PARIS – (France – U.E.) – 31/03/2010- 3B Conseils – Voilà un rapport qui, à peine sorti, fait déjà couler beaucoup d’encre et on peut le comprendre ! Une élue parisienne, la députée écologiste de Paris, Martine Billard, porte-parole du Parti de Gauche, vient de prendre fermement position hier sur son blog ICI et par voie de presse contre ce rapport de la mission parlementaire présidée par le député UMP Patrick Ollier à l’occasion de la divulgation à la presse de celui-ci. Le rapport est téléchargeable sur le blog d’Arnaud Gossement ICI.
Martine Billard a immédiatement fait paraître un communiqué de presse dans lequel elle accuse clairement le lobby du nucléaire de tenter » d’asphyxier l’énergie éolienne ».
Voici in extenso son communiqué :
» Depuis plusieurs années, le lobby nucléaire a décidé de tuer l’énergie éolienne qui lui fait concurrence, alors que c’est une énergie dont l’efficacité est reconnue et que le réacteur EPR ne cesse de subir des retards dû à de multiples problèmes techniques. C’est le but à peine caché du rapport de la mission d’information parlementaire. Tout y passe : l’atteinte aux paysages qui serait due au développement « anarchique » des installations, le coût du démantèlement de celles-ci, le classement en installations dangereuses de type SEVESO… Les anti-éoliens veulent aussi éloigner celles-ci des bords de mer : pas une à moins de 10 km à l’intérieur des terres et à moins de 15 miles en mer (24 km). On voudrait interdire toute construction qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
C’est oublier qu’il existe un arsenal complet qui protège nos paysages et que face aux 8 000 éoliennes prévues pour 2020 nous avons dans le même temps : 100 000 km de lignes à haute tension, 10 300 km d’autoroutes, 30 000 km de voies ferrées, des milliers de remontées mécaniques et des ports de plaisance envahissants.
S’agissant du coût du démantèlement, les partisans du nucléaire y vont fort : ils demandent que soit intégré son coût alors que cela n’a jamais été pris réellement en compte pour aucune autre énergie. Et, quant à comparer une éolienne à une installation à haut risque, cela prêterait à sourire s’il ne s’agissait d’un rapport parlementaire.
Le Grenelle de l’environnement a décidément du plomb dans l’aile. »
Si effectivement le peu d’enthousiasme (ça s’appelle un euphémisme) du gouvernement français vis-à-vis de l’éolien et de l’éolien en mer (toujours pas une seule éolienne offshore installée à ce jour, pas même à Veulettes-sur-mer) n’est pas un scoop, malgré les tonitruantes déclarations lancées ici et là, on n’était jamais allé aussi loin que ce rapport dans le dénigrement d’une technologie, dans sa mise à mort. Au regard des prises de positions de nos voisins européens sur le sujet, ce rapport souligne à nouveau la frilosité française (un autre euphémisme)! A cette occasion André Antolini, président du syndicat des énergies renouvelables, rappelle aussi que l’industrie de l’éolien avait pourtant apporté des réponses aux recommandations du gouvernement.
Ainsi, le fait de comparer une installation éolienne à « une installation à haut risque de type Seveso ». Il fallait l’oser ! Ce que relève bien Martine Billard dans son communiqué, de même que certains autres observateurs écologistes, c’est son extraordinaire injustice sur le point de l’intégration des coûts de démantèlement des futurs parcs éoliens dans le coût réel de l’électricité produite. Là, il ne fait pas de doute que ce rapport nous prend vraiment pour des imbéciles ! Avant d’avancer des arguments aussi fallacieux, ne faudrait-il pas continuer à se poser d’abord la question du coût réel de l’électricité consommée aujourd’hui si on devait y intégrer intégralement le coût du démantèlement des centrales nucléaires en activité et (au hasard) le coût du retraitement des déchets nucléaires et du stockage des déchets ultimes non retraitables ?
Et cela n’a-t-il pas d’ailleurs déjà été fait et superbement ignoré ? Quand va-t-on rappeler par exemple les rapports Charpin, Dessus, Pellat, de juillet 2000 sur l’Etude économique prospective de la filière nucléaire (téléchargeable ICI) et l’avis de la Commission française du développement durable de février 2001 (PDF ICI) sur le sujet et les engagements du Grenelle de l’environnement ou du Grenelle de la mer ?
Enfin, une énergie n’en exclut pas une autre, comme l’a rappelé le Président de la République sinon on se demande bien pourquoi Areva n°1 mondial du nucléaire aurait racheté l’équipementier éolien Multibrid et pourquoi Siemens développerait des éoliennes ?
Alors que penser ?!!!
Article : Francis ROUSSEAU/BB
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