PAPEETE – (Polynésie-Française-U.E) – 19/06/2009 – energiesdelamer.eu – Et oui hélas ! mais …. remontons plus haut. Cette semaine a servi de cadre à quatre ateliers dans le cadre du Grenelle de la Mer en Polynésie française. Deux jours de réunions et de travaux autour de deux objectifs clairement posés dont l’un était plutôt flou et l’autre moins. Coté flou : « la volonté d’engager une vaste concertation avec les acteurs du monde maritime et les représentants de la société civile ». Côté moins flou : « élaborer des propositions concrètes pour une stratégie de développement durable de la mer et du littoral océanien ». Pour réaliser l’enjeu de ces discussions, il faut se remettre en mémoire qu’à elle seule la Polynésie française représente près de 50% de la surface de la Zone Exclusive Economique (ZEE) française.
Selon Tahiti Presse (ICI), une grande réunion a donc eu lieu mercredi 17 Juin, qui a eu pour but de restituer l’ensemble de travaux des jours précédents en réunissant tous les participants aux ateliers, membres des administrations de l’État et de l’administration de la Polynésie Française, membres du tissu associatif et de la sphère économique (ceux qui ont pu être informés à temps avant que ces journées ne soient achevées en tout cas !).
Le ministre de l’Environnement de Polynésie, Georges Handerson, a ouvert la réunion en rappelant la légende de Ruahatu, le dieu de la mer polynésien, sous le signe duquel étaient organisées ces journées du « Grenelle de la Mer ».
Et la légende est particulièrement appropriée à la période de changement climatique que nous traversons. Ainsi le dieu Ruahatu, rendu furieux par deux pêcheurs qui avaient planté un hameçon dans sa chevelure, leur avait lancé une terrible malédiction : « Raiatea sera détruite toute entière, submergée par la montée de la mer ». Tahiti Presse rapporte que le ministre citant la légende s’est interrogé : « Cette illustration symbolique des actions inconsidérées des humains, avec leurs conséquences sur les océans et le monde maritime, n’est-elle pas à considérer comme un avertissement ? » . Sans en appeler, pour leur part, au dieu Ruahatu, l’ensemble des parties présentes s’est trouvé d’accord pour dire qu’il était temps d’agir !
Beaucoup de discours et de palabres desquels il ressort finalement un résultat assez décevant plus axé sur l’aspect culturel de la mer que sur son aspect technologique. Ceux qui attendaient des engagements concrets en faveur de l’exploitation des énergies marines en seront pour leur frais ! Le ministre des Ressources de la mer, Teva Rohfritsch, a clôturé cette séance de conclusion des Journées Grenelle de la Mer en Polynésie en annonçant que les contributions rassemblées « avaient vocation à guider efficacement l’action des pouvoirs publics pour une gestion plus rationnelle et durable de cet espace commun qu’est la mer ». Très très vague donc… mais pas forcément celle que l’on attendait !
A tel point que Tahiti Presse, dans son compte-rendu, emploie l’expression » Plus concrètement » pour prêter au ministre l’intention d’envisager « la création d’un ‘Centre de recherche de la mer’ où travailleront, avec des moyens modernes, les scientifiques des services pêche et perliculture ». De mon côté je suis sensible à l’expression « moyens modernes » ! Que dire alors des technologies de pointe indispensables au développement des énergies marines ?
Et bien rien justement. Le journal évoque le projet du ministre de mettre en place un « Institut de la mer qui regrouperait toutes les formations académiques (jusqu’à Bac +2) ainsi que les formations professionnelles initiales et continues ». Rien de concret sur ce qui doit permettre à ces vastes territoires insulaires que sont les îles de Polynésie française de réduire à court terme leur dépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger d’où provient (à prix d’or) leur énergie fossile. Comme le faisait remarquer un observateur présent « Aurait-on chercher à noyer le poisson à la sauce culturelle ? « . Bonne question. Auquel cas, le dieu Ruahatu risquerait de se fâcher très fort et pour de bon cette fois !
Reste que je rappelle que le gouvernement polynésien a toujours pour projet d’utiliser le procédé S.W.A.C. (climatisation par eau froide extraite des profondeurs) pour la climatisation du nouveau centre hospitalier de Papeete et d’un ensemble de bâtiments administratifs et d’hypermarchés situés dans un rayon de 2,5 kilomètres autour du centre hospitalier. Je rappelle aussi que la société Pacific Otec a proposé en mars 2009. la réalisation d’une centrale E.T.M. de 5MW entre Tahiti et Moorea (cf. article du 11/05/09 ICI).
Je rappelle encore qu’un démonstrateur de récupération d’énergie des vagues devrait être installé à 150 mètres de la crête du récif de Papara au sud de l’île de Tahiti et qu’il pourrait alimenter 600 foyers. Je rappelle enfin que les projets et les idées novatrices ne manquent pas en Polynésie française où, par exemple, l’ingénieur Bruno Garnier a mis au point un nouveau procédé de climatisation par eau froide des profondeurs DeProfundis sur lequel je reviendrai sous peu.
Ce qui manque donc, c’est juste une volonté concrète de les voir aboutir et surtout un certain enthousiasme.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : Sites liés. Photos : 1. le dieu Ruahatu peint par l’artiste polynésien Bobby Holcomb.2. Préfiguration de centrale ETM en polynésie ©Pacific OTEC
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