PARIS – (France-U.E.) – 19/05/2009 – 3B Conseils – Un intéressant rapport de la commission « Energie et changement climatique » de l’Académie des Technologies vient de paraître sur l’éolien. Sous le titre » 10 questions sur l’éolien une énergie du XXe siècle » ce rapport présente, rassemblées par Gilbert Ruelle, président de la commission de 2001 à 2008, les analyses d’une trentaine d’académiciens et d’experts extérieurs sur ce sujet. L’un des grands mérites de ces analyses est qu’elles sont nuancées : les situations nationales, en termes de répartition acquise de la production électrique, en termes de performance en coût de production de l’énergie électrique et en termes d’émission de CO2, conduisent à des conclusions différentes d’un pays à l’autre. Sur la question de l’avenir de l’éolien en France, la réponse apportée est que » son avantage est très limité à moyen terme, compte tenu du très fort développement de l’énergie d’origine nucléaire, et des coûts d’adaptation du réseau de transport et de stockage d’électricité à des fortes variations de production comme l’éolien « . Je le dis assez souvent sur ce blog, mais c’est bien de le lire, posé ainsi par un tel aréopage d’experts. Concernant l’éolien en mer qui nous intéresse ici plus particulièrement, le rapport y consacre 2 de ses pages (p.20 et 21). Deux petites pages mais très condensées, très intéressantes et qui offrent une remarquable synthèse de la situation au jour d’aujourd’hui, selon l’expression consacrée ! Concernant la France et l’éolien en mer, l’analyse est sans appel et on peut lire : » En France, la plupart des sites favorables sont situés dans les grands estuaires et à leur voisinage, dans des zones de trafics et d’usages multiples ; ils sont donc peu disponibles « . Les experts n’en restent cependant pas aux généralités et abordent des questions plus techniques rarement traitées publiquement. Ainsi peut-on lire : » Le coût de raccordement au réseau est plus élevé qu’à terre ; il incite à grouper les éoliennes en fermes d’au moins 50 à 100 MW (cas du premier projet offshore français, celui de Veulettes-sur-Mer, à proximité de Paluel). Le raccordement entre les éoliennes d’une ferme est généralement réalisé en courant continu, alors qu’il est réalisé en courant alternatif sur le littoral. Cette technologie nécessite la mise en oeuvre de convertisseurs AC/DC et DC/AC associés à des transformateurs aux différents niveaux d’interconnexion « . Et de rappeler dans un renvoi de note fort approprié que pour l’ADEME » le coût d’investissement offshore est le double de celui à terre ». L’idée que l’éolien flottant en haute mer (farshore), est une voie de développement plus que probable dans un futur proche se trouve confortée par les analyses de ces experts. Les limites au développement éolien offshore sont les mêmes que ceux de l’éolien onshore. A savoir principalement le coût de l’insertion au réseau à ceci près que pour les parcs marins, » une liaison en courant continu entre éoliennes synchrones à vitesse variable doit aboutir à un convertisseur/ transformateur d’évacuation en HT vers le réseau de transport dont les points d’insertion sont coûteux « . Reste aussi la question de la stabilité du réseau, généralement peu évoquée en Europe et quasiment jamais en France, mais pourtant bien réelle. Le rapport consacre un chapitre entier à ce sujet (Question 7 page 23-27) et pose la question de savoir si l’éolien a été impliqué dans la grande panne européenne du 4/11/2006 ? De marginal qu’il était au début, l’apport de l’éolien au réseau l’est de moins en moins et l’on commence à percevoir, dans les pays du Nord de l’Europe principalement, une limite à la capacité d’accueil de l’énergie éolienne par le réseau (pourcentage de puissance éolienne qu’il est possible de gérer en sécurité dans un réseau). C’est une question centrale pour l’avenir de cette industrie onshore comme offshore, question que les Etats-Unis se sont déjà posé au point d’envisager une révision complète de leur réseau électrique national (cf. nos articles sur ce sujet). L’intégralité de ce très intéressant rapport est librement téléchargeable directement en PDF.
Créée en 2000, présidée par Alain Pompidou, l’Académie desTechnologies a pour vocation d’être l’institution de référence et l’intermédiaire privilégié entre le monde de la recherche et les acteurs socio-économiques sur les questions technologiques. Les technologies sont abordées dans une approche transversale et prospective, prenant en compte les risques, l’impact sur l’environnement et la santé, les aspects économiques et sociétaux. Rassemblant 255 académiciens élus, d’origines diverses – chercheurs, ingénieurs, industriels, chefs d’entreprise – l’Académie des Technologies est un lieu d’expertise et de réflexion interdisciplinaire sur les bouleversements technologiques et les grands défis auxquels la société se trouve confrontée.
Article : Francis ROUSSEAU
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