France – 02/01/2024 – energiesdelamer.eu. rediffusion le 3 janvier
La prise de fonction depuis le 1er janvier de Nathalie Mercier-Perrin, ouvre à la fois de nouvelles perspectives et une continuité dans les actions menées par le Cluster maritime français créé en 2006 par Francis Vallat, puis présidé par Frédéric Moncany de décembre 2014 jusqu’au 31 décembre 2023. Energiesdelamer.eu a souhaité ouvrir cette série d’interviews avec celle de Nathalie Mercier-Perrin, qui devient l’une des femmes les plus influentes du monde maritime.
Comment mieux valoriser les emplois industriels du maritime et des énergies renouvelables en mer ?
Les emplois industriels du maritime et des énergies renouvelables en mer sont des emplois qualifiés et à forte valeur ajoutée. Ils contribuent à relever les défis de transition énergétique, de protection de l’environnement et de développement économique de nos territoires.
Pour mieux les valoriser, ma conviction est qu’il nous faut, avant tout, bien identifier l’ensemble de ces emplois, particulièrement ceux en tension, et les cartographier en s’appuyant sur les nombreux outils à notre disposition. Ensuite, il est fondamental de les faire connaitre et de les rendre attractifs auprès des jeunes, notamment à travers des partenariats avec des structures comme Pôle Emploi et dans le cadre d’événements grand public.
Nous, le Cluster Maritime Français, sommes très impliqués dans des séquences nationales de promotion de l’emploi maritime telles que la Semaine de l’emploi maritime et du fluvial ou encore certains salons professionnels (Seanergy avec son outil WorkInBlue, Studyrama, etc.). Je suis convaincue que la filière maritime doit accroître son implication dans de telles initiatives clés pour renforcer la promotion de ses emplois.
Parmi les outils sur lesquels nous devons nous appuyer, je pense au formidable travail de l’Observatoire des énergies de la mer qui publie chaque année le panorama des énergies de la mer avec un focus emploi mettant en exergue des fiches métiers-témoignages, les métiers qui recrutent, etc. Il faut accélérer son déploiement et sa visibilité pour une plus grande valorisation des métiers dans les EMR.
D’autres supports méritent d’être mentionnés comme la plateforme WORKINBLUE qui rassemble les offres d’emplois dédié aux métiers de la filière EMR ou bien le Forum de l’emploi numérique sur les EMR.
Je tiens également à saluer le travail remarquable du CSF des Industriels de la Mer & du CINav, en tant qu’association qui multiplie et coordonne avec la dizaine de personnes très investies que compte le CINav, les actions pour soutenir les industries françaises dans un marché de l’emploi en tension croissante.
Pour garantir son avenir, la filière doit anticiper les évolutions du marché du travail et des métiers. La Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences (GPEC) est un outil indispensable pour y parvenir, mais aussi les initiatives destinées à attirer les personnes éloignées de l’emploi et à élargir ainsi le vivier d’apprenants.
Enfin, les partenariats entre les lauréats d’Appels d’offres et les entreprises françaises sont un levier important pour la création d’emplois locaux et la valorisation des métiers industriels du maritime. Au regard du Pacte Eolien en mer signé entre l’Etat et la filière qui prévoit de quadrupler le nombre d’emplois dans la filière d’ici 2035, confirmant le potentiel de l’éolien en mer pour l’emploi local.
Faire connaitre et valoriser les opportunités de carrière qu’offrent les métiers de la mer auprès des jeunes, ainsi que proposer des formations attractives et adaptées, est une des priorités de mon mandat de présidente du Cluster Maritime Français. C’est un levier essentiel au développement durable et responsable des activités maritimes de nos entreprises françaises et donc un défi d’avenir.
2 – Pensez-vous que les industries des énergies renouvelables en mer ont des relations suffisantes avec le monde académique, (si oui) comment les renforcer, (si non) comment les développer ?
Les relations entre académiques et industriels existent mais elles gagneraient à être approfondies. En effet, de nombreuses structures favorisant les partenariats académiques ont émergé ces dernières années et sont devenus des acteurs de référence du monde des EMR mais il me parait nécessaire d’intensifier leur action par une communication élargie afin de toucher de nouveaux acteurs au-delà des cercles des structures historiquement membres/partenaires et ainsi développer de nouveaux partenariats avec des acteurs de la recherche, de l’éducation et de la société civile.
Une collaboration plus étroite entre académiques et industriels ne pourrait être que bénéfique pour les deux parties. Nous pourrions nous appuyer sur les structures nationales existantes que sont France Energies marines et la Fondation OPEN C, qui coordonne, développe et pilote les essais en mer dans les domaines de l’éolien flottant, l’hydrolien, le houlomoteur, l’hydrogène en mer et le photovoltaïque flottant, comme un point d’entrée vers les académiques.
D’autres structures sont à inclure dans l’approfondissement de ces relations, comme WEAMEC ou l’Institut pour la Transition Energétique (ITE) de France Marines, qui finance des projets de recherche et développement, et contribue à l’ingénierie des formations initiale et continue à travers l’appel à projets « Energies Marines Renouvelables – ITE » (EMR-ITE), créé dans le cadre des investissements d’avenir (PIA).
Nous devrions également nous appuyer sur l’action du CORIMER en tant qu’instance de dialogue et d’orientation pour le financement des projets de R&I de la filière, avec sa feuille de route « Industrie Offshore de Nouvelle Génération » « Next-Gen Offshore Industry », pilotée par FEM, Ifremer et copilotée par EVOLEN dont a l’ambition de faire état des objectifs pour permettre l’implantation durable de nouvelles activités industrielles en mer notamment par le développement de la production et du stockage d’énergie en mer (EMR).
Une collaboration renforcée avec le milieu académique permettrait de mieux faire connaitre le monde des EMR et ses opportunités pour l’environnement, notre économie ainsi que les opportunités d’emploi et de formations.
3 – La place des femmes dans les industries marines. Comment êtes-vous entrée dans le domaine de l’industrie et en particulier celui du naval ?
La 3e enquête de notre observatoire « Cap sur l’égalité professionnelle », réalisée en 2021 auprès des acteurs de la filière maritime, a fait état de seulement 21,4 % de femmes dans les effectifs. Nous espérons constater une évolution lors de la prochaine édition de notre enquête qui sera lancée en 2024 avec le soutien du Secrétariat d’État chargé de la mer. Grâce à ce dernier, nous allons pouvoir élargir le panel et obtenir des chiffres et données encore plus qualitatives et quantitatives.
Il est néanmoins certain que beaucoup de travail reste à faire. La filière maritime en croissance ne peut de passer d’un tel vivier de talents que représente les femmes.
L’opération « Les Elles de l’Océan » que nous menons avec l’association Elles Bougent a pour objectif de sensibiliser les jeunes filles (collégiennes, lycéennes et étudiantes) aux métiers de la mer afin de susciter des vocations. Le 23 mai 2023, à l’occasion de la 5e édition des Elles de l’Océan, 27 entreprises partenaires d’Elles Bougent ou membres du Cluster Maritime Français se sont mobilisées et ont ouvert leurs portes pour faire découvrir les métiers de la mer aux filles présentes à travers des visites de chantiers, de base maritime ou encore de navires, démonstrations, rencontres avec les marraines… Plus de 1 000 collégiennes, lycéennes et étudiantes ont ainsi pu découvrir les métiers du maritime.
Les actions et initiatives pour faire connaitre les métiers de la mer aux jeunes, notamment les femmes, comme celles lancées par le CINav, La Touline, Pôle emploi ou energiesdelamer.eu sont également à souligner et à encourager. C’est un travail collectif de sensibilisation et de séduction à mener auprès des femmes tout comme auprès des jeunes.
Comme pour les jeunes, il est nécessaire de faire réaliser aux femmes que les métiers du maritime leur sont accessibles et qu’elles peuvent s’y épanouir et faire carrière.
En ce qui me concerne, ma carrière dans le domaine de l’industrie et dans le naval de défense est ma seconde expérience professionnelle. Elle a débuté il y a 23 ans après une expérience dans le monde des services. Toutes ces années ont été riches et denses de rencontres et d’enjeux au service de l’économie française.
Le monde maritime est un secteur passionnant dans lequel les femmes ont toute leur place. Il y a encore des freins à lever. Par ma fonction de présidente du Cluster Maritime Français, je m’y attacherai également.
Propos recueillis par Brigitte Bornemann – présidente et directrice des rédactions Mer-Veille-Energie – energiesdelamer.eu.
Nathalie Mercier-Perrin, était jusqu’au 31 décembre 2023, directrice du développement économique de Naval Group. Après 23 ans chez Naval Group pour lequel elle a accompagné le processus de transformation de trois sites industriels en centre de profit pour la recherche technologique du groupe, elle a également œuvré au projet de création du Technocampus Ocean, une plateforme de recherche mutualisée pour les filières navales, cofinancée par des industriels dont Naval group et la région des Pays de la Loire. Ce parcours, est à l’image de celui de ces femmes qui participent à la construction d’un nouveau monde au sein de l’immense filière de l’énergie et du maritime dans la série d’entretiens « Femmes dans le vent » lancée en 2022 par energiesdelamer.eu.
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