme dépend des caractéristiques du touriste « type » concerné. L’étude observe différents comportements suivant la nationalité du touriste interrogé. L’usage de la zone côtière par les personnes interrogées influent sur leur perception d’un potentiel parc éolien en mer : les pêcheurs à la ligne et les plaisanciers perçoivent les impacts visuels des parcs éoliens en mer de manière plus négative que les personnes qui n’utilisent pas la zone côtière à cette fin. Aussi, les personnes interrogées qui visitaient régulièrement la même destination étaient plus susceptibles de s’opposer à l’implantation de parc éolien en mer dans la région.
Plus globalement, les conclusions de cette étude française montrent que le déploiement d’une politique environnementale cohérente peut plus que compenser les nuisances visuelles causées par un parc éolien à 8 km de la côte. « Avec l’emploi simultané d’une politique environnementale cohérente et des activités récréatives associées au parc éolien, la présence d’éoliennes en mer de 5 km de long ne portera pas préjudice à l’économie du tourisme. De plus, lorsqu’il est situé à 8 km, une augmentation des revenus touristiques associés est tout à fait envisageable. Il pourrait ainsi attirer plus de touristes que la station balnéaire n’en attire aujourd’hui. » (Westerberg, 2013).
Concernant les effets sur l’immobilier
Une étude scientifique récente menée par Jensen et autres (2018) a étudié l’effet des parcs éolien les prix de l’immobilier aux abords d’un parc en mer au Danemark.
Cette étude présente les résultats d’une analyse à grande échelle sur la manière dont les éoliennes en mer affectent les prix de l’immobilier tant pour les résidences principales que saisonnière. Les auteurs constatent que les éoliennes à terre ont un effet négatif sur le prix des propriétés environnantes lorsqu’elles sont situées à une distance inférieure à trois kilomètres. L’effet négatif augmente avec le nombre d’éoliennes à un taux marginal décroissant mais diminue avec la distance. Dans le cas des parcs éoliens en mer, les auteurs ne mettent pas en évidence d’effet significatif d’avoir un parc éolien en mer, visible depuis une maison ou de la plage, la turbine la plus proche étant à 9 km, dans le cas de cette étude.
Les résultats suggèrent que, toutes choses égales par ailleurs, les parcs d’éoliennes en mer ont peu d’incidence sur le prix de l’immobilier lorsqu’ils sont installés à une dizaine de kilomètres des côtes ou plus.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter :
- La fiche #9.5 du document du maître d’ouvrage « Les activités économiques, portuaires, touristiques, les loisirs, l’aquaculture et les granulats» :
- L’étude « The case of offshore wind farms, artificial reefs, and sustainable tourism in the French mediterranean », par Vanja Westerberg, Jette Bredahl Jacobsen et Robert Lifran, 2013
Sources :
Carr-Harris Andrew, Lang Corey, (2019), « Sustainability and tourism : the effect of the United States’ first offshore wind farm on the vacation rental market », Resource and Energy Economics, Volume 57, p. 51-67.
Jensen Cathrine Ulla, Panduro Toke Emil, Hedemark Lundhede Thomas, Elberg Nielsen Anne Sofie, Dalsgaard Mette, Thorsen Bo Jellesmark, (2018), « The impact of on-shore and off-shore wind turbine farms on property prices », Energy Policy, vol. 116, p. 50–59
Kuehn Susanne, (2005), « Sociological Investigation of The Reception of Horns Rev and Nysted Offshore Wind Farms In the Local Communities », rapport technique
Svendsen, A. (2010). « Nysted offshore windfarm, tourism and housing prices », présenté à la conférence sur le développement de l’éolien en mer en France et en Allemagne les 26 et 27 octobre 2010, Bremerhaven, Wab windenergie agentur
Westerberg Vanja, (2012). Évaluation économique des changements des paysages littoraux : le cas du développement des parcs éoliens dans la mer Méditerranée. Humanité et sciences sociales. Université Montpellier 1, 2012. English.
Points de repère
27/07/2020 – Partie 2 – Le lancement du débat sur le projet d’appel d’offres éolien flottant n°5 – article du 20/07/2020, s’est déroulé en présence notamment de Michèle Kirry, préfète de la région Bretagne, préfète d’Ille-et-Vilaine, de Gaël Le Saout, du Conseil régional de Bretagne et de Laurent Michel, directeur général de l’énergie et du climat (DGEC), ainsi que les membres de la Commission particulière, Michèle Philippe, Jérôme Laurent et Karine Besses et Marc Di Felice, secrétaire général de la CPDP Bretagne sud. ICI
Les interviews de Chantal Jouanno et de Laurent Pavart en vidéo sur le site de la Commission
10/07/2020 – Dans le cadre d’un appel d’offre émis par Météo-France pour une campagne de mesure de vent par LIDAR flottant, GEPS Techno a fourni à la société AKROCEAN (filiale de Geps techno et Valemo), deux flotteurs stabilisés et énergisés de type WAVEPEARL® afin de répondre à cette demande. Les campagnes de mesures sont destinées à l’identification des zones favorables pour l’implantation de futurs parcs éoliens en mer en Bretagne Sud pour le compte de la DGEC.
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