France – 11/02/2022 – energiesdelamer.eu. Avec l’appui de ses Etats membres et du secteur privé, l’UNESCO a annoncé qu’au moins 80% des fonds marins seront cartographiés d’ici 2030, contre 20% actuellement.
« Comment réussir à protéger l’océan quand on le méconnait autant ? Seuls 20% des fonds-marins sont cartographiés. Nous devons aller plus loin et mobiliser la communauté internationale pour qu’au moins 80% des fonds marins soient cartographiés d’ici 2030. », a déclaré jeudi Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, qui a lancé la Décennie des sciences océaniques en 2021.
Connaître la profondeur et les reliefs des fonds marins est essentiel pour comprendre l’emplacement des failles océaniques, le fonctionnement des courants océaniques et des marées, comme celui du transport des sédiments. Ces données contribuent à protéger les populations en anticipant les risques sismiques et les tsunamis, à recenser les sites naturels qu’il convient de sauvegarder, à identifier les ressources halieutiques pour une exploitation durable, à planifier la construction des infrastructures en mer, ou encore à réagir efficacement aux catastrophes à l’image des marées noires, des accidents aériens ou des naufrages. Elles ont aussi un rôle majeur pour évaluer les effets futurs du dérèglement climatique, qu’il s’agisse des augmentations de température ou de l’élévation du niveau de la mer.
Des avancées considérables depuis 2017
En 2017, l’UNESCO et la Nippon Foundation, la plus grande fondation privée du Japon, ont uni leurs forces pour lancer le programme « Seabed 2030 ». Il coordonne depuis le déploiement des sonars et rassemble toutes les données recueillies. Ce programme a notamment permis de convaincre de nombreux États de partager les données en leur possession portant sur les fonds marins proches de leurs côtes. Les premiers résultats de ce programme sont tangibles : il y a 5 ans, au moment du lancement de Seabed 2030, seuls 6% des fonds marins étaient cartographiés selon les standards modernes, nous en sommes aujourd’hui à 20%.
Il est d’autant plus possible d’accélérer la cartographie des fonds marins que des innovations récentes ont amélioré l’efficacité des outils technologiques. Si les sonars sont utilisés depuis les années 1960 pour balayer les fonds marins, ceux-ci sont désormais multifaisceaux, c’est-à-dire qu’ils peuvent mesurer la hauteur d’eau en plusieurs points et dans plusieurs directions à la fois, ce qui représente un formidable gain de temps. Surtout, alors qu’ils étaient jusqu’à présent fixés sur des navires avec équipage, les scientifiques sont désormais en capacité de les piloter à distance sur des navires autonomes – sur le même principe que les drones aériens. Cette solution ouvre la possibilité de cartographier les fonds bien au-delà des routes habituelles de navigation. Elle a aussi l’avantage d’être plus abordable sur un plan financier.
Un objectif assorti d’un plan d’action
A l’occasion du One Ocean Summit, Audrey Azoulay appelle à amplifier la dynamique, par la mobilisation des 150 États membres de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO mais aussi du secteur privé. Les experts de la COI ont d’ores et déjà évalué les moyens qui sont nécessaires à l’atteinte de cet objectif d’au moins 80% à horizon 2030. Ils reposent sur trois axes :
- La mobilisation d’une flotte de 50 navires spécialement dédiée à la cartographie des fonds marins.
- L’intensification du recours au sonar sur navire autonome.
- La transmission par les gouvernements et par les entreprises des données cartographiques qu’ils ont déjà en main mais qu’ils conservent archivées.
Selon les experts de la COI, le besoin total de financement pour ce projet est de 5 milliards de dollars, soit une moyenne de 625 millions de dollars par an d’ici 2030.
« Nous allons mettre en place d’ici 2023 un outil de suivi mondial, qui permettra de rendre compte chaque année des progrès de la cartographie et d’identifier où se trouvent les lacunes restantes. Cette carte mondiale des fonds marins sera l’un des héritages de la Décennie des océans des Nations Unies », a expliqué Vladimir Ryabinin, adjoint à la Directrice générale de l’UNESCO en charge de la COI.
L’UNESCO et l’océan
L’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture est l’agence des Nations Unies en charge des sciences de l’océan. La Commission océanographique intergouvernementale (IOC) de l’UNESCO, fondée en 1960 et rejointe par 150 pays, coordonne des programmes mondiaux tels que la cartographie de l’océan, le suivi de la santé de l’océan et la prévention des risques de tsunami, ainsi que de nombreux projets de recherche scientifique. L’agence est également la gardienne de lieux océaniques uniques, à travers 232 réserves de biosphère marine et 50 sites marins du patrimoine mondial d’une valeur universelle exceptionnelle.
L’UNESCO dirige la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, de 2021 à 2030, qui se traduit cette année par l’organisation de plusieurs grands sommets internationaux qui participent à amplifier la mobilisation collective dans ce domaine.
POINTS DE REPÈRE
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