France – Lundi 06/04/2020 – ITV exclusive de Delphine Robineau, responsable Offshore chez RES. Partenaire historique d’Iberdrola dans le développement du parc éolien en mer « Ailes Marines » au large de Saint-Brieuc, RES a cédé ses parts de capital à Iberdrola le 10 mars dernier. Quelle est la nouvelle stratégie de RES en France ?
Vous venez de « sortir » du parc de Saint-Brieuc. Pourquoi ? Et comment aviez-vous initié à l’origine votre partenariat avec Ailes Marines ?
DR – Dès le début de l’offshore éolien au Royaume-Uni en 2000, RES a choisi le modèle de développer des projets, de l’appel d’offres jusqu’au dérisquage et la décision finale d’investissement.
Nous sommes ainsi co-actionnaire et co-développeur pour cette partie. Après, RES laisse la main au constructeur/exploitant pour les phases suivantes. Pour la mise en place du partenariat du projet de Saint-Brieuc, RES travaillait déjà avec Iberdrola au Royaume-Uni. Ainsi, la vente était, conformément à notre modèle, actée dès le début du projet. C’est donc en toute logique que RES est sorti de ce projet en France, désormais suffisamment avancé.
Néanmoins, RES continue d’accompagner Ailes Marines sur la base d’un contrat de prestations. Et les équipes de RES en France et en Grande Bretagne sont toujours intégrées au projet.
Aujourd’hui une vingtaine de personnes travaillent en France et au Royaume-Uni (environ moitié/moitié) sur le projet offshore de Saint Brieuc.
Quel retour d’expérience tirez-vous de ce premier projet en France ? Et est-ce que RES se positionne sur les prochains appels d’offre éolien en mer en France ? En Europe ?
DR – Le cœur de métier de RES, c’est le développement de projets. En tant que tel, RES se positionne en effet en France sur l’éolien en mer posé et flottant.
Sur le posé, nous avons une expérience française qu’il est très intéressant de valoriser avec le projet de St Brieuc. Nous avons aussi démontré notre compétence en ingénierie sur ce projet très complexe. En Normandie, nous suivrons à nouveau les débats menés par la Commission particulière dès qu’ils reprendront, pour la définition d’une ou des zones sur cette façade.
Pour le flottant, nous sommes dans le cadre d’une création de compétences au sein de RES et des recrutements sont en cours. Le process d’attribution de l’appel d’offre va prendre environ deux ans puis le développement d’un projet éolien en mer est d’environ quatre ans.
Actuellement nous identifions les contraintes et les sites de Normandie et de Bretagne Sud, sans oublier les projets en Occitanie et PACA, sur la façade méditerranéenne et nous sommes en discussion avec d’éventuels partenaires. Nous considérons l’ensemble des appels d’offres à venir et nous attendons une activité forte en France pour l’éolien en mer.
En Bretagne Sud, pensez-vous bénéficier de votre retour d’expérience pour l’AO ?
DR – L’avantage de connaître les acteurs, les attentes, leur fonctionnement, bien sûr… Le retour d’expérience de Saint-Brieuc constitue évidemment un avantage, nous avons créé des liens forts avec les acteurs locaux.
Le contexte territorial, les échanges avec le Comité des pêches, les contraintes opérationnelles, sont aussi des expériences desquelles nous avons appris. Le travail mené et en cours avec la Région Bretagne est forcément un atout pour se préparer au futur appel d’offre en Bretagne Sud.
En outre, les appels d’offres à venir seront différents des précédents, notamment sur la concertation pour définir une zone consensuelle pour les projets éoliens en mer. Pour les pêcheurs cette concertation préalable devrait également leur permettre de mieux partager leur contraintes.
Les échanges au sein de la commission spécialisée des activités maritimes s’ajoutent au travail des Commissions particulières de débat public. Cela doit permettre de préciser l’ensemble des contraintes et de les consolider. Ainsi, le travail de cartographie entrepris dans le cadre de la CPDP pour le projet Normandie permettra de partager et sensibiliser sur les obstacles éventuels et de faciliter les échanges.
Bien entendu, nous avons également notre propre cartographie, nous avons en effet déjà commencé des études de notre côté, à la fois sur les possibilités des vents, la bathymétrie, mais aussi sur la qualité des sous-sol (géotechnique).
Qu’est-ce que vous pensez du solaire flottant ?
DR – En France, nous avons plusieurs projets de solaire flottant en cours de développement. Mais sur des zones sécurisées, comme d’anciennes carrières. Il y a certes un énorme potentiel, mais il faut que ce soit avec des coûts très compétitifs. Or, en mer, la technologie doit encore être adaptée pour les futurs développements.
Collaborez-vous avec les milieux académiques ?
DR – Nous disposons de plusieurs partenariats, mais en tant que développeurs, nous nous attachons surtout aux thématiques liées aux milieux marins et aux impacts des activités offshore sur ces milieux. Nous sommes donc moins orientés vers les technologies, qui reviennent aux de structures et de machines et aux futurs exploitants. Nous avons notamment travaillé avec l’université de Caen et avec l’Ensta Bretagne. Ce ne sont pas forcément des thèses car une thèse dure trois ans, alors qu’un suivi environnemental commence avant la construction, puis continue pendant la construction et l’exploitation. La contrainte de temps n’est donc pas la même entre le milieu académique et le milieu industriel.
Votre opinion sur le financement participatif pour l’éolien offshore ?
DR – RES regarde bien entendu ce financement, puisque nous y avons recours pour les projets terrestres depuis longtemps. La première expérience de financement participatif en Méditerranée a été un franc succès. Cela permet de rassembler un territoire. C’est aussi un bon indicateur du travail de fond mené sur un projet.
Points de repère
Mardi 10/03/2020 – Iberdrola, qui possédait déjà 70% du capital du consortium, a racheté les 30% de parts restantes à Avel Vor (RES – Renewable Energy Systems et Banque des Territoires – Groupe Caisse des Dépôts), après avoir reçu le feu vert du ministre de l’Économie et des Finances français.
Samedi 07/03/2020 – Il convient d’« inverser la polarité » déclare Francis Beaucire président de la Commission Particulière de Débat Public de Normandie
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