France – Vendredi 08/02/2019 – energiesdelamer.eu. Le ministre de la Transition écologique et solidaire (MTES), François de Rugy, a entrouvert une porte à une révision de la copie sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), jeudi 7 février, en introduction de la deuxième journée du XXe colloque du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

 

Notamment interpellé par Jean-Louis Bal, le président du SER, sur le sujet de l’éolien flottant et de l’hydrolien, le ministre a concédé « que nous pouvons évoluer sur certains points ; la concertation en cours peut servir comme plate-forme à ajuster les choses. »

 

 

Néanmoins, il a ajouté qu’«on ne peut pas se disperser à l’infini, surtout s’il y a un coût, cela entraînera un impact sur le budget. On l’a vu avec l’éolien offshore, si c’est trop cher, la tentation est de tout arrêter, a-t-il insisté, et cette tentation a existé.»

 

« Tout mettre sur le budget du Ministère de la transition énergétique et solidaire a ses limites », a-t-il martelé.

 

 

rugy colloque ser

 

 

Cependant, F. de Rugy a indiqué que si « les coûts sont maîtrisés » et « si cette tendance est affirmée, on pourrait revoir les volumes » contenus actuellement dans la PPE.

 

Et le ministre de conclure : « le propre d’un syndicat (lire, le SER, ndlr) est de porter beaucoup de revendications, mais nous ne pouvons pas répondre à toutes, même si sur certains points, j’y suis prêt et nous y travaillons ensemble. » (photo  SER)

 

Le SER toujours vent debout

 

Un discours qui n’a pas totalement convaincu ses interlocuteurs du SER, qui accueillaient une conférence de presse en mi-journée, même si, a souligné Jean-Louis Bal, la réponse du ministre montre une ouverture sur l’éolien en mer. Jean-Louis Bal, était accompagné par Bruno Bensasson, PDG d’EDF Renouvelables, vice-président du SER, Xavier Daval, CEO de kiloWattsol, responsable de la commission solaire, et Cyril Le Picard, pour la commission bioénergies.

 

Jean-Louis Bal a rappelé que la PPE souhaitée par le SER pour l’éolien posé et flottant était de 1 000 MW/an, alors qu’actuellement la PPE tourne autourJean Louis Bal 0046 ret de 600 MW/an avec des années blanches (cf. article du 25 janvier PPE, le retour… Toujours un peu mou sur les énergies marines – Décryptage).

 

Et de rappeler qu’avec les six parcs déjà engagés lors des deux premiers appels d’offres, cela représente pour la filière un potentiel d’emplois d’environ 15000 personnes. En outre, avec Dunkerque, « et je ne suis pas dans le secret des dossiers, a insisté le président du SER, on va tutoyer les prix du marché, et le tarif cible indiqué dans la PPE est de 70€/MWh. Il n’y a donc pas de raison de restreindre le volume sur l’éolien posé ! »

 

Le flottant est à un niveau d’émergence certes, « mais il va suivre la même courbe de progrès que le posé, martèle J-L. Bal, et on a besoin des volumes des appels d’offre et de prix cibles », sans attendre que la technologie se développe… au risque que l’avance actuelle de la France en la matière soit récupérée par d’autres à l’international…

 

Claude Turmes EDM SER 07 02 019

Un plaidoyer en faveur de l’offshore repris dans la matinée par Claude Turmes, ancien député européen et actuel ministre de l’énergie et de l’Aménagement du Territoire du Luxembourg. Ce dernier a en effet indiqué que « la France passe à côté d’un véritablement développement du territoire » avec le projet actuel de PPE en la matière. Et lui-même de signaler qu’il va se concerter avec ses homologues du Benelux pour que le Luxembourg, sans façade côtière, puisse s’inscrire dans des projets en mer du Nord quand même. Des projets en mer du Nord, qui, grâce à une planification ambitieuse en matière de raccordement (lire réseaux, ndlr), pourraient permettre d’atteindre les 100 GW à 150 GW à terme via des éoliennes en mer. Et d’ajouter, avec le solaire, la deuxième grande bataille, ça va être l’éolien offhsore, face à la Chine, peut-être au Japon, aux USA et la PPE française avec 500 mW par an, ne va « nulle part » !

Cela condamne la France à ne pas être un acteur ! 

 

 

C’est également ce que révèle le Rapport annuel de WindEurope paru hier, avec une « Europe qui a installé 2 649 MW de nouvelles capacités éoliennes en mer en 2018, mentionnant au passage que « les éoliennes en mer sont devenues moins cher que le nouveau nucléaire » 

 

EDM 08 02 019

 

Bruno Bensasson, président d’EDF EN, futur opérateur de trois parcs éoliens en mer de Saint-Nazaire, Courseulles sur Mer et Fécamp, remportés lors des deux premiers appels d’offres, a signalé de son côté que les décisions sur les recours sont toujours en attente d’une décision du Conseil d’Etat… mais a-t-il révélé, « les dates sont programmées ». Et l’on apprend aujourd’hui de Claude Delhaye, notre correspondant dans les Pays de la Loire qui participait à une réunion organisée par le Weamec, que le Rapporteur public aurait rendu son mémoire vendredi dernier au Conseil d’Etat.

 

 

Les hydroliennes

 

Par ailleurs, Jean-Louis Bal a, à nouveau signalé que l’hydrolien était à peine mentionné et que rien ne garantit que le soutien sur les fermes pilotes d’hydroliennes va être prolongé … Alors même que la Sabella D10 est à nouveau à l’eau dans le Fromveur et produit de l’électricité pour l’Ile de Ouessant, et que HydroQuest va bientôt installer à Paimpol Bréhat chez EDF fin avril – début mai, sa première hydrolienne maritime « HydroQuest Ocean » fabriquée chez CMN.

 

Sans oublier qu’HydroQuest-Hydrowatt, ont implanté un parc de quatre hydroliennes fluviales sur le Rhône à Caluire qui sont raccordées au réseau ENEDIS depuis 14 décembre 2018.

 

Alors, oui, il faut que cette capacité de démonstration perdure et « en 2023, on verra s’il faut inscrire un objectif énergétique commercial pour l’hydrolien », a conclu le président du SER.


Publicités Google :