Europe – Vendredi 23/03/2018 – energiesdelamer.eu. Comment amener « le système financier à soutenir les actions de l’UE en matière de climat et de développement durable ». What is the question ?

Environ €180 milliards d’investissements supplémentaires par an seront nécessaires pour que l’UE puisse atteindre les objectifs pour 2030 fixés lors du sommet de Paris, comprenant une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre.

 

Une conférence de haut niveau sur la finance durable s’est tenue hier le 22 mars à Bruxelles. Cette manifestation « Commission européenne »  s’est déroulée dans la foulée de la publication le 8 mars dernier de son plan d’action.

 

Emmanuel Macron, qui était le seul chef d’Etat à prendre la parole a déclaré : « Face à l’urgence climatique, il faut changer notre modèle et mettre de la cohérence entre les diverses politiques de l’Union, à commencer par le budget et la politique commerciale« . Il a affiché une forte ambition, évoquant l’idée non seulement de consacrer « 40 % du budget européen au financement de la transition vers un modèle bas carbone et inclusif, mais aussi d’éviter que les 60 % restants lui nuisent ». 

Autre front : subordonner les accords commerciaux avec l’Union européenne à l’adhésion à l’Accord de Paris ! Sur le prix du carbone, il a plaidé pour conjuguer un prix plancher du carbone à une éventuelle taxe carbone aux frontières de l’Union.  Convaincu que « nous pouvons imposer notre modèle de finance durable et devenir le leader mondial dans ce domaine ».

 

 

Le Plan 

 

Sur la base des recommandations formulées par le groupe d’experts à haut niveau sur la finance durable – High-Level Expert Group (HLEG), la Commission avait publié une feuille de route destinée à dynamiser le rôle de la finance dans la mise en place d’une économie qui, tout en étant performante, servirait les objectifs environnementaux et sociaux.

 

Le plan s’inscrit dans le cadre des efforts déployés au titre de l’union des marchés des capitaux (UMC) pour que la finance réponde aux besoins spécifiques de l’économie européenne, « dans l’intérêt de la planète et de notre société ».

Il s’agit aussi de l’une des principales mesures visant à mettre en œuvre l’accord de Paris et le programme de développement durable de UE.

 

 

Principaux éléments du plan d’action :

 

  • établir un langage commun pour la finance durable, autrement dit un système de classification unifié (taxinomie) de l’UE, afin de définir ce qui est durable et d’identifier les domaines dans lesquels les investissements durables peuvent avoir la plus forte incidence;

 

  • créer des labels de l’UE pour les produits financiers verts, sur la base de ce système de classification de l’UE: les investisseurs pourront ainsi déterminer facilement les investissements qui respectent des critères de faibles émissions de carbone ou d’autres critères environnementaux;

 

  • clarifier l’obligation, pour les gestionnaires d’actifs et les investisseurs institutionnels, de tenir compte des aspects de durabilité dans le processus d’investissement et renforcer leurs obligations en matière de publication d’informations;

 

  • imposer aux entreprises d’assurance et aux entreprises d’investissement d’informer leurs clients sur la base de leurs préférences en matière de durabilité.

 

  • intégrer la durabilité dans les exigences prudentielles: les banques et les entreprises d’assurance sont une source de financement externe importante pour l’économie européenne. La Commission examinera s’il est envisageable de recalibrer les exigences de fonds propres applicables aux banques (le «facteur de soutien vert») pour les investissements durables, lorsque cela se justifie du point de vue du risque, tout en veillant à préserverla stabilité financière;

 

  • renforcer la transparence en matière de publication d’informations par les entreprises: nous proposons de réviser les lignes directrices relatives à la publication d’informations non financières, afin de les aligner davantage sur les recommandations formulées par le groupe de travail du Conseil de stabilité financière sur la publication d’informations financières relatives au climat.

 

Plusieurs vice-présidents étaient intervenus le 8 mars : Frans Timmermans, Premier vice-président, Valdis Dombrovskis, VP pour la stabilité financière, les services financiers et l’union des marchés des capitaux.

 

 

Jyrki Katainen, VP chargé de l’emploi, de la croissance, de l’investissement et de la compétitivité avait ajouté: Au moins 40 % des investissements en infrastructures au titre de l’EFSI cibleront des projets qui contribueront à la réalisation des objectifs de lutte contre le changement climatique énoncés dans l’accord de Paris. Parallèlement, il est indispensable, pour réussir la transition vers une économie circulaire, plus propre et plus économe en ressources, de créer les conditions qui inciteront les investisseurs privés à investir dans la durabilité.» 

 

Miguel Arias Cañete, commissaire pour l’action pour le climat et l’énergie: Des milliers de milliards ont déjà été investis dans des solutions telles que les sources d’énergie renouvelables et l’efficacité énergétique. L’accord de Paris ouvre d’énormes possibilités d’investissement. Le plan d’action présenté contribuera à renforcer la position du secteur financier européen lui-même comme destination mondiale de premier plan pour les investissements dans les technologies vertes.»

 

Contexte

L’UE et des gouvernements du monde entier se sont engagés à rendre l’économie et la société plus durables lorsqu’ils ont adopté l’accord de Paris sur le changement climatique et le programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies. Dans l’UE l’évolution est engagée grâce au cadre d’action de l’UE en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030, à l’union de l’énergie, au plan d’action en faveur de l’économie circulaire, ainsi qu’à la mise en oeuvre par l’UE du programme de DD à l’horizon 2030.

La Commission a mis sur pied un groupe à haut niveau sur la finance durable en 2016. Il était composé de 20 experts provenant de la société civile, du secteur financier et des milieux universitaires, ainsi que d’observateurs issus d’institutions européennes et internationales. Le groupe a rendu son rapport final en janvier 2018. Il a présenté huit actions prioritaires qu’il considère comme les éléments constitutifs indispensables pour toute action marquante en faveur d’une finance durable. Le plan d’action présenté aujourd’hui repose sur les recommandations du groupe d’experts à haut niveau.

Les travaux sur certaines des recommandations clés du rapport avaient été discutés dans le rapport intermédiaire présenté par le groupe le 13 juillet 2017. La Commission a déjà proposé en réponse d’inclure les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans le mandat des autorités européennes de surveillance. Elle a en outre procédé à une consultation publique sur les obligations des investisseurs institutionnels et des gestionnaires d’actifs en matière de durabilité.

 

 

Points de repère

 

Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, filiale de la Caisse des dépôts résume dans un article publié aujourdhui, le colloque du 22 mars.

Le 8 mars également, le rapport cosigné par Nicole Notat, présidente de Vigeo Eiris et Jean-Dominique Senard, président de Michelin, dévoilait 14 recommandations pour « faire de l’entreprise un objet d’intérêt collectif ».

 

05/01/2018 – Dans une interview au Financial Times, Valdis Dombrovskis dévoile une partie du plan qui sera présentée le 22 mars à la commission européenne sur la finance verte.

 

Christian Thimann, président du HLEG avait déclaré en juillet 2017 à l’occasion de la présentation intermédiaire, «le dirigeant de très grandes entreprises a toujours deux discours prêts. D’un côté, celui pour les analystes financiers pleins de chiffres, de profits et de dividendes à verser. De l’autre, celui pour les salariés, les politiques ou le Forum de Davos qui évoque les métiers de l’entreprise, sa finalité sociale, ses enjeux environnementaux et sociaux. La finance durable permet en principe de n’avoir qu’un seul discours ».

 

Autrefois membre du Fonds Monétaire International, puis conseiller du président à la Banque Centrale Européenne, Christian Thimann est désormais Senior Advisor du Président du groupe AXA et Directeur du Fonds AXA pour la Recherche. Il est également VP de l’initiative du FSB (Financial Stability Board) sur la communication financière liée aux risques climatiques, et Co-Président du groupe de travail de l’initiative Finance des Nations-Unis pour l’Environnement (UNEP FI).

 

Extrait de l’interview dans Libération du 31/01/2018 

Comment faire pour que la finance durable ne tombe pas dans les mêmes travers que la conventionnelle ?

La finance durable a deux impératifs : arrêter de regarder uniquement les risques financiers mais aussi ceux liés à l’environnement, à la société, aux politiques ; et travailler sur des perspectives de long terme. Une partie de la finance n’agit qu’en fonction de rendements de court terme. Mais ce n’est pas possible pour des projets comme la construction d’un parc éolien ou d’une école inscrite dans un programme de lutte contre les inégalités sociales. Des projets sur plusieurs décennies. Nous avons besoin d’une finance patiente.

 

Quels sont les principaux freins au développement de la finance durable ?

Il manque un cadre commun pour encadrer et guider les acteurs qui sont déjà nombreux à être investis dans le domaine. Ce cadre doit être européen. Dans notre rapport, nous avons étudié toute la chaîne d’investissements. Il apparaît, par exemple, que de nombreux intermédiaires, comme les banques, ne proposent pas systématiquement les produits financiers verts ou durables aux investisseurs finaux, c’est-à-dire les ménages ou les entreprises. Mais il y a un autre sujet où des améliorations sont nécessaires, c’est celui des obligations vertes [emprunt émis par une entreprise ou une entité publique auprès d’investisseurs pour permettre de financer des projets contribuant à la transition écologique, ndlr]. Nous proposons la création d’un standard européen. Le but n’est pas d’avoir plus de bureaucratie mais plus de clarté.

 


Publicités Google :