France – Lundi 09/03/2020 – energiesdelamer.eu. La France dispose d’un potentiel marémoteur important. Elle a été un des pionniers de cette filière avec l’usine marémotrice de la Rance, qui a démontré la faisabilité du développement. 

 

La Société Hydrotechnique de France a réuni des groupes de travail et propose d’une part une analyse vision d’un potentiel de développement «pragmatique», qui intégre les critères de viabilité économique des projets, et d’autre part dresse une possible feuille de route pour la filière marémotrice française. ITV de Christophe Le Visage (Président Stratégies Mer & Littoral),  pilote du sous-groupe « Environnement et intégration territoriale».

 

 

Le guide qui vient d’être édité complète un livret de synthèse du GT national* «Nouveau Marémoteur» qui avait été publié par la SHF début 2019. Tous les documents sont désormais en ligne.

La France aurait-elle son énergie marémotrice honteuse ? Telle est la question qui s’impose « tant le regard porté sur cette énergie totalement renouvelable, prédictible, abondante est ambivalent » souligne l’éditorial des présidents Olivier METAIS (Grenoble-INP) Président de la SHF, Pierre-Louis VIOLLET (SHF) Président du BCST de la SHF, Denis AELBRECHT (EDF-CIH) Pilote du GT national “Nouveau Marémoteur”

 

 

Les aménagements de La Rance (France) et Sihwa (Corée du Sud) réalisent l’essentiel de la production industrielle mondiale. La Rance fournit environ 0,5 TWh/an, ce qui correspond approximativement à la consommation annuelle d’une agglomération de 150 000 personnes. Compte tenu ressources importantes de production d’énergie possible, est-il envisageable de redéployer ce type de technologie bien que les impacts environnementaux soient connus et quantifiés ?

Christophe Le Visage – CLV – Il est très probable que ce type de projet (marémoteur en estuaire) ne pourrait être répliqué aujourd’hui, compte tenu de ses impacts importants dans des zones essentielles pour la biodiversité. 

En revanche, il pourrait y avoir place sur de nombreuses parties des côtes métropolitaines (Manche et Atlantique) pour des projets de type « lagon marémoteur », lagunes artificielles délimitées par des digues qui peuvent être reliées à la terre ou totalement isolées. Des turbines implantées dans les digues ou dans des passes (hydroliennes de type « maréliennes ») convertissent en électricité l’énergie potentielle accumulée à marée haute dans le lagon. Le projet britannique « Swansea Tidal Lagoon » montre le potentiel de cette filière.

 

 

Quels sont les avantages potentiels ?

CLV – Ce type de projet modifie aussi de manière importante l’environnement maritime et littoral initial, mais peut de ce fait contribuer à régénérer et protéger des zones déjà très impactées par les activités humaines. En plus de la production d’énergie, un projet de ce genre peut protéger des côtes exposées à l’érosion (remplaçant ainsi de nombreuses protections côtières), et constituer un plan d’eau abrité favorable à de nombreuses activités (loisirs et tourisme, aquaculture…). 

Le projet « Swansea Tidal Lagoon » a rencontré des difficultés économiques, mais semble bien accepté par les habitants de la région. A-t-il fait l’objet de consultations et de débats publics avec les riverains et les élus ?

 

 

CLV – Un projet de ce type ne peut être conçu comme un projet simplement énergétique, il s’agit d’un projet structurant pour un territoire, et qui doit donc être dès le début conçu avec ses habitants et pour eux, en intégrant dès la conception tous les enjeux environnementaux, économiques et sociaux.

Le guide de la SHF a pour ambition de replacer l’énergie marémotrice dans un contexte qui a profondément évolué depuis la mise en service de l’usine de la Rance en 1967. Il offre la vision complète des travaux du GT « Nouveau Marémoteur » qui expose convictions et clés pour réussir de futurs projets : une intégration territoriale globale, une intégration environnementale optimisée, l’innovation comme moteur de développement et une évaluation économique lucide et transparente.

 

La vision d’un potentiel de développement « pragmatique », intégrant les critères de viabilité économique des projets est proposée par la  avant de dresser une possible feuille de route pour la filière marémotrice française (Chap. 7), qui peut se résumer par :

  • Horizon 2020-2021 : zonages et pré-qualifications de données de bases en Normandie ou Hauts-de-France (les deux régions identifiées comme les plus attractives en France),
  • Horizon 2021-2025 : engagement du développement d’un ou plusieurs projets pilotes ou projets «pré-commerciaux » d’au moins 350 MW de puissance installée, et plus généralement de taille adaptée au territoire étudiée,
  • Horizon 2025-2030 : engagement du développement d’un grand projet de territoire (voire deux) supérieur au GW de puissance.

Cette perception ambivalente est d’ailleurs retranscrite dans la vision restituée jusqu’à présent à l’échelon national : le rapport de la mission d’étude interministérielle sur les énergies marines renouvelables publié en mars 20131, reconnaît sa maturité technologique et son potentiel.

 

Cependant, les questions d’acceptabilité environnementale et sociétale sont mises en avant comme un frein majeur pour pouvoir la considérer comme une option du futur. La Société Hydrotechnique de France (SHF) est convaincue que cette énergie a un avenir. En 2015, renouant avec ses missions premières, a souhaité, à travers un groupe de travail (GT) national intitulé « Nouveau marémoteur », revisiter les fondamentaux de cette puissante énergie, et redéfinir les conditions de son développement moderne et responsable. Rassemblant plus d’une vingtaine d’experts et de spécialistes, il restitue réflexions, données, informations à jour et proposition d’actions pour rouvrir l’option marémotrice, une technologie mature à fort potentiel d’innovation.

 

Le groupe de travail a mis en lumière les conditions de faisabilité et de viabilité de nouveaux projets dans une approche moderne et innovante, sans concession sur les questions d’intégration environnementale des projets.

 

Ce livre blanc s’adresse à tous les acteurs potentiels, mais du fait des enjeux économiques, sociaux, environnementaux, industriels associés, il pourrait inspirer tout particulièrement les régions littorales.

 

Membres du GT national « Nouveau Marémoteur de la SHF » :
Pilotage du GT national
: Denis Aelbrecht (EDF Hydro / CIH), avec l’appui des deux « challengers », Michel Paillard (expert, ex. Chef de projet EMR à l’Ifremer) ; et Jérôme Loyer (expert, ex. Veolia).

 

 

Sous-groupe A « Environnement et intégration territoriale » piloté par Christophe Le Visage (Président Stratégies Mer & Littoral), avec la contribution de : Jean-Paul Bouheret (EDF Hydro), Sébastien Ledoux (Artelia), Claire Le Renard (EDF R&D) ; Paul Leslie (Tidal Lagoon Power).

 

Sous-groupe B « Economie, Viabilité des projets, et Prospective » piloté par Antoine Rabain (Président de Geckosphere), avec la contribution de : Alain Clément (ECN-LHEEA), Romain Dausque (EDF Hydro), Vincent Delaleu (EDF R&D), Olivier Didry (EDF Hydro), Jean-François Filipot (France Energies Marines), Dominique Gagnaire (Tidal Lagoon Power), Jill Galland (Consultant énergie renouvelable), Dominique Godefroy (Ifremer, Président Parc Naturel Marin Côte d’Opale), David Havard (GE-Alstom Power Hydro), François Lempérière (Président, Hydrocoop), Hassan Smaoui (Cerema).

 

Sous-groupe C « Technologies » : piloté par Luc Deroo (Président d’ISL-Ingénierie), avec la contribution de Sophie Ancel (Artelia), Claude Bessière (Ingérop), Léo Breuilly (ISL-Ingénierie), Christophe Cochet (EDF Hydro / CIH), Nicolas Jestin (Bouygues), Stefan Kristukat (Andritz-Hydro), Florence Lafon (EDF Hydro / CIH), Marc Leclerc (MJ2 Technologies), François Lempérière (Président HydroCoop), Antoine Libaux (EDF Hydro / CIH), Philippe Pépin (GE-Alstom Power Hydro).

 

02/02/2017 – Présentation de « Swansea Tidal Lagoon » lors de Paris Energie Hydrolienne en février 2017

 

 

 

 

La SHF a désormais mis en ligne les 3 livrables du Livre Blanc du GT national « Nouveau Marémoteur » de la SHF.

Pour prendre contact avec la SHF, Neda Sheibani – Relations extérieures : n.sheibani@shf-hydro.org

–          Livret de synthèse du GT « nouveau marémoteur » – version Française (20 pages) :

 

–          Livret de synthèse du GT « nouveau marémoteur » – version Anglaise (20 pages) :

 

–          Dossier complet du Livre Blanc du GT « nouveau marémoteur » – version Française (165 pages) :

 

 

Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie / Ministère de l’Economie. Rapport de la mission d’étude sur les énergies marines renouvelables (mars 2013). N° 2013 / 008693-01 / CGEDD 


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